Un témoin abonde dans le sens d'une manipulation de la Société générale au procès Kerviel
PARIS (AP) — La Société générale a rendu "un immense service à la place financière de Paris" en imputant à Jérôme Kerviel des pertes en réalité liées à la crise des subprimes, a affirmé jeudi un témoin devant la cour d'appel de Paris chargée de rejuger l'ancien trader.
"En transformant l'étiquette subprimes par l'étiquette Kerviel", la banque "a rendu un immense service à la place financière de Paris", a déclaré à la barre Jacques Werren, ancien directeur général adjoint du Marché à terme des instruments financiers (MATIF). "On a dû certainement estimer qu'avoir créé les conditions qui évitent d'annoncer des pertes pareilles, forcément avec une retombée extrêmement redoutable sur les marchés, c'est une opération dont on doit se féliciter".
L'affaire a été révélée en janvier 2008 et, selon lui, il était alors "impossible d'annoncer officiellement qu'on a cinq milliards d'euros de pertes, sauf à provoquer un tsunami". Ainsi, "on a mis en place une opération au niveau le plus élevé de la banque pour transformer ces pertes", a ajouté M. Werren, un témoin appelé à la barre par la défense de Jérôme Kerviel, accusé d'avoir fait perdre à la Société générale 4,9 milliards d'euros.
Admettre que ces pertes sont celles d'un opérateur, "c'est grave, mais la gravité de cet aveu n'a rien à voir avec celle d'une annonce sur les subprimes", a-t-il observé. "On l'a fait, pas seulement pour défendre la banque, pas seulement pour défendre la place, on l'a fait pour la bonne cause".
Face à ce témoin qui va dans le sens de la supposée manipulation qu'il tente de démontrer depuis quelques jours, l'avocat de Jérôme Kerviel, Me David Koubbi, se félicite: "les moments de clarté chez les témoins sont assez rares". Reste que Jacques Werren n'a donné aucun argument en faveur d'une telle opération. AP
ir/sb
(AP / 21.06.2012 14h06) Romandie news