Au Kenya, les inondations provoquent des affrontements claniques
« La recrudescence de l’insécurité à Mandera, une région du nord-est du Kenya, a paralysé les transports et entraîné l’imposition d’un couvre-feu, aggravant la situation pour les habitants, déjà touchés par des inondations et de graves pénuries alimentaires. » Le changement climatique pourrait provoquer des conflits, nous a-t-on averti. Dans les régions les plus pauvres de la planéte, ce futur est déjà un présent. Pour des populations en situation de perpétuelle insécurité alimentaire, les dérèglements météorologiques deviennent une cause immédiate d’affrontements.
IRIN (ONU), 24 octobre 2008
La recrudescence de l’insécurité à Mandera, une région du nord-est du Kenya, a paralysé les transports et entraîné l’imposition d’un couvre-feu, aggravant la situation pour les habitants, déjà touchés par des inondations et de graves pénuries alimentaires.
« La situation va de mal en pis et un couvre-feu a été imposé », a déclaré à IRIN Titus Mung’ou, chargé de communication de la Croix-Rouge kényane, le 22 octobre.
Au moins trois personnes ont également trouvé la mort, 300 personnes ont été déplacées et une trentaine de maisons ont été incendiées le 21 octobre dans le village voisin de Koromey, au cours d’attaques menées par des pilleurs armés. Koromey se situe à cinq kilomètres de la ville de Mandera.
Les échauffourées opposaient le clan des Garre à celui des Murule, qui par le passé se sont disputés l’exploitation de points d’eau pour l’abreuvement de leur bétail. Le 16 octobre, les clans se sont affrontés au sujet de terres sur lesquelles des habitants, déplacés par les inondations en ville, s’étaient installés temporairement.
Environ 13 habitants de Koromey étaient portés disparus le soir du 22 octobre, selon la Croix-Rouge.
« Les dernières victimes des affrontements claniques ont besoin d’urgence de vivres et de denrées non-alimentaires, notamment d’un lieu d’hébergement », selon un communiqué publié par l’organisme le 23 octobre. « La Croix-Rouge kényane travaille avec le gouvernement et d’autres ONG pour porter secours aux personnes déplacées par les crues éclairs et les récents affrontements claniques. L’assistance humanitaire est en cours, après avoir été interrompue par les affrontements ».
Une grave pénurie alimentaire et une augmentation spectaculaire des prix ont été signalées dans la ville frontalière depuis que les trois seules sociétés de transport desservant la région ont suspendu leurs activités pour des raisons de sécurité.
Mandera, qui souffre d’insécurité alimentaire, dépend en effet des vivres acheminés depuis d’autres régions du pays et depuis les zones frontalières. La ville est limitrophe de l’Ethiopie et de la Somalie.
Amina Shekh Abdullahi, commerçante de produits alimentaires locale, a expliqué à IRIN qu’elle se trouvait bloquée à Isiolo, une ville de la province Orientale voisine, avec ses produits frais de la ferme. « J’ai peur que tous ces choux, ces pommes de terre et ces carottes, que j’ai achetés pour les vendre à Mandera, ne soient gâchés ».
Isiolo se trouve au sud-ouest de Mandera. Plusieurs centaines de passagers, qui se rendaient dans les villes voisines de Garissa et Wajir, ont également été bloqués en chemin. Un chauffeur de bus a expliqué à IRIN que plusieurs véhicules avaient été pris pour cibles et que deux passagers avaient été tués.
Le gouvernement a imposé un couvre-feu interdisant la circulation et les activités commerciales dans la ville, après le meurtre d’au moins 20 personnes, au cours de ce dernier mois.
Publication originale IRIN
Illustration : anciens nomades de la région de Mandera (IRIN)