Wikileaks: Rome nie craindre un complot
Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini déclare ne pas craindre "un complot" mais se dit "préoccupé" par la publication imminente de fuites sur le site Wikileaks, qui viendraient s'ajouter à d'autres éléments pouvant ternir, à son avis, l'image de l'Italie.
"Il n'y a aucun complot, personne n'en a jamais parlé, mais je suis préoccupé par la combinaison de facteurs distincts les uns des autres qui une fois mis ensemble pourraient nuire à l'image de l'Italie et à notre intérêt national", note M. Frattini dans un entretien dimanche au Corriere della Sera. M. Frattini se dit particulièrement inquiet de possibles parallélismes entre ces fuites et l'annonce ces derniers jours en Italie d'une enquête pour corruption, fraude fiscale et blanchiment visant des filiales du géant italien de la défense Finmeccanica et l'autorité de l'aviation civile Enav.
Les médias "dépeignent Finmeccanica comme une entité qui créait des caisses noires, enfreignait la loi et les règles de la concurrence internationale, quand en réalité l'enquête concerne des individus dont les comportements doivent encore être contrôlés par la magistrature", déplore-t-il.
L'enquête du parquet de Rome vise une dizaine de personnes: Guido Pugliesi et Luigi Martini, les deux plus hauts dirigeants de l'Enav, Marina Grossi, présidente de la firme Selex, filiale de Finmeccanica et épouse du patron de Finmeccanica ainsi que deux autres dirigeants de Selex. Un ex-consultant de Finmeccanica, Lorenzo Cola, emprisonné pour une autre affaire, est touché par cette enquête ainsi qu'un comptable, un manager de Finmeccanica et un responsable de la firme Print System.
Disant "ne pas disposer" d'informations comme quoi les fuites de Wikileaks pourraient faire référence à Finmeccanica, M. Frattini note que "sur un marché extrêmement compétitif comme celui des systèmes d'armement et de la surveillance satellitaire, les concurrents internationaux profitent de tout ce qui peut discréditer le groupe le plus fort au monde dans ce domaine".
Rome, comme Washington, ne commentera pas les éléments concernant l'Italie dans les rapports confidentiels de la diplomatie américaine qui seront diffusés, car selon lui, "il s'agit d'une violation d'une loi, qui peut faire l'objet de poursuites pénales". Et il invite l'opposition de gauche et centriste à être "responsables" et à ne pas commenter ces informations au nom de "l'intérêt national".