Le Canard tente de faire croire que Sarko n’est pour rien dans le fichier Edwige ?
Dans le n° 4586 du 17 septembre 2008, la célèbre page s’ouvre sur pas moins de cinq échos à propos du fichier fascistoïde Edwige, visant à faire du chantage intime, ethnique, fiscal et sexuel sur tous les opposants potentiels à la Sarkozie, et leur entourage, ainsi que sur les jeunes mineurs.
Le premier écho indique que Sarkozy aurait trouvé dans cette affaire, « nulle, archinulle » la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie (MAM), ceci « devant ses conseillers ». Salauds de conseiller élyséens ! Qui s’empressent d’aller cafter au Canard… des éloges de leur patron ! Que le Canard publie sans aucune distanciation ?
Car le deuxième écho du Canard nous montre un Sarko en grand humaniste, comme un roi chevaleresque entouré de ministres tristement incompétents, ultraréactionnaires et liberticides, dont cette MAM qui serait selon Sarko « l’archétype de la bourgeoisie » ! (Comme si l’Omniprésident n’avait pas lui-même choisi ses ministres, ni soigneusement fixé leurs feuilles de route et surveillé leurs moindres faits et gestes, dont les interviews, relus avant parution par l’Elysée.) Et Le Canard, c’est-à-dire ses informateurs intéressés, d’attribuer à Sarkozy cette citation incroyable de hauteur de vue républicaine à propos d’Edwige : « Elle [MAM] aurait pu m’alerter, a-t-il estimé. C’est le genre de truc qui peut nous faire basculer dans le tout-sécuritaire. Une connerie qui touche aux libertés publiques (…) ».
Si vous ne le croyez pas, vous avez le troisième écho, qui vise à prouver la « sincérité » de Sarko qui aurait dit : « Comment peut-elle (MAM), comment peut-on imaginer que la vie sexuelle des leaders syndicaux et des personnalités politiques m’intéresse ? On se le demande. » Justement, nous aussi.
Quatrième écho : Sarkozy enfonce Fillon qui lui aussi ne l’aurait pas prévenu à temps, et Morin le ministre de la Défense, qui aurait profité du couac médiatique pour se distinguer en donneur de leçons, rôle évidemment réservé à Sarko himself.
Cinquième écho : Pour finir, tout cela aurait une explication. Ce n’est pas l’indignation contre Edwige, les milliers de pétitionnaires, les coups de gueule de Bayrou et même d’un PS généralement endormi qui auraient fait reculer la Sarkozie sur le fichier Edwige, non, ce serait un personnage « autrement influent [qui] a agi dans la coulisse : Carla Bruni-Sarkozy elle-même ». Comme quoi il serait bien utile de disposer d’un intercesseur de gauche ( !!!) au sein du ménage présidentiel. (Quel conte de fées. Carla tellement à gauche qu’elle trouve Hortefeux sympa, Hortefeux, l’exécuteur des basses oeuvres du lepénisme présidentiel en acte.)
Évidemment, il est tentant de croire à ce laborieux scénario de la sainteté outragée de Sarko et de Carla, mais avec cependant le vif sentiment d’être pris pour des imbéciles. (D’autant plus qu’Edwige n’est pas encore supprimé, loin de là.)
Et certes il est pénible d’accuser sans preuve Le Canard de se faire le petit télégraphiste complaisant des dernières manipulations de presse de l’Elysée (à ne pas sous-estimer, après avoir déjà réussi cet été le tour de force de déstabiliser de l’intérieur Charlie-Hebdo).
Le Canard, un journal indispensable que nous aimons depuis toujours, dans lequel on lit encore cette semaine des chroniques excellentissimes, comme déjà celle sur Tapie en page une. Mais on sait déjà qu’un nouveau journaliste du Canard issu de la rédaction-en-chef de Libération (le même qui avait osé faire l’éloge de BHL en grand penseur de gauche !), s’est fait pincer dernièrement en train de comploter dans l’intimité avec sa chère copine Carla Bruni, au lieu de boycotter, comme tout journaliste qui se respecte (surtout au Canard), les honneurs et les conforts du sérail et les agapes partagées avec les puissants.