US : Frappes préventives contre les mouvements de protestation à la Convention Républicaine
Depuis vendredi dernier, la police et les sheriffs locaux qui travaillent pour le FBI, procèdent à des fouilles, des saisies et des arrestations à titre préventif.
Glenn Greenwald (*) raconte que les contestataires sont traqués par "des équipes de 20-30 policiers en tenue antiémeutes, des semi-automatiques à la main, qui pénètrent chez ceux qu’ils soupçonnent de vouloir organiser des manifestations, leur passent les menottes et les obligent à s’allonger par terre pendant que d’autres fouillent les logements, saisissent les ordinateurs, les journaux, et les tracts politiques".
Les journalistes sont détenus sous la menace d’une arme et les avocats qui défendent les prévenus sont menottés.
"J’étais moi-même sur place et j’ai vu des policiers en tenue antiémeutes avec des fusils d’assaut et des fusils à pompe", raconte Bruce Nestor, président de la section du Minnesota de la National Lawyers Guild (l’association nationale des avocats), et qui représente plusieurs de ces opposants. "La personne qui habite à côté d’une des maisons s’est retrouvée avec un pistolet braqué contre le visage quand elle est sortie sur le perron pour voir ce qui se passait. Il y avait des enfants dans toutes ces maisons, et les enfants étaient tenus sous la menace d’une arme".
Les rafles visaient des militants de "De la nourriture pas des bombes", un organisme qui milite contre la guerre et contre l’autoritarisme, et qui fournit des repas végétariens gratuits toutes les semaines dans des centaines de villes du monde entier. Ils ont servi des repas aux équipes de secours au World Trade Center après le 11 septembre et dans près de 20 localités dans la région touchée par l’ouragan Katrina.
Egalement visés : les membres de I-Witness Video, une organisation qui filme les opérations policières pour veiller à ce que les libertés civiles soient respectées. Ce groupe a collaboré avec la National Lawyers Guild pour obtenir le non-lieu ou l’acquittement pour environ 400 manifestants sur les 1800 qui avaient été arrêtés lors de la convention républicaine de 2004 à New York. Cette année-là, des opérations de police à titre préventif avaient également été menées. La police avait infiltré les groupes contestataires en prévision de la convention.
Nestor explique qu’il n’y a eu ni violence ni infractions permettant de justifier ces arrestations. "Le fait d’avoir saisi des cartons de tracts montre bien que le motif de ces descentes de police était politique".
Une preuve supplémentaire de la nature politique de ces opérations de police : le "Convergence Center", où se retrouvaient les militants, a été barricadé avec des planches pour une violation du règlement non spécifiée.
David Thune, membre élu de la mairie de St. Paul explique : "normalement ce sont les immeubles inoccupés et délabrés qui sont barricadés avec des planches ". Thune et Elizabeth Glidden, sa collègue au conseil municipal, ont vivement critiqué ces "actes qui paraissent abusifs et qui créent un climat de peur et d’intimidation pour ceux qui souhaitent exercer leurs droits fondamentaux à la liberté d’expression".
"Nous avons, donc, affaire ici à une attaque violente menée par les forces de police du gouvernement fédéral à l’encontre de dissidents et de militants de gauche qui n’ont commis ni acte de violence ni infraction de quelque ordre que ce soit, et qui vient s’ajouter aux mois d’espionnage destiné à recueillir des informations sur leurs activités", écrit Greenwald dans "Salon".
La détention préventive viole le 4° Amendement de la Constitution, qui stipule que les mandats doivent comporter un motif vraisemblable. Les contestataires étaient accusés d’avoir "prémédité de provoquer des émeutes", motif rarement utilisé et qui est si vague qu’il est probablement anticonstitutionnel. "Il criminalise la contestation politique", fait remarquer Nestor.
Dimanche dernier, la National Lawyers Guild et l’association "Communities United Against Police Brutality" ont déposé une motion demandant qu’un décret interdise à la police de saisir du matériel vidéo et des téléphones portables pour recueillir des informations qu’ils utiliseront pour justifier leur conduite.
Lors de la manifestation de lundi dernier, les forces de police ont utilisé contre les manifestants des bombes lacrymogènes, des balles en caoutchouc, des grenades à concussion et ont eu recours à la force brutale. Il y a eu au moins 284 arrestations, dont celle d’Amy Goodman, la célèbre journaliste du programme radiophonique Democracy Now !, et celles d’Abdel Kouddous et Nicole Salazar, producteurs de l’émission.
"St Paul est la ville américaine la plus militarisée qu’il m’ait été donné de voir", écrit Greenwald, "les forces de police fédérale, locale et de l’état circulaient dans la ville en tenue antiémeutes, équipées de mitraillettes et de bombes lacrymogènes, hurlant des chants militaires et défilant au pas comme à l’armée".
Bruce Nestor explique que le moment choisi pour les arrestations était destiné à faire cesser les manifestations, "afin de donner une image terrifiante des manifestations mais également pour dissuader les gens d’y participer".
Malgré cela, il y a eu 10.0000 manifestants, dont beaucoup protestaient contre la guerre en Irak.
Une équipe d’avocats de la National Lawyers Guild veille à ce que les droits constitutionnels des manifestants soient respectés.
Marjorie Cohn est présidente de la National Lawyers Guild et professeur à la faculté de droit Thomas Jefferson. Elle a publié "Cowboy Republic".
Traduction Des Bassines et du Zèle
Source LGS
septembre 2008
AMY GOODMAN ARRÉTÉE PAR LA POLICE A ST.PAUL
Mise à jour du 02/09/2008 : Je suis allé à la prison du comté de Ramsey avec d’autres collègues de “Media is a Plural” et une fonctionnaire très stupéfaite nous a informés qu’Amy, Sharif et Nicole ont été libérés, sans même passer devant un juge. Il semble que le bureau du Sherif a été inondé de coups de fil… merci pour elle, les copains ! (Tim Carr)
Notre amie Amy Goodman, directrice de l’excellente émission “Democracy Now!” a été arrêté hier soir à Saint-Paul (Minnesota) alors qu’elle tentait de parler à la police qui venait d’arrêter deux journalistes de son émission, Sharif Abdel Kouddous et Nicole Salazar, alors que ceux-ci couvraient une manifestation en marge de la convention du Parti Républicain.
Voulant intervenir pour expliquer qu’il s’agissait de journalistes, Amy Goodman, pourtant clairement identifiée comme un membre de la presse, a été violemment prise à partie par la police et immédiatement menotée et emmenée dans un fourgon :
Le sherif du comté de Ramsey, Bob Fletcher a explique que les journalists Kouddous et Salazar étaient accusés d’avoir participé aux émeutes aux abords de la manifestation et que Goodman serait poursuivie pour résistance aux autorités (chose démentie par la vidéo). Au vu de l’engorgement des prisons dans le cadre de la convention, les personnes arrêtées risquent de devoir attendre mercredi avant de pouvoir passer devant un juge et être libérés sous caution.
Le ‘Joint Media Watchdog’ a recensé plusieurs centaines d’atteintes à la liberté de la presse par la police à l’occasion des conventions du Parti Démocrate à Denver et du Parti Républicain à St.Paul… aucune d’entre elle n’a été relevée par les médias occidentaux. Quand à RSF, ils se reposent de leurs actions à Pékin… ils ont fait un communiqué
http://www.rsf.org/article.php3?id_article=28389
Reporters sans frontières demande l’abandon des poursuites contre trois journalistes violemment interpellés en marge de la convention républicaine
Reporters sans frontières est scandalisée par les interpellations brutales de trois journalistes et producteurs du programme audiovisuel Democracy Now !, le 1er septembre 2008 à Saint Paul (Minnesota, Nord), en marge de la convention du Parti républicain qui doit désigner John Mc Cain pour l’élection présidentielle du 4 novembre prochain. Bien que rapidement relâchés, Amy Goodman, Sharif Abdel Kouddous et Nicole Salazar restent inculpés d’”obstruction à la justice” et d’”outrage à agent” pour la première, et d’”incitation à l’émeute” pour les seconds. L’organisation demande l’abandon immédiat des poursuites à leur encontre, et une enquête sur les circonstances de leur arrestation.
“La violence dont les forces de l’ordre ont fait preuve lors de l’interpellation des trois journalistes, qui s’étaient identifiés comme tels, relève d’un inadmissible abus de pouvoir, d’une violation du Premier amendement et d’une volonté très claire d’intimider leur média. Democracy Now ! a, en effet, produit nombre de sujets relatifs à la guerre en Irak et ce n’est pas tout à fait un hasard si trois de ses représentants ont été réprimés de cette manière. La confirmation des charges retenues contre Amy Goodman, Sharif Abdel Kouddous et Nicole Salazar ajouterait une injustice à une autre. La police doit, en revanche, mener une enquête dans ses propres rangs”, a déclaré Reporters sans frontières.
L’arrestation des trois journalistes de Democracy Now ! est intervenue vers 17 heures, à l’occasion de manifestations organisées en marge de la convention du Parti républicain à Saint Paul, le 1er septembre, emmenées notamment par des vétérans de guerre et des familles de soldats tués en Irak. Sharif Abdel Kouddous et Nicole Salazar ont été arrêtés les premiers, plaqués contre un mur, jetés au sol et frappés à coups de bâton de défense par les policiers. Sharif Abdel Kouddous présente des blessures à la poitrine et au dos, Nicole Salazar au visage.
C’est en s’enquérant du sort de ses deux jeunes collègues qu’Amy Goodman a été arrêtée à son tour. S’identifiant comme journaliste, la coproductrice en chef de Democracy Now ! a été menottée dans le dos et embarquée sans ménagement par les forces de l’ordre, comme en témoignent les images prises par un vidéaste au moment des faits (voir ci-dessous). Les trois journalistes ont été libérés quelques heures plus tard. Un photographe de l’agence Associated Press, Matt Rourke, a été également interpellé parmi des centaines de manifestants.
Figure progressiste et journaliste engagée, en particulier contre la guerre en Irak, Amy Goodman a fondé en 1996 Democracy Now !, dont le siège est à New York. Le programme, réalisé par une équipe de journalistes indépendants, est diffusé sur plus de 700 stations de radio et chaînes de télévision aux États-Unis et à l’étranger.