Nicolas Sarkozy veut faire de la France une nation numérique
« En France, on est toujours en retard d’une guerre. » Cette expression populaire peut facilement s’appliquer au numérique, tant l’Hexagone s’est laissé distancé en la matière. La part du numérique dans l’économie est actuellement de 6% en France, contre 13% aux Etats-Unis et 17% en Corée du Sud. L’objectif du président est de rattraper ce retard et de faire de la France à l’horizon 2012 « une puissance numérique à l'égal des économies les plus dynamiques de notre planète » .
Pour se faire, les 150 actions qui seront mises en œuvres s’articulent autour de trois pôles :
- «permettre à tous les Français d’accéder aux réseaux numériques »,
- «développer la production et l’offre de contenus numériques »,
- «diversifier les usages et les services numériques »,
-«rénover la gouvernance et l’écosystème de l’économie numérique »
Le candidat Sarkozy l’avait voulu, le président Sarkozy l’a rappelé en mars, et c’est finalement aujourd’hui que les moyens d’y arriver sont annoncés : porter d’ici 2010 le taux d’équipement des Français en ordinateurs à 70% (contre 55% actuellement). Différents systèmes d’incitation seront proposés. Ainsi, le fameux « PC portable à un euro par jour », jusque là réservé aux étudiants, sera étendu aux foyers modestes. Ce package comprendra un PC, une connexion internet et une formation pour apprendre à les utiliser.
De plus, Eric Besson a déjà annoncé l’opération Ordi 2.0. Il s’agit d’une filière de récupération, retraitement et redistribution d’ordinateurs, et d’une plateforme regroupant les offres en équipement et accompagnement pour les publics défavorisés.
Enfin, les écoles primaires devraient être équipées en « mini-PC » (ordinateurs à bas coûts), et des Espaces publics numériques devraient être créés. « Il est nécessaire d’encourager la concertation entre les acteurs locaux, notamment les collectivités et la Caisse des dépôts et consignations » note le plan à ce sujet.
Face au coût extrêmement élevé du déploiement de la fibre optique (qui permet une vitesse de transfert de données largement supérieur à celle des fils de cuivre du téléphone), que le plan estime à 10 milliards d’euros sur 10 ans, l’État apporte quelques solutions. Il permet ainsi à la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et aux collectivités locales d'investir aux côtés de partenaires privés. Les réseaux en fibre ainsi construits seraient ensuite loués aux opérateurs. Actuellement, c’est aux fournisseurs d’accès eux-mêmes de déployer leur propre réseau de fibre optique.
Dans le même temps, le plan prévoit de simplifier la réglementation technique d’ici la fin 2008, en matière de pose de fibre optique pour les réseaux aériens et souterrains, et de « donner un mandat aux gestionnaires de distribution d’électricité pour étudier la faisabilité technique du déploiement aérien de la fibre optique, et valoriser le réseau de distribution basse et moyenne tension pour la pose de réseaux en fibre optique ». Il prévoit en outre de développer l’action intercommunale en matière d’infrastructures d’accueil de réseaux de communications électroniques.
Les partisans de l’open-source vont être ravis. Afin d’attirer les prix des PC vers le bas, le plan prévoit de « promouvoir un affichage séparé des prix des logiciels et des systèmes d’exploitation préinstallés » et surtout de « permettre la vente découplée de l’ordinateur et de son système d’exploitation ». Cette expérience a déjà été tentée aux Etats-Unis l’année dernière. La chaîne de supermarché Wall-Mart a mis en vente des PC de bureau à moins de 140€ : ils ne disposaient d’aucun logiciel payant préinstallés...
Autre avancée prévue par le plan, dans le domaine du téléchargement légal : les DRM, « considérées comme une nuisance relative à la consommation de musique », devront être adaptées « à la distribution numérique de contenus audiovisuels et cinématographiques ». Pour cela, le plan prévoit de « contribuer activement à la définition de standards inter opérables permettant la protection de contenus audiovisuels et cinématographiques »
Par contre, le plan Besson prévoit de doubler le nombre d'enquêteurs (police et gendarmerie) spécialisés dans la lutte contre le cybercrime. Un groupe spécialisé dans les escroqueries sur le Web sera également créé et un délit d'usurpation d'identité sur Internet sera introduit. En outre, une disposition permettra aux opérateurs de bloquer l'accès des sites pédophiles qui leur seront signalés. Enfin, les pirates informatiques n'ayant pas l'intention de nuire pourront être condamnés à des peines d'intérêt général au lieu d'être mis en prison.
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