CROISSANCE EN BERNE ET BUDGET 2009
recettes fiscales en perte de vitesse,
explosion des intérêts de la dette...
Le projet de budget présenté aujourd'hui a été préparé sous contrainte. Refusant une politique d'austérité, Nicolas Sarkozy se résout à laisser filer le déficit budgétaire lequel devrait ressortir à environ 50 milliards d'euros l'an prochain.
Le budget 2009 impose l'arrêt des baisses d'impôt
sans éviter un déficit record
Le gouvernement présente aujourd'hui le projet de loi de Finances pour 2009 en Conseil des ministres.
Un budget extrêmement contraint par le ralentissement économique et l'envolée du coût de la dette.
Le déficit prévisionnel de l'Etat atteint 52 milliards d'euros.
Ce n'est certainement pas le budget dont rêvait Nicolas Sarkozy. Il y a un an, le projet de loi de Finances 2008 était marqué par les engagements de campagne du chef de l'Etat, conjuguant baisses massives d'impôt (paquet fiscal) et discipline sur les dépenses.
Le budget 2009 présenté aujourd'hui en Conseil des ministres traduit un brutal retour à la réalité : coup d'arrêt aux baisses d'impôt, restrictions accrues sur les dépenses, déficit et dette de l'Etat en forte hausse. C'est un discours « de vérité » qu'entendent aujourd'hui tenir le ministre du Budget, Eric Woerth, et la ministre de l'Economie, Christine Lagarde. Et cette vérité n'est pas rose pour les finances publiques.
Bien sûr, la France a obtenu de ses partenaires européens, eux-mêmes touchés, de laisser jouer les « stabilisateurs automatiques » afin de ne pas aggraver la crise économique. Mais si cela signifie des politiques de relance chez certains de nos voisins,
dans l'Hexagone, la marge de manoeuvre est nulle.
Tous les efforts des experts de Bercy, ces dernières semaines, auront été consacrés à afficher un déficit public stable à 2,7 % du PIB en 2008 et en 2009, une gageure dans un tel environnement économique.
Ils y auront réussi au prix, notamment, d'un serrage de vis sur les dotations aux collectivités locales et d'une stabilisation des déficits sociaux. Mais ils n'auront pas évité un dérapage du déficit de l'Etat.
Le budget soumis au Parlement prévoit un
déséquilibre de 52 milliards d'euros en 2009, quand celui voté l'an dernier tablait sur une pause, à 41,7 milliards en 2008.
Une pause qui s'est transformée en sérieuse glissade - le déficit exécuté sera de 48 milliards -, en raison de moins-values fiscales d'au moins 5 milliards d'euros et d'une envolée du coût de la dette.
Le déficit de l'Etat se rapprochera ainsi, l'an prochain, du record de 2003 (56,7 milliards). Quant à la dette publique, elle grimpera à 66 % du PIB (lire ci-dessous).
« L'opération vérité », selon les termes usités à Bercy, est aussi illustrée par le cadrage économique.
Le gouvernement affiche une prévision de croissance de 1 % à 1,5 % pour 2009, tout en soulignant qu'il a construit son budget sur la base de 1 % (le consensus des économistes n'est pas si lointain, à 0,8 %), soit le taux prévisionnel le plus faible depuis... 1984.
Les créations d'emplois seront très faibles (50.000), et les recettes fiscales, calibrées avec « prudence », affirme l'exécutif, évolueront à un rythme sans commune mesure avec celui connu les quatre années précédentes.
Tout cela impose une diète sévère aux ministères.
Elle va durer trois ans, le budget étant désormais pluriannuel.
La facture inquiétante de la dette (45 milliards d'euros par an),
le coût des retraites et les dotations à l'Union européenne absorbent presque entièrement la hausse des dépenses, limitée aux 2 % d'inflation.
Les enveloppes dévolues aux ministères seront donc constantes, et les suppressions de postes de fonctionnaires, 30.600 en 2009, se poursuivront, voire s'accentueront, en 2010 et 2011.
La seule exception, mais elle est de taille, est constituée par la généralisation du revenu de solidarité active. Au nom de l'équité, surtout en temps de crise.
Cette discipline - l'exécutif écarte le terme austérité en mettant en avant les gains d'efficacité liés à la réforme de l'Etat -
doit permettre de stabiliser les prélèvements obligatoires (43,2 %) sur toute la législature, sans que le déficit public ne franchisse la limite de 3 % du PIB l'an prochain.
Sans entraver ainsi l'économie, afin que le rebond se matérialise dès la mi-2009.
C'est tout le pari, incertain, du gouvernement :
faire le dos rond (hausses et baisses d'impôt doivent s'équilibrer),
en tablant sur une croissance soutenue (2,5 %) dès 2010, qui crédibilise un tant soit peu le nouvel objectif d'un déficit public ramené à 0,5 % du PIB en 2012.
« La pente est forte », reconnaît Eric Woerth.
Mais l'absence de marge de manoeuvre se traduit aussi par une ligne économique en pointillés.
Equité, compétitivité, développement durable sont les trois piliers avancés.
Mais les réformes, telles que la fiscalité verte, se font désormais à somme nulle, avec pour but de réorienter les comportements.
Et celle de la taxe professionnelle risque d'attendre, faute de moyens, même si Nicolas Sarkozy promet qu'il n'y aura aucun retard.
Quant aux hausses de prélèvements sociaux (cotisation retraite),
elles sont inévitables pour maintenir à flot la Sécurité sociale.
Au total, c'est donc un budget rigoureux que dévoile aujourd'hui le gouvernement,
dans l'attente de jours meilleurs.
Si ceux-ci tardent trop, la France n'échappera pas à un remède beaucoup plus indigeste. Ou à une explosion de ses déficits.
Sources
http://www.latribune.fr/info/20080926U7JTPF4
http://www.lesechos.fr/info/france/4777328.htm