Zbigniew Brzezinski : Quand le monde n’est qu’un échiquier, et nous des pions !

Publié le par Charlotte sceptix

 

 

 

 

Je vous propose dans cet article d’apprendre un jeu, un jeu de stratégie que certains chefs d’État affectionnent, ça vous tente?

L’un des maîtres reconnu de ce jeu est Zbigniew Brzezinski
Qui est-t-il? Affectueusement surnommé Zbig Brzezinski, il co-fonde en 1973, avec David Rockefeller, la commission Trilatérale, qu’il dirige jusqu’en 1976. De 1977 à 1981, il est conseiller à la sécurité nationale du Président des États-Unis Jimmy Carter. En 1988, il rompt complètement avec les Démocrates, en soutenant la candidature de George H. W. Bush, et devient l’un de ses conseillers à la sécurité nationale lors de la campagne. En « désaccord » avec les méthodes de la politique de l’administration Bush, il renoue par la suite avec les démocrates, et est nommé conseiller aux affaires étrangères par Barack Obama lors de sa campagne présidentielle.

Osama Bin Laden & Zbignew Brzezinski, conseiller aux affaires étrangères de Barrack Obama 

Maintenant qu’il est établi que Zbigniew Brzezinski n’est pas un farfelu anonyme, mais un homme au cœur du pouvoir. Tentons de cerner sa vision du monde, les stratégies de jeu qui en découlent pour le bien-être des États-Unis, et d’évaluer, en cour d’analyse, à quel point il a pu influencer les dirigeants de ce monde.

Sa vision du monde (Science sans conscience, n’est que ruine de l’âme)
Après avoir rompu avec l’administration Bush, il renoue avec les démocrates en soutenant Obama pour les élections présidentielles : Brezinski devient, en effet, un critique important de la « guerre contre la terreur » menée par celle-ci, basée en partie sur la théorie du choc des civilisations. « Bien! » se dit on, et bien non! Ce n’est pas par altruisme qu’il s’y oppose : en effet, il estimait leurs méthodes contre productives; En 2003, dans son livre « Le vrai choix », il critique ouvertement la politique des néo-conservateurs fondée sur l’utilisation du « choc des civilisations » car elle manque de finesse : se transformer en gendarme du monde est le meilleur moyen, en effet, pour se faire détester. Au pouvoir militaire direct, il préfère opter pour une stratégie d’influence  ou le concept de « choc des civilisations » est utilisée de manière plus intelligente : La cooptation sélective des élites européennes pour fabriquer un occident conservant sa prédominance à l’échelle mondiale, avec à l’intérieur une sphère d’influence « anglo-saxonne » prédominante (oui, vous avez bien lu ! Merci de respecter nos démocraties et leur indépendance!).

En 1995, Zbigniew Brzezinski utilise pour la première fois le fameux concept de « tittytainment », pendant la conclusion du premier « State Of The World Forum » à San Francisco : L’objet de la rencontre était de déterminer l’état du monde, de suggérer des objectifs, proposer des principes d’activité pour les atteindre, et d’établir des politiques globales pour obtenir sa mise en œuvre. Les quelques VIP réunis étaient entre autre Mikhaïl Gorbatchev, George Bush, Margaret Thatcher, Vaclav Havel, Bill Gates, Ted Turner… Ils sont arrivés à la conclusion que l’arrivée de la dénommée Société 20/80 était inévitable, c’est à dire une société dans laquelle le travail de 20% de la population mondiale sera suffisant pour soutenir la totalité de l’appareil économique de la planète. 80% de la population restante ainsi s’avérera superflue, ne disposera pas de travail, ni d’occasions d’aucun type, et nourrira une frustration croissante. Brzezinski a donc proposé le tittytainment pour favoriser le maintien de la paix face à une masse mécontente : un mélange d’aliments physiques et psychologiques qui endormirait les masses et contrôlerait leurs frustrations et leurs protestations prévisibles. Il explique l’origine du terme comme une combinaison des mots anglais « tit » (« sein » en anglais) et « entertainment » qui fait allusion à l’effet endormant et léthargique que l’allaitement maternel produit chez le bébé quand il boit.Voila une belle réinvention de la formule romaine : du pain et des jeux ! Petite aparté culture gé. : Juvénal l’avait écrite pour évoquer les besoins fondamentaux du peuple alors dans la misère. Les consuls et empereurs ont organisé des distributions de farines gratuite, faisant des boulangers des fonctionnaires, ainsi que des jeux divertissants afin d’éviter les émeutes et révoltes. Le peuple romain c’est alors peu à peu transformé en une société dépendante du gouvernement pour satisfaire ses besoins quotidiens. Nous connaissons la suite de l’histoire.

Les stratégies proposées (attention, âmes sensibles s’abstenir! )
Zbigniew Brzezinski nous donne l’opportunité, par diverses « œuvres » de déterminer les impératifs qui devraient être respectés selon lui pour mener à bien le jeu. Parmi ses écrits, je vous propose de nous pencher sur « Chessboard : American Primacy and Its Geostrategic Imperatives », écrit en 1997, « Le Grand Échiquier : l’Amérique et le reste du monde » en Français (je trouve le titre américain tellement plus explicite). Apprenons les règles du

jeu !

Dans l’inspiration de ce livre, on retrouve d’abord un idéalisme très américain : les USA ont le droit et le devoir d’assurer la paix dans le monde, car c’est la première fois dans l’histoire des civilisations qu’un État est en position de suprématie totale. En effet, jusqu’ici la suprématie d’un État (empire romain, par exemple) ne s’exerçait que dans une région du monde, elle n’a jamais été globale. Depuis l’effondrement du bloc soviétique, les États-Unis ont acquis cette suprématie, mais celle-ci ne peut pas durer indéfiniment. Le pragmatisme fini donc par dépasser l’idéalisme : l’un des objectifs de ce livre peut être résumé par cette phrase :

« Puisque la puissance sans précédent des États-Unis est vouée à décliner au fil des ans, la priorité géostratégique est donc de gérer l’émergence de nouvelles puissances mondiales de façon à ce qu’elles ne mettent pas en péril la suprématie américaine.»
Voila qui est dit, par l’actuel conseiller spécial pour la politique étrangère d’Obama !

Les puissances émergentes sont, d’après Brzezinski, l’Europe de l’ouest, la Russie, les Balkans asiatiques (les pays du Caucase, les républiques musulmanes détachées de l’ex-URSS, l’Ukraine), l’Asie (Chine, Japon, Inde). Les relations et intérêts des USA sont donc passés en revue dans chacune de ces zones.

« Si l’on souhaite élaborer les règles d’action géostratégiques de l’Amérique [...] deux étapes sont nécessaires pour ce faire : en premier lieu identifier les États possédant une réelle dynamique géostratégique et capables de susciter un bouleversement important dans la distribution internationale du pouvoir.[...] En second lieu formuler des politiques spécifiques pour contrebalancer les effets néfastes des politiques initiées par ces États ; définir les moyens de les associer ou de les contrôler, de façon à préserver et à promouvoir les intérêts vitaux des États-Unis; élaborer une réflexion stratégique globale qui intègre et harmonise, à l’échelle planétaire, les diverses politiques régionales des Etats-Unis. »

Une partie de ce livre est consacrée à l’Europe
« Quel type d’unité européenne a les faveurs de l’Amérique et comment l’encourager ? ».
Brezinsky déclare d’abord comme une évidence « à l’ouest [de l'Eurasie], l’Amérique exerce directement son pouvoir», d’ailleurs il poursuit : « l’Europe deviendrait, à terme, un des piliers vitaux d’une grande structure de sécurité et de coopération, placée sous l’égide américaine et s’étendant à toute l’Eurasie. [...] Si l’Europe s’élargissait, cela accroîtrait automatiquement l’influence directe des États-Unis. »
Il reconnait que la France avait (à l’époque du moins!), un projet politique tendant à l’indépendance de l’Europe vis à vis des des États-Unis, sans toutefois s’en inquiéter  : « La France n’est assez forte ni pour faire obstacle aux objectifs géostratégiques fondamentaux de l’Amérique en Europe, ni pour construire une Europe à ses vues. De ce fait, ses particularismes et même ses emportements peuvent être tolérés. »

Selon Brzezinski, les Etats-Unis ne doivent surtout pas choisir entre la France et l’Allemagne : Il s’agit d’utiliser la France pour maintenir l’Allemagne dans la sphère d’influence de l’ouest, et d’instrumentaliser la Grande Bretagne pour verrouiller la France.
Il explique qu’ainsi, en gérant les élites allemandes, cela permet d’enclaver les élites russes, et que sous ces conditions, des liens germano-russes peuvent être tolérés.
Petite pensée pour les accords de défense franco-britannique signés le 2 novembre 2010…

Brzezinski estime par la suite, qu’il ne faut pas hésiter à encourager l’Europe à s’agrandir :

« l’Élargissement de l’Europe et de l’OTAN serviront les objectifs aussi bien à court terme qu’à plus long terme de la politique américaine. Une Europe plus vaste permettrait d’accroître la portée de l’influence américaine – et, avec l’admission de nouveaux membres venus d’Europe centrale, multiplierait le nombre d’États pro-américains au sein des conseils européens – sans pour autant créer une Europe assez intégrée politiquement pour pouvoir concurrencer les États-Unis dans les régions importantes pour eux, comme le Moyen-Orient. »
C’est merveilleux, en 1997, Zbig avait déjà prévu quels seraient les États qui rejoindraient l’Union.

Une autre partie du livre est consacrée à la sphère moyen-orientale
Je vous propose de voir la conférence menée par Michael C. Ruppert pendant laquelle, il nous fait partager son analyse passionnante et sidérante du livre de Brzezinski

 

 

 

Ce livre écrit en 1997 n’a visiblement pas vieilli après presque 15 ans; nous pouvons même être perturbé devant son redoutable réalisme aux vues des événements qui ont pu se produire dans le monde ces dernières années. Je me suis tout de même posée une question : n’est-ce pas imprudent d’écrire ainsi, aussi ouvertement, les objectifs et stratégies à suivre par les États-Unis? Ça me semblait incohérent et peut-être vous posez vous la même question! La réponse est venue de Brzezinski lui-même ! Lors d’une interview cette question lui a été posée : Mais selon Zebig, ce n’était pas dangereux tout bonnement parce que les américains ne lisent pas ! (Oui, oui, le peuple est inculte…) Toutefois nul homme est infaillible : dernièrement nous assistons à un retournement de situation intéressant, lors d’une intervention au Council on Foreign Relations pendant laquelle il s’inquiète de l’émergence des consciences politiques des masses !

 

 

Lors du projet pour un nouveau siècle américain en septembre 2000, un groupe de réflexion néo-conservateur (dont Dick cheney, Donald Rumsfeld, John Ellis Bush, Paul Wolfowitz…) publient un rapport intitulé « Reconstruire les défenses de l’Amérique » dans ce rapport il est noté : « le processus de transformation même s’il apporte un changement révolutionnaire sera probablement long sans la survenue d un événement catastrophique catalyseur comme un nouveau pearl harbor ».
Pour rappel, dans les dernières pages du livre publié en 1997, Brzezinski a écrit :« De plus, l’Amérique devenant une société de plus en plus multi-culturelle, il risque d’être difficile de façonner un consensus en matière de politique internationale sauf dans le cas de la perception d’une menace  extérieure directe et massive ».

 


 

Je vous invite à visiter les diverses pages du blog Lo Sai, si ces dernières lignes, et la vidéo n’éveillent rien en vous. Sans affirmer quoi que ce soit, je me pose quand même des questions.

Alors, maintenant que vous connaissez les règles du jeu, ça vous dit de jouer ?

- Céline

Source : LoSai

 

 

Sympathique le Z Big Non ? Voici quelques précisions sur les relations entre "la grande christine" (Lagarde) future "directeur général du FMI"(avec la bénédiction d'Aubry) et ce cher Brzezinski :

Un extrait de :

Qui est Christine Lagarde ?

Bien que cela ne figure pas sur sa biographie officielle, Madame Lagarde militait aux États-Unis au Center for Strategic & International Studies (CSIS) [3]. Au sein de ce think tank, elle co-présidait avec Zbigniew Brzezinski [4] la commission Action USA/UE/Pologne et suivait plus particulièrement le groupe de travail Industries de défense USA-Pologne (1995-2002) et les questions liées à la libéralisation des échanges polonais. Or, dans ces instances, elle représentait les intérêts états-uniens contre ceux du Commerce extérieur français dont elle est aujourd’hui la ministre [5]. En sa qualité d’avocate du cabinet Baker & McKenzie, elle poussait plus particulièrement les intérêts de Boeing et Lockheed-Martin contre ceux d’Airbus et de Dassault.

En 2003, Christine Lagarde est également devenue membre, toujours au sein du CSIS, de la Commission pour l’élargissement de la communauté euro-atlantique aux côtés de son ami Brzezinki et de diverses personnalités dont l’ancien directeur de l’OMC Renato Ruggiero et l’ancien ambassadeur spécial pour la restitution des biens religieux en Europe centrale, Stuart Eizenstat. Cette commission s’est occupée des investissements possibles en Pologne, Slovaquie, Lettonie, Roumanie, République tchèque et Hongrie.

Au sein de chacune de ces diverses commission, un homme jouait un rôle central : Bruce P. Jackson, fondateur du Comité états-unien pour l’expansion de l’OTAN (US Committee for Expand NATO). Il représentait les intérêts de l’avionneur Lockheed Martin, dont il avait été vice-président. C’est au travers des relations nouées dans les commissions présidées par Christine Lagarde que M. Jackson monta le contrat du siècle : la vente, en avril 2003, de 48 chasseurs F-16 Lockheed-Martin à la Pologne pour 3,5 milliards de dollars. Cette transaction provoqua la consternation en Europe dans la mesure où le gouvernement polonais payait cette commande avec les fonds de l’Union européenne destinés à préserver son secteur agricole.

Ce contrat était disproportionné par rapport aux besoins réels de la Pologne. En outre, la logique eut voulu que Varsovie s’équipe de Mirage 2000-5 MK2 Dassault ou de Jas-39 Saab en entrant dans l’Union.

Cependant, ce contrat était indissociable de l’engagement de la Pologne dans la colonisation de l’Irak aux cotés des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Australie. M. Jackson était d’ailleurs le principal bailleur de fonds du Comité pour la libération de l’Irak (Committee for the Liberation of Iraq) [6].

Dans la continuité de ce marché, la Commission euro-atlantique de Madame Lagarde se donna comme mission « d’assister les entreprises polonaises pour améliorer leur capacité à devenir sous-traitants d’entreprises (notamment états-uniennes) qui ont remporté des marchés en Irak et en Afghanistan, et aussi pour la modernisation du système de défense polonais » [7].

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article