AUJOURD'HUI LE 11 SEPTEMBRE A AUSSI 35 ANS
Le 11 septembre a 35 ans !
Il y a 35 ans, le 11 septembre 73, à 10 heures du matin l’armée chilienne bombarde le palais de la Moneda
Pendant que des vedettes et porte-avions américains surveillent les côtes chiliennes, des hommes et des femmes sont arrêtées, beaucoup disparaîtront le jour même. Avec l’assassinat de Salvador Allende et la mise à mort de l’Unité populaire s’achève l’une des plus grandes expériences démocratiques de l’Amérique Latine. Le Chili vivra dix-sept ans d’une dictature «modèle». Aidée par des capitaux de grandes multinationales nord-américaines comme United frut et ITT ainsi que du soutien sans faille «du prix Nobel de la Paix», Henri Kissinger alors secrétaire d’état aux affaires étrangères de Richard Nixon.
Grace à cette aide inconditionnelle, la dictature chilienne sera très efficace pour éliminer « l’ennemi intérieur »; le marxisme. Le Chili compte aujourd’hui 2 922 disparus selon le rapport Rettig (du nom du président de la commission «vérité et réconciliation», mise en place, le 25 avril 1990, par Patricio Aylwin, président chilien élu en 1989) mais plus de 2000 manquent encore l’appel !
L’expérience chilienne de l’Unité Populaire avait attiré beaucoup de sympathie de la part de la gauche européenne et française notamment. Salvador Allende avait réussi à rassembler «les gauches» pour s’imposer à l’élection présidentielle du 4 septembre 1970. Communistes, socialistes, radicaux et chrétiens de gauche composaient le gouvernement d’Unité Populaire. Même François Mitterrand, quelques mois plus tard, sorti vainqueur du congrès d’Epinay, lui rendra visite à la Moneda!
Marx n’avait pas prévu cette nouvelle voie vers le socialisme. Il s’agissait du « socialisme à la chilienne ». Allende était entré légalement à la Moneda, par la voie des urnes, et il devenait ainsi un autre leader en Amérique Latine, sans doute plus dangereux pour les Etats Unis que ne l’étaient le Che ou encore Fidel. Il était une sorte de compromis entre réformisme et révolution et donc un modèle plus attrayant pour les socialistes et réformistes du monde entier.
La mise en pratique d’un désir de progrès et de justice sociale conjuguée avec une exigence démocratique forte était une autre des particularités de l’expérience chilienne. C’est ce facteur, innovateur dans la pratique marxiste, qui marquera le compte à rebours du gouvernement de l’Unité Populaire. Les Etats Unis n’ont pas tardé à s’opposer aux désirs de réformes profondes de Salvador Allende. Parmi les 40 mesures de l’Unité Populaire, la nationalisation du cuivre sera l’un des facteurs principaux de crispation de la Maison Blanche.
Le coup d’état aura lieu !
Que reste-t-il de l’Unité Populaire aujourd’hui ? A vrai dire, pas grande chose dans les formations politiques. Malgré le plébiscite de 88 (le 5 octobre 1988, Pinochet perd le plébiscite organisé par lui-même) et le départ de Pinochet après dix sept années de répression, la gauche chilienne n’a pas été capable de construire un projet politique pour le pays. Attablée dans la Concertation, elle a opté pour une alliance avec la Démocratie Chrétienne (bourreau d’hier!) avec la promesse d’exercer le pouvoir sans même se soucier de son électorat populaire. Michèle Bachelet, est le résultat de cette alliance très durable.
S’agissant des mesures contre l’impunité des criminels chiliens, les différents leaders chiliens n’ont pas été aussi loin que les dirigeants argentins. D’ailleurs, certains socialistes chiliens ont même eu du mal à commémorer la disparition de Salvador Allende. Et Pinochet continuait parader dans les rues de Santiago !
A vrai dire Pinochet a gagné dans les têtes ! Non seulement au Chili mais en Europe également. Drôle d’épilogue, pour tous ceux qui avaient rêvé que l’arrestation du tortionnaire à Londres, à l’automne 1998, marquerait la fin de son impunité. Ils étaient là, français, chiliens, algériens, argentins, kurdes, victimes des régimes militaires, des dictatures, à attendre qu’une décision, sans précédent, soit prise par la justice britannique. Il n’en fût rien !
De PINOCHET nous ne garderons que des «acquis». L’idéologie de sécurité nationale, mise en pratique durant la dictature chilienne, est devenue l’enjeu principal du débat politique au Chili mais aussi ailleurs! Hier, Salvador Allende représentait un modèle ! Aujourd’hui c’est la «troisième voie» qui s’impose, le socialisme libéral avec en arrière plan les restrictions, toujours plus grandes, des libertés individuelles. Justement au nom de cette sécurité intérieure.
Ce 11 septembre là n’appartient pas seulement aux chiliens mais également aux progressistes, à toutes celles et tous ceux qui croient au respect des droits de l’homme, qui croient à l’émancipation des hommes et des femmes. Il appartient aux démocrates.
Enfin, nous ne pouvons pas faire l’économie de dénoncer la politique internationale des Etats Unis. Les explications du coup d’Etat contre Salvador Allende sont encore présentes sur le site web de la CIA, les diverses «opérations», faites «dans l’intérêt des Etats Unis», sont décrites avec un détachement remarquable de froideur. Il manque dans ces informations, la mis en place du Plan Condor, dans les six pays du Cône Sud.
L’objectif de ce plan, sérieusement construit, était de mettre en réseau les services de renseignement des dictatures d’Amérique latine et éliminer les subversifs. Émises par un pays vers un ou plusieurs autres membres de cette sorte d’Interpol de la répression, des fiches d'information circulaient à travers le réseau. Émanant généralement des services de renseignement militaires, elles pouvaient aussi provenir des polices politiques ou même de services moins officiels comme l'Organisation de coordination des opérations antisubversives.
Cette Politique, cynique et schizophrène, d’agressions des états, souvent démocratiques, a fait plus de morts que des millions de dollars. Le Timor-Oriental, Chypre, le Bangladesh, le Chili, le Laos et le Cambodge ne furent que des bains de sang où le seul bénéfice fût la mort. Voilà pourquoi le 11 septembre a 35 ans.
1. Palais présidentiel
2. Actuelle présidente chilienne.
3. (http://www.odci.gov/cia/publications/factbook/appendix/appendix-b.html),
4. Escadron de la mort issu de la police politique uruguayenne, dont les membres participent aux interrogatoires, aux tortures et aux exécutions, notamment en Argentine.
http://20minutes.bondyblog.fr/news/200809111258/le-11-septembre-a-35-ans
Grace à cette aide inconditionnelle, la dictature chilienne sera très efficace pour éliminer « l’ennemi intérieur »; le marxisme. Le Chili compte aujourd’hui 2 922 disparus selon le rapport Rettig (du nom du président de la commission «vérité et réconciliation», mise en place, le 25 avril 1990, par Patricio Aylwin, président chilien élu en 1989) mais plus de 2000 manquent encore l’appel !
L’expérience chilienne de l’Unité Populaire avait attiré beaucoup de sympathie de la part de la gauche européenne et française notamment. Salvador Allende avait réussi à rassembler «les gauches» pour s’imposer à l’élection présidentielle du 4 septembre 1970. Communistes, socialistes, radicaux et chrétiens de gauche composaient le gouvernement d’Unité Populaire. Même François Mitterrand, quelques mois plus tard, sorti vainqueur du congrès d’Epinay, lui rendra visite à la Moneda!
Marx n’avait pas prévu cette nouvelle voie vers le socialisme. Il s’agissait du « socialisme à la chilienne ». Allende était entré légalement à la Moneda, par la voie des urnes, et il devenait ainsi un autre leader en Amérique Latine, sans doute plus dangereux pour les Etats Unis que ne l’étaient le Che ou encore Fidel. Il était une sorte de compromis entre réformisme et révolution et donc un modèle plus attrayant pour les socialistes et réformistes du monde entier.
La mise en pratique d’un désir de progrès et de justice sociale conjuguée avec une exigence démocratique forte était une autre des particularités de l’expérience chilienne. C’est ce facteur, innovateur dans la pratique marxiste, qui marquera le compte à rebours du gouvernement de l’Unité Populaire. Les Etats Unis n’ont pas tardé à s’opposer aux désirs de réformes profondes de Salvador Allende. Parmi les 40 mesures de l’Unité Populaire, la nationalisation du cuivre sera l’un des facteurs principaux de crispation de la Maison Blanche.
Le coup d’état aura lieu !
Que reste-t-il de l’Unité Populaire aujourd’hui ? A vrai dire, pas grande chose dans les formations politiques. Malgré le plébiscite de 88 (le 5 octobre 1988, Pinochet perd le plébiscite organisé par lui-même) et le départ de Pinochet après dix sept années de répression, la gauche chilienne n’a pas été capable de construire un projet politique pour le pays. Attablée dans la Concertation, elle a opté pour une alliance avec la Démocratie Chrétienne (bourreau d’hier!) avec la promesse d’exercer le pouvoir sans même se soucier de son électorat populaire. Michèle Bachelet, est le résultat de cette alliance très durable.
S’agissant des mesures contre l’impunité des criminels chiliens, les différents leaders chiliens n’ont pas été aussi loin que les dirigeants argentins. D’ailleurs, certains socialistes chiliens ont même eu du mal à commémorer la disparition de Salvador Allende. Et Pinochet continuait parader dans les rues de Santiago !
A vrai dire Pinochet a gagné dans les têtes ! Non seulement au Chili mais en Europe également. Drôle d’épilogue, pour tous ceux qui avaient rêvé que l’arrestation du tortionnaire à Londres, à l’automne 1998, marquerait la fin de son impunité. Ils étaient là, français, chiliens, algériens, argentins, kurdes, victimes des régimes militaires, des dictatures, à attendre qu’une décision, sans précédent, soit prise par la justice britannique. Il n’en fût rien !
De PINOCHET nous ne garderons que des «acquis». L’idéologie de sécurité nationale, mise en pratique durant la dictature chilienne, est devenue l’enjeu principal du débat politique au Chili mais aussi ailleurs! Hier, Salvador Allende représentait un modèle ! Aujourd’hui c’est la «troisième voie» qui s’impose, le socialisme libéral avec en arrière plan les restrictions, toujours plus grandes, des libertés individuelles. Justement au nom de cette sécurité intérieure.
Ce 11 septembre là n’appartient pas seulement aux chiliens mais également aux progressistes, à toutes celles et tous ceux qui croient au respect des droits de l’homme, qui croient à l’émancipation des hommes et des femmes. Il appartient aux démocrates.
Enfin, nous ne pouvons pas faire l’économie de dénoncer la politique internationale des Etats Unis. Les explications du coup d’Etat contre Salvador Allende sont encore présentes sur le site web de la CIA, les diverses «opérations», faites «dans l’intérêt des Etats Unis», sont décrites avec un détachement remarquable de froideur. Il manque dans ces informations, la mis en place du Plan Condor, dans les six pays du Cône Sud.
L’objectif de ce plan, sérieusement construit, était de mettre en réseau les services de renseignement des dictatures d’Amérique latine et éliminer les subversifs. Émises par un pays vers un ou plusieurs autres membres de cette sorte d’Interpol de la répression, des fiches d'information circulaient à travers le réseau. Émanant généralement des services de renseignement militaires, elles pouvaient aussi provenir des polices politiques ou même de services moins officiels comme l'Organisation de coordination des opérations antisubversives.
Cette Politique, cynique et schizophrène, d’agressions des états, souvent démocratiques, a fait plus de morts que des millions de dollars. Le Timor-Oriental, Chypre, le Bangladesh, le Chili, le Laos et le Cambodge ne furent que des bains de sang où le seul bénéfice fût la mort. Voilà pourquoi le 11 septembre a 35 ans.
1. Palais présidentiel
2. Actuelle présidente chilienne.
3. (http://www.odci.gov/cia/publications/factbook/appendix/appendix-b.html),
4. Escadron de la mort issu de la police politique uruguayenne, dont les membres participent aux interrogatoires, aux tortures et aux exécutions, notamment en Argentine.
http://20minutes.bondyblog.fr/news/200809111258/le-11-septembre-a-35-ans