EDVIGE : Au tour des homosexuels

Publié le par sceptix


"L'orientation sexuelle n'est pas un choix", affiche italienne faisant actuellement une vive polémique.

Après l'association des paralysés de France (voir article précédent), c'est au tour des associations de défense des homosexuels d'entrer dans la bataille contre le fichier EDVIGE.


Vingt-quatre organisations de défense des droits des gays et lesbiennes et de lutte contre le sida ont saisi la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité à ce sujet. Ces associations mettent collectivement en avant les "risques de comportements discriminatoires qu'entraînerait la constitution de ce fichier" policier. (lemonde.fr)


En effet, on s'aperçoit de plus en plus qu'EDVIGE ne sert pas à ficher les personnes jugées "susceptibles de porter atteinte à l'ordre public" selon sa propre définition, mais bien toutes les formes de militantisme, même apolitiques. Être militant, même à un faible niveau, devient donc suspect.

Les associations de gays et lesbiennes, mais également les associations contre le SIDA sont visées de manières détournées.

Si le décret ne contient pas les expressions "santé" et "vie sexuelle", son article 2 précise que "le traitement peut, [à titre exceptionnel], enregistrer des données à caractère personnel de la nature de celles mentionnées à l'article 8 de la loi du 6 janvier 1978". Des données qui incluent l'origine ethnique, la santé et la vie sexuelle des individus fichés. Interrogé par le magazine Têtu, le porte-parole du ministère de l'intérieur, Gérard Gachet, a récemment justifié la collecte de ces informations en expliquant que "leur mention n'est autorisée que pour un besoin incident lié à une activité". Un argument qui laisse perplexe Alain Piriou, porte-parole de l'Inter-LGBT. "On peut être militant dans une association de défense des droits des homosexuels sans l'être soi-même", s'exclame-t-il. "Relier ainsi des éléments de la vie privée à un militantisme public, c'est complètement archaïque !" (lemonde.fr)


« Archaïque » est le mot. Alain Piriou poursuit :


"La génération qui m'a précédé s'est battue, dans les années 1970 et 1980, pour supprimer les fichiers d'homosexuels détenus dans les préfectures, et là on réintroduit dans un fichier de police la vie sexuelle comme critère. Cela va à contre-courant de quarante ans d'évolution du droit. C'est tout à fait insupportable", s'émeut Alain Piriou. (lemonde.fr)


Au travers de ce retour en arrière, la question que tout le monde se pose, c'est « pourquoi » ? En effet, le contraste entre la définition du fichier EDVIGE et son application est si important qu'il devient impossible d'en voir la relation, et ce à tout les niveaux.


"Les policiers eux-mêmes sont surpris, et se demandent à quoi cette mesure va leur servir", poursuit M. Piriou. (lemonde.fr)


Ce fichier ouvre la porte à une stigmatisation de la population et à toutes formes de discrimination. Cette logique de contrôle social exercé par l'État est aujourd'hui incontrôlée. Alors qu'en droit pénal, une infraction doit être précise, qu'entend-on aujourd'hui derrière le terme "d'atteinte à l'ordre public" ? (contrejournal.blogs.liberation.fr)


Et même dans le camp de la majorité, on commence à se poser des questions.


L'association GayLib, qui représente les homosexuels de l'UMP, a également exprimé son inquiétude eu égard à la collecte de ces données dites "sensibles". "Nous aimerions qu'on nous explique en quoi ces informations sont utiles à la préservation de l'ordre public et au maintien de la sûreté de l'Etat", explique un responsable de l'association. (lemonde.fr)


Le gouvernement ne semble pas se presser pour répondre. Mais il est vrai que la réponse ne doit pas être facile, si toutefois elle existe. Les risques, eux, sont largement connus : Confusion entre suspect et représentant de la société civile, imposition de la majorité pénale alors qu'elle n'est effective dans les tribunaux qu'à caractère exceptionnel, ignorance de la séparation des pouvoirs, négation de la présomption d'innocence et diverses possibilités de discriminations.

Et il serait faux de croire que cela ne concerne qu'une petite partie de la population.


A l'heure actuelle, environ 20 millions de personnes sont fichées. La majorité des Français n'en a pas conscience et estime qu'elle n'a rien à cacher, mais les dérives existent. (contrejournal.blogs.liberation.fr)

 



Les dérives comme le fameux fichier national automatisé des empreintes génétiques qui ne devait s'appliquer qu'aux délinquants sexuels et qui s'étend désormais même aux délits mineurs ; Ou comme le fait que des employeurs se renseignent auprès des RG pour s'informer sur leurs employés (à ce titre, EDVIGE est particulièrement dangereux) ; Ou encore que délinquants et victimes se retrouvent sur un même fichier comme c'est le cas du Système de Traitement des Infractions Constatées.

Alors, quels problèmes d'atteinte à l'ordre publique justifie de prendre de tels risques ? D'ailleurs, même la notion d'atteintes à l'ordre publique reste floue.


Ce fichier ouvre la porte à une stigmatisation de la population et à toutes formes de discrimination. Cette logique de contrôle social exercé par l'État est aujourd'hui incontrôlée. Alors qu'en droit pénal, une infraction doit être précise, qu'entend-on aujourd'hui derrière le terme "d'atteinte à l'ordre public" ? (contrejournal.blogs.liberation.fr)


De fait, en quoi des gens qui s'occupent de personnes paralysées ou qui soutiennent des personnes homosexuelles et/ou malades constituent le moindre trouble à l'ordre publique ? Quelle raison justifie de surveiller de manière de plus en plus anti-démocratique ces personnes qui ne font que donner de leur temps à d'autres ? En réalité il n'y a qu'une explication, le contrôle toujours plus oppressant de la population, « oppressant »d'autant plus qu'il réduit les libertés des citoyens sans avancer la moindre justification.

Les actions sont en cours pour essayer d'enrayer ce processus incompatible avec notre état de droit.


Sept syndicats ainsi que la Ligue des droits de l'homme ont en effet annoncé qu'ils déposeraient à la rentrée un recours devant le Conseil d'Etat pour obtenir l'annulation du décret gouvernemental. Une action à laquelle l'Inter-LGBT devrait se joindre dans les prochains jours. (lemonde.fr)


Pour soutenir cette action, n'oubliez pas d'aller signer la pétition pour l'abandon du fichier EDVIGE qui, depuis le 10 juillet, a déjà obtenu 42763 signatures, dont 310 d'organisations, collectifs, partis et syndicats.

Cette mobilisation extrêmement importante sera-t-elle entendue ?

 

 

Mise à jour 23/07/08 à 14h 11 :

 

Peut être une idée pour expliquer le soudain engouement de Sarkozy pour le fichage de tout citoyen découvert sur le blog de Sceptix :

 

 

C’est une banalité mais il est nécessaire de la rappeler alors que la "menace terroriste" continue à être invoquée pour réduire des libertés individuelles.

Les Etats-Unis et l’Union Européenne sont ainsi sur le point de parvenir à un accord qui pourra mettre les données personnelles de tous les citoyens européens à la disposition  des agences américaines impliquées dans la lutte contre le terrorisme. (panier-de-crabe.over-blog.com)

 

Echange de "bons" procédés entre l'état sarkozyste et son modèle américain ? Possible. C'est la seule réponse plausible actuellement.

 

En tout cas cela nous montre à quel point le recoupement d'informations est devenu le seul moyen, aujourd'hui, d'être correctement informé.

http://delademocratieenfrance.over-blog.com/
Blog que je découvre et dont je vous conseille la lecture des excellents articles de Darklord.

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