Vers la suppression du droit de grève par l’Union européenne ?

Publié le par sceptix


mercredi 13 octobre 2010
par Jean-Yves CREVEL - Decapactu
Ce dont rêvent, de moins en moins discrètement, beaucoup de membres du gouvernement, le PDG de Ryanair le réclame directement à la puissance occupante, la Commission européenne, sans mâcher ses mots. Il exige de voir réformer les services de contrôle aérien (entre autres) ainsi :


-  retirer le "droit de grève" pour les services essentiels tels que les services de contrôle aérien,

-  licencier le personnel des services de contrôle aérien qui participe à des grèves illégales (de la même manière que Ronald Reagan a limogé et remplacé le personnel des services de contrôle aérien aux États-Unis dans les années 1980),

-  déréglementer les services nationaux de contrôle aérien en Europe pour permettre au personnel non-gréviste de garder le ciel ouvert en Belgique, France et en Espagne tandis que leur personnel surpayé et laxiste se met en grève, encore et encore.

-  réformer la législation EU261 sur les droits des passagers pour soulager les compagnies aériennes des compensations et obligations dans des cas de force majeure qui sont clairement indépendants du contrôle des compagnies aériennes."

Les arguments du patron de Ryanair :

"Il est temps que le « droit de grève » au sein des services de contrôle aérien soit supprimé de même qu’il l’est pour d’autres services essentiels comme la police et les pompiers. Si ces gens ne veulent pas travailler, alors il suffit de les remplacer par des contrôleurs militaires ou autres qui souhaitent travailler.

La Commission européenne doit agir maintenant pour mettre fin à ce chaos des services de contrôle aérien. Combien de fois encore les compagnies aériennes européennes et leurs passagers seront perturbés par des fermetures inutiles de l’espace aérien, des grèves et ralentissement du travail avant que la Commission Européenne prenne finalement des mesures ?

Les grévistes français des services de contrôle aérien sont l’équivalent moderne de bandits de grand chemin. Ils ne se soucient pas des consommateurs, ils ne se soucient pas des passagers, ils se mettent sans cesse en grève car ils savent qu’ils ont le pouvoir de fermer le ciel européen et de tenir les gouvernements de l’UE et les passagers en otage.

Il est ridicule que les services de contrôle aérien belges, français et espagnols soient autorisés à plusieurs reprises de faire grève sans aucune pénalité financière, tandis que les compagnies aériennes soient tenues par des obligations et règles de compensations pour les passagers et absorbent les coûts de ces perturbations inutiles."

Et de sérieux atouts

Contrairement aux peuples qui n’ont que le droit de la fermer, Michael O’Leary a de sérieux atouts pour se faire entendre de la Commission européenne :

-  il est à la tête d’une fortune estimée à plusieurs centaines de millions d’euros.

-  En 2004, il a acheté une licence de taxi pour sa Mercedes-Benz afin d’utiliser les voies de bus dans Dublin.

-  Ryanair contourne le droit social belge et applique le droit irlandais.

-  Les conditions de travail de la compagnie aérienne sont déplorables.

-  Les droits syndicaux des salariés de Ryanair ne sont pas respectés, etc...

"Nous avons besoin d’une récession"

C’est ce qui ressort des propos de ce monsieur, érigé en modèle par le magazine Fortune qui l’a nommé "homme d’affaires européen de l’année" :

"Nous avons besoin d’une récession. Nous avons eu 10 ans de croissance. Une récession nous débarrasse des compagnies aériennes déficitaires, ce qui signifie que nous pourrons acheter des avions moins chers." Novembre 2008

"Dans les compagnies à bas coûts ; en classe affaires, tout sera gratuit - ce qui inclut les fellations." Conférence de presse, 2008

Ainsi, on comprend mieux pourquoi sont mis en œuvres de folles politiques aboutissant immanquablement à la destruction de l’économie. Ce n’est ni par incompétence, ni par hasard, c’est pour arranger les grandes et toutes petites affaires de personnages comme Michael 0’Leary.


Reproduction libre en citant le lien : Decapactu 552

 

Post-scriptum :

Notes :

Aux termes de l’article 155, paragraphe 1, du TFUE, le dialogue entre les partenaires sociaux au niveau de l’Union peut conduire, si ces derniers le souhaitent, à des relations conventionnelles, y compris des accords. Les partenaires sociaux peuvent, conformément à l’article 155, paragraphe 2, du TFUE, demander conjointement que les accords qu’ils concluent au niveau de l’Union dans les matières relevant de l’article 153 du TFUE soient mis en oeuvre par une décision du Conseil sur proposition de la Commission.


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