Indépendance, le joli mot (kouchner cf le kosovo)

Publié le par sceptix

Pour rire un bon coup, on peut relire ce que disait «la communauté internationale» au lendemain de la déclaration d'indépendance du Kosovo : cf cette liste au 19 février.


 
Par Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères et européennes.
http://www.lefigaro .fr/debats/ 2008/02/19/ 01005-20080219AR TFIG00324- independance- le-joli-mot- .php
19/02/2008
 
Indépendance : le joli mot. Le Kosovo est désormais un État indépendant. Et la France lui souhaite la bienvenue dans la communauté internationale, sans pour autant rejeter ses amis serbes. Nous sommes tous dans la même et nécessaire Europe.
 
Je me souviens de ma première impression en arrivant au Kosovo, il y a presque dix ans : au-delà des douleurs et des ruines d'un pays meurtri par la guerre, au-delà des blessures d'une population éprouvée par les déchirements, je sentais, sans le dire, venir l'inéluctable.
 
Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, j'avais la tâche de tenter l'impossible : faire cohabiter les communautés du Kosovo, serbe et albanaise notamment, qui venaient de s'entre-tuer ; construire un État ; trouver une solution au problème du statut de cette province qui fut autonome et que le régime de Milosevic poussa vers la rébellion.
 
Nous n'avions ni préférence ni haine pour les uns et les autres. Nous avons vite compris que la réconciliation ne se ferait pas par le statu quo. Les débordements nationalistes, les haines et les tensions avaient laissé des traces indélébiles, nous savions que plusieurs générations seraient nécessaires et que la séparation devait être envisagée.
 
Trop longtemps dans les Bal-kans, l'Europe et le monde avaient assisté, spectateurs impuissants, à une succession de guerres et de massacres. À Sarajevo, on se battit de longues années, puis il y eut l'intervention internationale au Kosovo, en 1999. Elle fut positive. Les victimes ont été moins nombreuses qu'en Bosnie où nous avions trop attendu avant d'agir. À force de persévérance, de détermination, de dialogue, nous sommes peu à peu parvenus à un apaisement au Kosovo, puis à entamer une négociation sur l'avenir d'une province qui paraissait déjà si éloignée de la Serbie. J'étais, je reste proche des Serbes qui avaient eu le courage de rester, minoritaires (8 %), dans une province dominée par les Albanais (90 %).
 
Dès l'été dernier, prévoyant les difficultés nées de l'intransigeance de chacune des parties, la France a voulu faire en sorte que tout soit tenté pour offrir une dernière chance à une négociation de quatorze mois menée par M. Ahtisaari. Cinq mois passés entre Vienne, Belgrade et Pristina, Bruxelles et New York, Washington et Moscou, confirmèrent les blocages. Cette dernière tentative ne put aboutir. Mais les efforts consentis par la communauté internationale ces dernières années n'ont pas été vains. Ils ont permis d'élaborer un projet de règlement salué par la plupart des pays européens. Ce plan, qui vise à assurer le respect de toutes les communautés et le maintien de la présence internationale, le Parlement du Kosovo l'a fait sien dimanche, en acceptant formellement son obligation de le mettre en œuvre.
 
Ce dimanche a donc vu la naissance d'un nouvel État sur le sol de l'Europe. C'est le dernier soubresaut d'une fédération yougoslave qui avait su faire cohabiter ses peuples. C'est un succès pour la communauté internationale et c'est un grand succès pour l'Europe. Neuf ans de troubles et de batailles, c'est trop long pour les peuples et bien court pour l'Histoire.
 
C'est aussi, pour nous, Européens, un défi. Que devons-nous faire ? Présente depuis dix ans sur le terrain pour aider à la solution du conflit et accompagner les populations civiles, l'Europe jouera au Kosovo un rôle de premier plan. Nous avons décidé d'y déployer, dans les prochaines semaines, une mission de police et de justice dont l'objectif principal sera d'aider les Kosovars à assurer le respect de toutes les communautés vivant sur leur territoire. Tous les Kosovars, quelles que soient leur origine ou leur religion, doivent pouvoir vivre en paix chez eux. Surtout les Serbes.
 
Nous devons tendre la main aux Kosovars. Et nous devons aussi tendre la main aux Serbes, qui, dans les élections récentes, ont adressé un signal en faveur de l'apaisement et de l'Europe. Soyons prêts à répondre à cet appel. Leur avenir, c'est l'Europe, c'est l'Union européenne. Symbole de cette marche de l'Histoire, la Slovénie, premier pays à quitter brutalement la fédération yougoslave, préside aujourd'hui aux destinées de l'Union et va saluer le dernier pan de cette Fédération éclatée : le Kosovo.
 
Oui, je me souviens avec émotion du jour où je suis arrivé au Kosovo et de mes amis serbes et de mes amis kosovars. Je me souviens aussi de l'amitié historique entre la France et la Serbie, et de nos combats communs. La France sera aux côtés de la Serbie sur son chemin vers l'intégration européenne. Nous tournons une page de plus de quinze ans de violences : la plus grande blessure de la jeune histoire de l'Union. Je mesure, comme tous les Européens, l'importance de ce jour et les responsabilité s qui pèsent désormais sur l'Union européenne comme sur les dirigeants du nouvel État kosovar.
 
Indépendance, Union, ce sont deux jolis mots.


----- Message d'origine ----
De : sc <
silviacattori@bluewin.ch>

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C
c'est étrange qu'on ne parle jamais de la Yougoslavie, Pays unifié géré par TITO après la guerre.... Il a fait un travail remarquable... Tous savaient qu'après sa mort, nul homme ne pouvait réussir à continuer ce travail. Il était un des derniers grands hommes de l'Histoire.
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