FOOTBALL : Pour en finir avec le pillage de l'Afrique
Après des années de laxisme, les instances internationales entendent mettre un terme au trafic de joueurs entre le continent africain et l'Europe qui touche principalement les jeunes.
Il existe entre l'Europe et l'Afrique un véritable trafic de jeunes garçons séduits par une carrière de joueur de football. Ces pratiques scandaleuses devraient connaître un coup d'arrêt grâce à une série de mesures qui permettra de mettre en lumière le recrutement douteux de certains clubs au Royaume-Uni et en Europe. La FIFA interdit le transfert des joueurs de moins de 16 ans et, d'après la législation européenne, ces derniers doivent posséder un permis de travail avant leur arrivée. Or la Belgique, la France, l'Espagne et les Pays-Bas sont soupçonnés de ne pas être très regardants sur l'âge et les papiers des jeunes en provenance de leur ancienne colonie. En effet, une fois que les joueurs africains sont installés dans ces pays, ils peuvent être vendus pour des sommes faramineuses à des clubs du championnat anglais.
Sepp Blatter, le patron de la FIFA, a accusé les grands clubs européens d'avoir un comportement "méprisable" et de participer au "viol économique et social" de l'Afrique. "Comparés aux joueurs européens, ces gamins ne coûtent rien. On peut en envoyer cent – l'agent rentrera dans ses frais avec seulement un ou deux qui réussiront. Les 98 autres sombreront dans l'oubli", confirme le joueur sénégalais Moussa Ndiaye. La plupart des parents paient des milliers d'euros à des intermédiaires pour envoyer clandestinement leurs garçons en Europe. Pourtant, une fois arrivés là-bas, la majorité de ces jeunes issus des bidonvilles du Cameroun, du Ghana, du Nigeria, du Sénégal ou de la Côte-d'Ivoire se verront simplement rejetés par les clubs.
27 championnats prêts à signer
Pour les Australiens, le skate-board est une nouvelle façon d'établir des relations avec les Afghans. Oliver Percovich a vite compris que les Afghans étaient revenus de leurs illusions sur le mode de vie des expatriés, qui restent en vase clos. Il reconnaît que les mesures de sécurité ont enfermé beaucoup d'étrangers derrière des barrières, mais il se montre critique à leur encontre. En lançant le projet Skateistan, il a voulu être différent. Le projet a commencé petit, en offrant des cours de skate gratuits dans des espaces publics et avec un budget quasiment nul. Ces cours improvisés attirent une foule de curieux. Un terme d'argot local est même apparu pour désigner le skate-board : les enfants l'ont baptisé sikii, parce qu'il ressemble au ski – sans la neige. Parmi les membres de la première génération de skaters, certains sont devenus bénévoles de l'association et montrent leurs trucs aux nouveaux.
Le sénateur belge, Jean-Marie Dedecker, a reçu plusieurs menaces de mort après avoir enquêté sur 442 cas de trafic clandestin concernant des joueurs nigérians évoluant dans des équipes belges. "On m'a dit que si j'allais au Nigeria pour mon enquête, je serais un homme mort", raconte-t-il. Il a accusé les cadres sportifs et les hommes politiques de fermer les yeux sur ces pratiques. "Tout le monde est complice, les agents, les clubs, même les politiques qui ne veulent pas perdre leur loge privée pour assister aux matchs, poursuit-il. Personne ne veut s'attaquer à ce problème." Les dernières mesures visent à faire changer les mentalités.
"Nous devons veiller à l'éradication de ce trafic, indique Richard Caborn, ancien ministre de Tony Blair. Nous ne voulons pas que ce genre d'activité nuise à l'image du football." L'ex-ministre des Sports planche actuellement sur une convention à faire signer par 27 championnats européens, cet automne, afin d'instaurer des règles de bonne conduite et de mettre fin au trafic de jeunes joueurs africains vers l'Europe. L'organisation qu'il dirige, le Football, Social and Economic Forum, travaille en partenariat avec l'association des ligues européennes de football professionnel et s'appuiera sur les conclusions des enquêtes au sujet de ces trafics.
"Mon objectif est de rassembler le plus d'information possible sur ces trafics afin de pouvoir prendre des mesures concrètes", explique-t-il. "Je m'efforcerai d'obtenir le soutien politique des pays européens ainsi que de certaines organisations internationales comme l'UNESCO et les Nations unies. Souvenez-vous de la lutte contre le dopage dans le milieu sportif. Elle était menée par les institutions sportives, mais soutenue par l'UNESCO. Aujourd'hui, nous espérons faire de même pour le trafic de joueurs", assure-t-il.
Colin Brown,
The Independent(Londres)
