Protégeons nos riches !
Allant plus loin que Nicolas Sarkozy, Laurence Parisot, la patronne du Medef, menace de supprimer les parachutes dorés aux grands patrons. Alors, le défenseur du patron et du parachute qui sommeille en chacun de nous ne manquera pas de poser cette question cruciale : un grand patron sans parachute est-il encore un grand patron ?
Ou si l’on veut une image plus poétique, un grand patron sans parachute n’est-il pas comme un ange sans ailes ? Vous imaginez, vous, un ange sans ailes ? Non, bien sûr ! Et je parie que Nicolas Sarkozy et Laurence Parisot ne l’imaginent pas non plus. Alors, méfions-nous de décisions trop hâtives prises sous le coup de l’émotion publique. Il ne faudrait pas que pour quelques milliards d’euros égarés ici ou là, on mette à mal un système qui a fait ses preuves.
La France est déjà riche de ses pauvres, faudra-t-il qu’elle devienne pauvre de ses riches ? Car c’est vers une extinction des riches que nous allons si nous n’y prenons garde. Nous n’avons pas tant de riches que ça qu’il nous faille en réduire le nombre inconsidérément. C’est comme pour la chasse : si on ne protège pas les espèces menacées, il y a risque de bouleverser le fricosystème. Et qu’on le veuille ou non, nos riches sont une espèce fragile dans notre pays.
Les riches commencent à pulluler en Chine, en Inde. Et nous, lâchement, nous les assassinons, notamment à La Réunion. Je lis dans Libération de samedi ce cri d’alarme de François Caillé qui, rétrospectivement, fait froid dans le dos : « On dit qu’on se goinfre, mais regardez les bilans de nos supers, ils se soldent par des résultats catastrophiques ».
Alors, plutôt que de s’en prendre aux privilèges des patrons, je propose au contraire que nous fassions une association pour les préserver. On pourrait l’intituler APPD : Association pour la protection des patrons et des parachutes ! Tous les érémistes, les chômeurs, les travailleurs précaires, les smicards sont bien entendu invités à y adhérer et à envoyer leurs dons.
Bruno Testa
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