Sarkozy : discours de Toulon
18h30: Un début de discours anxiogène
Sarkozy commence son discours par des propos très anxiogènes sur la «peur»:
«Une crise de confiance sans précédent ébranle l'économie mondiale. Comme partout dans le monde, les Français ont peur pour leurs économies, pour leur emploi, pour leur pouvoir d’achat.
La peur est une souffrance.
La peur empêche d’entreprendre, de s’engager.»
18h33: Ça sent mauvais en France...
Sarkozy poursuit son discours sur un ton grave:
«Dire la vérité aux Français, c’est leur dire que la crise n’est pas finie,
que ses conséquences seront durables.
Dire la vérité aux Français, c’est leur dire que la crise actuelle aura des conséquences dans les mois qui viennent sur la croissance,
sur le chômage, sur le pouvoir d’achat.»
18h36: Sarkozy, l'anti-libéral
C'en est fini du Sarkozy libéral de la campagne. Le discours est très méfiant par rapport au libéralisme:
«L’idée que les marchés ont toujours raison était une idée folle. [...]
On a financé le spéculateur plutôt que l’entrepreneur.»
18h38: La trahison du capitalisme
Le Président en rajoute sur la critique du système financier actuel:
«ce système, il faut le dire parce que c’est la vérité,
ce n’est pas l’économie de marché, ce n’est pas le capitalisme.
L’économie de marché c’est le marché régulé, le marché mis au service du développement, au service de la société, au service de tous [...]
La crise financière n’est pas la crise du capitalisme.
C’est la crise d’un système qui s’est éloigné des valeurs les plus fondamentales du capitalisme, qui a trahi l’esprit du capitalisme.»
18h40: Petite leçon de sarkozysme
Voilà la pensée économique de Nicolas Sarkozy résumée en une phrase:
«La crise actuelle doit nous inciter à refonder le capitalisme
sur une éthique de l’effort et du travail,
à retrouver un équilibre entre la liberté et la règle,
entre la responsabilité collective et la responsabilité individuelle.»
18h42: Encadrer les salaires des dirigeants
Une première mesure d'annoncée:
«Je n’hésite pas à dire que les modes de rémunération des dirigeants et des opérateurs doivent être encadrés.
Il y a eu trop d’abus, trop de scandales.»
Première mesure... et premiers applaudissements dans la salle.
18h43: Développer l'intéressement
Suite logique de sa critique des hauts salaires:
«si les dirigeants sont intéressés au résultat, les autres salariés doivent l’être aussi. S’ils ont des stocks options, les autres salariés doivent en avoir aussi
ou à défaut bénéficier d’un système d’intéressement.»
Applaudissements dans la salle encore.
18h45: Débusquer les responsables
Et on revient à la crise financière:
«Les responsabilités doivent être recherchées
et les responsables de ce naufrage au moins sanctionnés financièrement. L’impunité serait immorale.
On ne peut pas se contenter de faire payer les actionnaires,
les clients et les salariés les plus modestes en exonérant
les principaux responsables.»
Mais il ne dit toujours pas qui...
18h47: Sarkozy le keynésien
«La crise devrait amener à une restructuration de grande ampleur
de tout le secteur bancaire mondial.
Compte tenu de ce qui vient de se passer et de l’importance de l’enjeu
pour l’avenir de notre économie, il va de soi qu’en France
l’Etat y jouera un rôle actif.»
L'Etat, plutôt que le marché. C'est maintenant clair: notre président est keynésien.
18h48: Le problème monétaire
«La remise en ordre du système financier ne serait pas complète si en même temps on ne cherchait pas à mettre un terme au désordre des monnaies. Le producteur français peut faire tous les gains de productivité qu’il veut, il peut à la rigueur concurrencer les bas salaires des ouvriers chinois, mais il ne peut pas compenser la sous-évaluation de la monnaie chinoise»
18h50: Sarkozy veut un nouveau Bretton-Woods
«Il me paraît nécessaire que les chefs d’Etat et de gouvernement des principaux pays concernés se réunissent avant la fin de l’année
pour tirer les leçons de la crise financière
et coordonner leurs efforts pour rétablir la confiance [...]
Il faut remettre à plat tout le système financier et monétaire mondial,
comme on le fit à Bretton-Woods après la Seconde Guerre Mondiale».
Un nouveau Bretton-Woods, rien que ça!
18h51: Les épargnants français ne perdront pas un euro
Les banques françaises paraissent en mesure de surmonter les difficultés actuelles, mais si elles devaient êtres mises en difficulté par la spéculation,
je n’accepterais pas qu’un seul déposant perde un seul euro
parce qu’un établissement financier se révèlerait dans l’incapacité
de faire face à ses engagements.
18h54: Un plan Paulson made in France?
Sarkozy est prêt à prendre des mesures comme celles qu'ont prises le gouvernement américain:
«Si les difficultés actuelles devaient entraîner une restriction du crédit
qui priverait les Français et les entreprises,
l’Etat interviendrait pour que ces financements puissent être assurés. I
l le ferait par des cautions, par des garanties, par des apports en capital
ou par une modification de la réglementation bancaire».
18h55: Les réformes, toujours
«La crise appelle à accélérer le rythme des réformes non à le ralentir».
Du Sarkozy pur jus
18h56: Une série de mesures économiques
La crise doit accélérer les réformes:
«C’est la raison pour laquelle, j’ai pris la décision de créer le RSA,
d’augmenter le minimum vieillesse,
les pensions de réversion les plus modestes
et pour les titulaires de minima sociaux, dont le pouvoir d’achat n’est pas garanti contrairement aux allocations familiales et aux retraites,
d’accorder une prime exceptionnelle pour compenser le retard sur
l’évolution réelle des prix.»
18h57: 30.600 fonctionnaires en moins
«L’année prochaine c’est un total sans précédent de 30 600 emplois
qui seront supprimés dans la fonction publique.
La révision générale des politiques publiques continuera à produire ses effets.
La réforme de l’hôpital permettra d’améliorer l’accès aux soins et leur qualité tout en supprimant des dépenses inutiles».
19h01: Des collectivités locales en moins?
«Le moment est venu de poser la question des échelons de collectivités locales dont le nombre et l’enchevêtrement des compétences est une source d’inefficacité et de dépenses supplémentaires»
19h02: RSA, service après-vente
Sarkozy défend son choix de taxer «légèrement» le capital pour financer le RSA:
«C’est une décision juste et raisonnable.
Elle ne remet pas en cause l’objectif de baisse globale des prélèvements,
puisque les diminutions d’impôts et de charges décidées depuis 15 mois
l’emportent de plus de 10 milliards sur les hausses.»
19h04: Petite leçon de sarkozysme en milieu économique
«Opposer l’effort du travailleur à l’argent facile de la spéculation,
opposer l’engagement de l’entrepreneur qui risque tout dans son entreprise
à l’anonymat des marchés financiers,
opposer un capitalisme de production à un capitalisme de court terme,
accorder une priorité à l’industrie au moment où l’étau de la finance se desserre».
19h05: Le principe «pollueur-payeur»
Sarkozy fait plaisir à Borloo:
«S’il faut moins taxer l’investissement,
moins taxer le travail,
moins pénaliser l’effort et la réussite,
moins taxer les produits propres,
il faut en revanche davantage taxer la pollution.»
19h07: Le bonus-malus étendu à d'autres produits
C'est gagné pour Borloo, son bonus-malus sera étendu:
«Je crois que le système du bonus-malus est un bon système.
Ce système extrêmement incitatif du bonus-malus
qui permet de gagner des années dans le changement des modes de consommation sera étendu à d’autres produits.
Cette extension se fera dans la concertation.
Elle se fera progressivement. Mais elle se fera.»
19h08: La croissance verte
«Je crois à la croissance durable»,
explique Sarkozy qui explique ce que ça veut dire:
«la multiplication par 4 de nos capacités de transports en commun en sites propres, la construction de 2000 kilomètres de lignes à grande vitesse supplémentaires,
les autoroutes ferroviaires, les autoroutes maritimes,
un milliard d’euros dans la recherche en matière de développement durable
à l’horizon 2012,
la rénovation de tout le parc des logements sociaux et des bâtiments publics
pour les adapter aux exigences d’économie d’énergie».
19h11: Laurent Wauquiez pressé d'accélérer le rythme
le ministre de l'Emploi va devoir faire vite sur le front de la formation pro:
«Cette réforme de la formation professionnelle qui fait l’objet d’une négociation entre les partenaires sociaux,
je veux qu’elle soit ambitieuse et surtout qu’elle soit rapidement mise en œuvre.
Le diagnostic est connu de tous.
Je veux que des décisions soient prises avant la fin de l’année.»
19h13: Après le déluge, Sarkozy promet des lendemains prospères
«J’ai confiance dans notre capacité à refonder le capitalisme.
Quand la situation économique mondiale redeviendra meilleure —
et elle redeviendra meilleure !
— nous en verrons tous les fruits sur l’équilibre de nos finances,
sur l’emploi, sur le pouvoir d’achat et sur le bien-être de chacun.»
Et c'est fini. La Marseillaise retentit.
Discours de Sarkozy: l'Etat ne fera plus l'économie d'intervenir
Et la vérité pour Nicolas Sarkozy, c'est d'annoncer la couleur: «La crise n'est pas finie, elle aura des conséquences dans les mois qui viennent sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir.»
Mais aussi d'assurer qu'en cas de répercussions importantes, l'Etat sera là pour soutenir les petits épargnants en particulier et l'économie en général. Soulagement dans le public qui était venu pour entendre ce genre d'annonces.
Quant au responsable de cette situation, il est tout trouvé: le capitalisme financier qui a «imposé» sa logique à l'économie et l'a «pervertie». Bref, la nouvelle philosophie, c'est «le marché qui a toujours raison, c'est fini», annonçant un Etat beaucoup plus interventionniste pour «imposer» des règles. Un message destiné à l'Europe mais aussi aux dirigeants d'entreprise à qui le président a promis la fin des privilèges.
Pour le reste, comme attendu, le président n'a pas fait d'annonces, se contentant de promouvoir sa politique économique engagée depuis plusieurs mois et d'aligner les lois déjà votées ou dans les tuyaux pour soutenir le pouvoir d'achat.
La base est rassurée
L'objectif de cette réunion publique était également de retrouver un peu du souffle de la campagne présidentielle et de parler à ses aussi électeurs. Objectif atteint lorsque l'annonce de la suppression de 30 600 emplois dans la fonction publique l'année prochaine, suscite approbation et applaudissements nourris dans la salle. La base UMP est rassurée.
Reste à savoir si le chef de l'Etat a convaincu tous les citoyens que «la France peut sortir plus forte de cette crise».