Wall Street jette déjà UBS et Fortis dans la fosse commune. La folie règne
CRISE FINANCIÈRE | Ça y est, c’est fait! Les Etats-Unis ont connu hier leur plus grosse faillite bancaire depuis 1984. Washington Mutual a sombré. A qui le tour? Les banques européennes ne sont plus épargnées par les rumeurs.

ÉLISABETH ECKERT | 27.09.2008 | 00:01
Coup de téléphone affolé, comme il en arrive dorénavant des centaines chaque jour, dans les banques ou les rédactions helvétiques: «Allô! Dites-moi: dois-je transférer tous mes comptes commerciaux et privés d’UBS dans une autre banque? Mon cousin, qui est un businessman de New York et travaille très étroitement avec les banques américaines, vient de m’appeler pour me dire qu’à Wall Street on s’attend à la faillite d’UBS d’une minute à l’autre.» La réponse, donnée à froid et rationnellement, est évidemment négative: «Non, les banques suisses ne risquent rien. Elles jouissent heureusement de fonds propres suffisants et, suite aux exigences de la Banque nationale suisse, elles devront même les augmenter.»
Caisse d’épargne frappée
Mais c’est ainsi que naît la panique, l’exemple même de la toxicité économique d’une rumeur. Il est vrai qu’au jeu de massacre actuel, les instituts bancaires tombent les uns après les autres. Hier matin, les épargnants ont assisté à la faillite de la plus grande banque de dépôt du pays, la Washington Mutual (5410 succursales aux Etats-Unis), affichant des actifs de 307 milliards de dollars et des dépôts de 188 milliards de dollars. La banqueroute de la WaMu était programmée depuis la disparition de Lehman Brothers et le sauvetage in extremis de Merill Lynch. Cette banale caisse d’épargne américaine est en effet l’une des plus exposées aux crédits immobiliers pourris (à hauteur de près de 30 milliards de dollars) et ses petits clients, effrayés, ont, ces dernières semaines, retiré près de 17 milliards de dollars des caisses.
Pour l’autorité de contrôle des banques américaines, c’en était trop: «Washington Mutual n’avait plus les liquidités suffisantes pour remplir ses obligations face aux épargnants», explique ainsi l’Office of Thrift Supervision. Immédiatement mise en faillite, immédiatement rachetée par JP Morgan Chase, qui a déjà joué les pompiers avec Bear Stearns. Et les petits clients de WaMu sont priés de croire qu’ils «ne s’apercevront même pas du transfert d’une banque à l’autre». Cool, calme, circulez, il n’y a rien à voir! La faillite suivante aux Etats-Unis est, bien entendu, déjà programmée. Il s’agit de la banque Wachovia, qui doit faire face à un montant de 167 milliards de dollars de crédits à risque…
Toutes ces banques sont aujourd’hui rachetées pour 1 à 2 milliards de dollars, une broutille face aux 3,1 milliards de dollars qu’ont touché, en rémunération, les cinq ex-banquiers les plus puissants de Wall Street, du patron de Goldman Sachs à celui Lehman Brothers. Or, pendant ce temps, les temples new-yorkais de la finance multiplient les rumeurs, recoupant les vraies informations des supputations. Et – grande première – ces dernières viennent de franchir l’Atlantique.
Hier, ainsi, c’est l’un des vingt plus grands groupes de banque et d’assurance du monde, le belgo-néerlandais Fortis, qui en a fait dramatiquement les frais; son action a d’ailleurs plongé de 22%. Parce que Fortis – qui a avalé l’an dernier la banque néerlandaise ABN Amro – a annoncé qu’il devait vendre une partie de ses bijoux de famille pour payer ce rachat, les marchés ont immédiatement craint un manque de liquidités, des difficultés graves. Le gouvernement belge est même sorti du bois, pour promettre aux «épargnants qu’ils ne risquaient absolument rien». Quelques heures plus tôt, c’était donc au tour d’UBS de faire l’objet des pires spéculations. La thèse, ainsi, d’une absorption d’urgence par le géant britannique HSBC a refait surface, avec insistance. Jusqu’à ce que HSBC démente et annonce, à son tour, le licenciement de 1100 employés dans le monde.
Les indicateurs conjoncturels passent au rouge
La liste noire s’allonge
❚ La fermeture de Washington Mutual fragilise évidemment d’autres banques régionales américaines, qui présentent le même cocktail détonant d’importants encours immobiliers et de suspicion boursière. Ainsi, la liste noire des banques à risques s’est allongée auprès du régulateur des banques à 117 noms au 2e trimestre, contre 90, au premier trimestre.
Ralentissement américain
❚ La croissance économique des Etats-Unis au deuxième trimestre a été revue en baisse de 0,5 point, à 2,8%. Il y a quelques semaines encore, les analystes tablaient sur une croissance de 3,4%. Ce recul est essentiellement dû à une baisse de la consommation des ménages et aux dépenses du gouvernement fédéral.
La Suisse également touchée
❚ L’économie suisse a continué à ralentir en septembre, selon le baromètre conjoncturel du KOF. «Pour l’économie suisse, cela signifie clairement une
croissance ralentie du produit intérieur brut pour les prochains mois», souligne le KOF. La croissance devrait atteindre 2% en 2008 et 1,5% en 2009.
«A star is born»
❚ A toute chose, malheur est bon. Ainsi, si les banques et les têtes tombent les unes après les autres, deux banquiers sont en train de devenir les dieux de la nouvelle planète financière: Jamie Dimon, patron de J.P.Morgan Chase, et Kenneth Lewis, PDG de Bank of America. Le premier a avalé pour une bouchée de pain Bear Stearns et Washington Mutual. Le second s’est octroyé Countrywide Financial et Merill Lynch.
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Faillite et tergiversations pénalisent le dollar
L'actualité du marché des changes fut accaparée cette semaine par les rebondissements concernant le plan de sauvetage de Wall Street formulé par Ben Bernanke et Henry Paulson.
Le moins que nous puissions dire c'est qu'ils peinent à faire accepter un tel plan aux parlementaires américains, qui viendrait ponctionner près de 700 milliards de dollars dans les finances de l'Etat Fédéral. Les parlementaires, démocrates et républicains, sont très réticents, à la veille d'échéances électorales, à donner un chèque en blanc à Henry Paulson. Surtout, ils rechignent à faire payer aux contribuables américains les erreurs de Wall Street.
Le président Bush, constatant le retard pris dans l'adoption du plan de sauvetage, alors qu'Henry Pauslon a, à plusieurs reprises, exhorté les parlementaires à débloquer les fonds nécessaires d'ici à la fin de la semaine sous peine d'une catastrophe financière, a décidé de s'engager personnellement et activement dans cette crise en mettant les parlementaires devant leurs responsabilités. Il a notamment essayé d'obtenir le soutien des deux candidats à la Maison Blanche qui tirent, il faut le reconnaître, bénéfice de la situation actuelle.
A ce retard pris dans l'adoption du plan s'ajoutent les craintes relatives à l'impact de ce plan sur les finances de l'Etat. En effet, le sauvetage de Wall Street devrait augmenter à terme la dette publique américaine, ce qui aura immanquablement un impact de long terme sur le taux de change du dollar, c'est pourquoi les cambistes ne s'enthousiasment pas spécialement à l'adoption du plan. Un sursaut éphémère du dollar devrait certes se produire mais une douche froide devrait s'ensuivre, qui bénéficierait notamment au yen et à la monnaie unique européenne.
Entre temps, les discussions se poursuivent toujours et le chef de la majorité au Sénat espère qu'un accord soit trouvé d'ici à lundi, pour l'ouverture des marchés, qui ont été échaudés vendredi par la faillite retentissante de Washington Mutual. Cette faillite bancaire est la plus importante depuis le début de la crise des subprimes et a encouragé une forte volatilité sur le marché des devises.
Enfin, les spéculations ont repris sur une éventuelle baisse des taux de la Banque Centrale Européenne qui doit réunir son comité de politique monétaire jeudi. Le taux de change de la devise de la zone euro s'affiche plutôt en bonne forme, profitant des faiblesses du dollar. Les spéculations ont ressurgi à la faveur d'un ralentissement de l'inflation allemande en septembre.
http://www.forex.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=625&Itemid=50
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Quelles sont les causes de la crise financière mondiale ?
Faillites bancaires, des milliards de dollars envolés, une croissance mondiale en berne, des gouvernements impuissants. Le capitalisme financier est en crise. Nicolas Sarkozy a expliqué cette semaine que c'était "la fin d'un monde" sans esquisser des pistes de sortie de crise. Les médias alignent en boucle les chiffres de la crise, les chutes des valeurs boursières, les pertes colossales de certaines banques, sans nécessairement expliquer réellement ce qui est en train de se passer en des termes simples. Mais quelles sont les causes de la crise financière mondiale ?
Mode d'emploi simplifié de la crise financière mondiale en 6 étapes.
la suite : http://www.politique.net/2008092703-quelles-sont-les-causes-de-la-crise-financiere-mondiale.htm