Révolution grace au web ?

Publié le par sceptix

http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=78588

WEB 2.0 •  Peut-on parler de révolution ?

 

A l'occasion de la sortie du nouveau hors-série de Courrier international, Claude Leblanc, rédacteur en chef adjoint, répond aux questions des internautes.

 

villegagnons : Le web 2 est mort depuis un mois environ, on en est au web 3 !

Claude Leblanc : Pour les geeks, nous en sommes au web 3, voire au web 4. J'ajouterai qu'actuellement même chez ceux qui "pensent" le web de demain, la définition de ce qu'est le web 3.0 n'est pas encore bien claire. Pour certains, cela désigne la troisième décade du web 2010-2020. D'autres parlent du web sémantique comme étant le 3.0. On verra. Je ne suis pas devin, mais il est vrai que depuis son avènement le web se développe progressivement grâce aux contributions de plus en plus importantes des internautes eux-mêmes. Je crois que le web 3.0, c'est l'utilisation intelligente et ordonnée de ces contributions que l'on voit s'étendre avec le web 2.0.

pessimiste : Avec les outils du web 2.0 à peu près tout le monde peut publier n'importe quoi. Le web 2.0, n'est-ce pas la pollution du web (1.0) ?

Claude Leblanc : A partir du moment où l'on donne la possibilité aux individus de publier, d'écrire, il y en a qui profitent de la situation pour faire n'importe quoi. Mais en définitive, je crois qu'il existe une certaine forme d'autorégulation sur le web, de telle façon que ce que vous appelez "pollution" finira par disparaître. Je suis optimiste. Je crois en l'intelligence des hommes. Ça me rappelle ce qui se passe au Japon avec les organisations d'extrême droite qui ont pour habitude de s'installer à des carrefours bondés et diffuser des messages extrémistes avec des gros haut-parleurs. Ils font beaucoup de bruit. Ils polluent. Mais au final, personne ne fait attention à eux. Ils sont là. Ils font du bruit. Mais ils n'ont pas d'influence. Je pense que sur le web, c'est un peu la même chose.

jcpac : La controverse autour de la véracité des infos publiées par Wikipedia peut-elle changer la donne ? Finalement, la prochaine révolution ne sera-t-elle pas une remise en cause du tout-participatif ?

Claude Leblanc : Dans la presse, il arrive aussi qu'on publie des informations fausses qui ne sont pas toujours corrigées par la suite. Sur Wikipedia, il y a effectivement des infos erronées, manipulées, mais elles sont souvent corrigées. Par exemple, après le quart de finale France-Nouvelle-Zélande perdu par les All Blacks, les supporters néo-zélandais en voulaient beaucoup à l'arbitre anglais. Dans les minutes qui ont suivi le coup de sifflet final, des personnes mal intentionnées ont modifié l'article consacré à l'arbitre anglais, l'accusant d'être un mauvais. Quelques minutes plus tard, l'article était corrigé et "mis sous protection". Voilà, je crois à l'autorégulation et je pense que Wikipedia et d'autres sites participatifs continueront à exister.

jcpac : Et le fait de mettre sur le même plan experts et internautes ?

Claude Leblanc : Un expert qu'est-ce que c'est ? C'est un individu qui dispose d'un savoir important sur un sujet. Parmi les internautes, il y a de nombreux individus qui disposent d'un grand savoir sur des sujets particuliers et qui ont envie de le partager avec les autres. Aussi je ne vois pas où est le problème. Si quelqu'un publie des infos erronées, celles-ci seront corrigées par un autre qui en sait un peu plus, et ainsi de suite. Il y a par ailleurs tout un système de validation de l'information qui est progressivement mis en place sur les sites participatifs.

marco : L'utilisateur roi n'est-il pas seulement un client potentiel ?

Claude Leblanc : Le client est roi. Il est vrai que les entreprises cherchent à vendre leurs produits et tous les moyens sont bons. Elles utilisent des blogueurs pour qu'ils promeuvent leurs produits, jouent avec le buzz pour promouvoir des artistes. A chacun de faire attention et à ne pas se laisser prendre par les "pièges" marketing imaginés par les entreprises.

cancerso : J'ai lu le témoignage d'un blogueur qui affirmait que si on n'existe pas sur Internet, alors on n'existe pas du tout. N'y aurait-il pas comme une phagocytation du monde réel par Internet ?

Claude Leblanc : Pour certains, Internet prend une importance considérable, au point qu'ils finissent par ne plus faire la différence entre le virtuel et le réel. Je vous renvoie vers le texte du philosophe Slavoj Zizek "Mais qui peut bien être mon moi numérique ?" que nous avons publié dans notre hors-série (p. 83).

 

 

 

Publié dans Les chiens de garde

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