Soutien à la Géorgie ou prime à l'agression ?
Après le conflit avec la Russie, la Géorgie déclare 1 milliard de dollars de dommages de guerre. Le PM Gurgenidze ne détaille pas la part du civil et du militaire dans les dégâts (AP 27/08/08).
Le 22 octobre, à Bruxelles, une "conférence des donateurs" offre une aide de plus de 4,5 milliards de dollars (3,4 milliards d'euros) à la Géorgie, l'essentiel provenant de l'UE et des USA, à titre d'aide à la reconstruction (AP, Libre Belgique, Int.Her.Trib 23/10/08). Il n'est pas précisé si une partie sera affectée à l'appareil militaire de Tbilissi. En tout cas, plus des trois-quarts ira dans les caisses de l'Etat géorgien
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Les dégâts occasionnés par l'armée russe seront donc remboursés 4,5 fois ! D'habitude, les pays sortant de guerres s'estiment heureux de ramasser quelques pour-cents de la valeur de ce qui a été détruit lors de pareilles "conférences de donateurs". Une telle générosité, en des temps de crise financière et resserrement du crédit, ne peut être interprétée que comme une tentative de sauver le régime de Saakashvili, dont la déroute militaire s'accompagne d'un effondrement économique. Son opposition avait elle-même appelé à ce que l'aide ne bénéficie ni à l'armée ni au régime. Il semble bien qu'elle ait été ignorée. Au contraire, une telle manne ne peut qu'encourager le gouvernement à tenter à nouveau l'option militaire pour régler les problèmes sud-ossètes et abkhazes.
Encore un détail : la Russie n'a pas été invitée à la "conférence des donateurs" et aucun dollar n'a été affecté à l'Ossétie du Sud, dont la capitale a été à moitié rasée par les tanks, lance-roquettes et bombardiers géorgiens.
C'est ce qu'on appelle une charité bien ordonnée...
Georges Berghezan