La grande braderie du Congo (RDC) se poursuit
La grande braderie du Congo (un des Etats africains les plus vastes, les plus peuplés et les plus riches en matières premières) se poursuit. A l’initiative de la Banque mondiale, s’est tenu à Kinshasa du 24 au 25 juin 2008, un séminaire regroupant les représentants du gouvernement, du comité de gestion de la SNEL (Société nationale d’électricité) et la délégation syndicale de cette entreprise.
Le premier jour des travaux, les représentants de la SNEL, le comité de gestion et la délégation syndicale étaient fermement opposés à la restructuration de l’entreprise et la journée s’est terminée sans aucune avancée majeure. Le jour suivant, coup de théâtre, sans aucune explication les représentants de la SNEL ont d’une même voix adhéré à la restructuration de leur entreprise. Ce revirement laisse croire à une opération de corruption de dernière minute, fréquente au Congo. Entreprise publique, créée en 1970, la SNEL, comme EDF en France, avait pour mission la production, le transport, la distribution et la commercialisation de l’électricité sur toute l’étendue de la République du Zaïre. A ce titre, toute l’infrastructure du réseau électrique de la RDC a été mise à sa disposition.
La Banque mondiale estime que la SNEL n’est pas rentable. La SNEL exporte, par la ligne Inga Kolwezi, l’électricité produite à Inga vers les réseaux interconnectés de l’Afrique australe : Luano (Zambie), Kariba nord (Zambie), Kariba Sud (Zimbabwe), Insukamini (Zimbabwe), Phokoje (Botswana) et Matimba (Afrique du sud).. Les recettes d’exportation en Afrique australe qui s’élèvent à plusieurs millions de dollars ne rentrent jamais dans les caisses de la SNEL. De plus, les autorités politiques opèrent régulièrement des ponctions dans les finances de la SNEL pour leur propre compte à tel point que l’entreprise est souvent obligée de recourir à des découverts bancaires pour payer le salaire de son personnel. Les créances de l’Etat congolais et des entreprises paraétatiques dues à leurs factures d’électricité s’élèvent à plus d’un milliard de dollars. La Banque mondiale a financé à plusieurs reprises la réhabilitation des centrales d’Inga. Tous ces financements ont été détournés avec la complicité des experts de cette institution qui venaient à Inga pour suivre l’exécution de ces projets
Mais le choix de la privatisation risque de coûter cher aux consommateurs locaux. L’électricité sera vendue par les entreprises privées à un prix inabordable pour la majorité de la population qui se trouve dans une situation d’extrême pauvreté. Elle prive en outre l'Etat congolais d'un moyen supplémentaire de lancer des projets de développement et défendre sa souveraineté et la souveraineté de l'Afrique. Le Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde consacre une analyse à ce sujet qui dénonce dans sa conclusion le poids de la dette lequel interdit au gouvernement d’investir dans les entreprises publiques (http://www.cadtm.org/spip.php?article3539).
Cette ONG publie en outre un article de Victor Nzuzi qui fait le bilan de « l’indépendance congolaise » à l’occasion de son quarante-huitième anniversaire (célébré le 30 juin 2008) en ces termes :
« 1 – Il y a 17.500 casques bleus de l’ONU en RDC et près de 2.000 agents de la mission civile de l’ONU.
2 - Nos élections locales ne sont pas tenues depuis plus d’une année du fait que ceux qui donnent l’argent, au Nord, sont fâchés de la présence chinoise dans les mines de cuivre et de cobalt ; aussi, dans des affaires de construction de routes ...
3 - Notre budget est d’à peine 3 milliards $ US dont la moitié vient de l’étranger.
4 - Chaque fois que nous devons faire le Budget de l’Etat, le FMI est là pour donner ses directives.
5 - Pour gérer toutes les ressources naturelles : bois de la forêt, minerais, eau..., les instructions viennent du FMI et de la Banque mondiale. Ils nous ont imposé les codes de gestion qui font qu’aujourd’hui, 33% du territoire national est un champ minier où les investisseurs vont exploiter pendant 20, 30 ans sans presque rien donner au peuple congolais (seuls, quelques individus au Congo prennent leurs petites parts).
NB : dans mon village, les terres sont occupées depuis 1923, par la compagnie J V L d’un agro-industriel belge. Au moment où je vous écris, ce colon est là. Ses vaches polluent les eaux et nous manquons de terre pour cultiver…
Alors, dois je parler de l’indépendance ?
Actuellement, ceux qui prennent les mines déplacent certains villages, il y a même dans certains coins du Katanga, des écoles de plus de 1.000 élèves qu’ils veulent déplacer pour creuser leurs mines de cuivre» (http://www.cadtm.org/spip.php?article3510 )
A ce tableau il faut ajouter la présence militaire directe ou par milices interposées au Nord Est du pays des forces tutsies rwandaises (http://www.africatime.com/rdc/nouvelle.asp?no_nouvelle=413855&no_categorie= )
Le président de la fragile République démocratique du Congo qui peut à peine payer ses soldats (http://english.people.com.cn/90001/90777/90855/6450610.html ),
Article du 15.07.08 source : http://atlasalternatif.over-blog.com/article-21263329.html