Encore un méfait du ministère de l'immigation, de l'intégration de l'identité nationale et du co-développement et de l'inhumanité gouvernementale (gloups)
Léonard Aman-Clair, itinéraire d'un enfant pas franchement gâté
Léonard Aman-Clair, Ivoirien, a été adopté en 1998 par une famille française, mais de retards en erreurs de procédures, son passeport n'a jamais pu être renouvelé. Le garçon sans histoire a été expulsé en novembre 2007. Aujourd'hui, malgré l'accord de principe du ministère de l'immigration, le consulat lui refuse définitivement tout visa. Quand l'adoption mène à l'expulsion... et au bannissement.
Léonard a été abandonné par sa mère peu après sa naissance. Son père étant décédé, c'est sa grand-mère maternelle qui le prend en charge. Elle meurt pendant son adolescence, et c'est son demi-frère de 40 ans son aîné qui s'occupe alors de lui. Mais celui-ci décède, laissant Léonard sans famille. Christian Clair, ami de la famille de longue date, connait Léonard depuis sa naissance, et lui propose de l'adopter. Ce sera chose faite en 1998 par procédure dite "simplifiée", préconisée pour les adoptions tardives, à 24 ans en l'occurrence. Mais l'adoption après les 16 ans n'entraîne pas automatiquement l'acquisition de la nationalité française.
Fin 2002, pour les fêtes, Léonard arrive en France muni d'un visa touristique
Il ne compte pas s'installer mais au moment de retourner dans son pays, la crise politique ivoirienne redouble d'intensité et les liaisons aériennes sont coupées. La famille de Léonard n'est par ailleurs pas très chaude pour le laisser repartir là-bas. En attendant que les choses rentrent dans l'ordre, son père adoptif essaie à plusieurs reprises de renouveler le visa via le consulat de Lyon. Mais il arrivera à chaque fois incomplet ou non valable : sans photo, sans cachet, nom mal orthographié. En parallèle, au vu de la situation de quasi guerre civile dans son pays, il pose une demande d'asile, rejetée. Il était totalement intégré. Il vivait entre Lyon, la Loire et l'Isère où habitent son père, ses oncles, tantes et cousins, qui le connaissent depuis sa jeunesse. Depuis 2002, il avait été contrôlé à plusieurs reprises, à Lyon, avec ce passeport périmé, mais son adoption étant parfaitement enregistrée en France et en Côte d'Ivoire, personne n'y a jamais rien trouvé à redire... jusqu'en novembre 2007, date de son expulsion.
Le ministère qui dit Oui, le consulat qui dit Non
Depuis, sa famille et ses amis se sont organisés en collectif, "Les amis de Léo". Ils ont obtenu le soutien de cinq parlementaires. Et le ministère de l'immigration, de l'intégration et de l'identité nationale, a convenu cet été, au travers de 2 courriers émanant du directeur et du chef de cabinet du ministre qu'il pourrait revenir un France via un visa long séjour. Mais le consulat de France d'Abidjan vient de lui refuser ce visa D "Schengen", sans justification, comme l'y autorise la loi Sarkozy du 26 novembre 2003. Madame Varga, vice consul chargé des visas, a simplement indiqué au collectif, par téléphone, qu'elle ne délivrerait aucun visa à Léonard, ni pour un long, ni pour un court séjour. Selon un porte-parole du collectif, le "risque" qu'il tente de s'installer en France est la raison principale de ce refus.
Aux FARC, on dit Oui, aux enfants adoptés, on dit Non
Au moment où le gouvernement accepte officiellement d'accueillir certains membres repentis des FARC, organisation classée dans la colonne "terroriste", sur son territoire, l'enfant sans histoire d'un ressortissant français en est banni. Et Léonard n'est malheureusement pas le seul exemple. Le collectif a dénombré, avec les moyens du bord, une vingtaine de cas récents, au travers d'arrêts rendus récemment par des cours administratives. Ce chiffre n'est pas exhaustif.
Léonard n'est pas à proprement parler "interdit de territoire", ce serait contraire à la Convention Européenne des Droits de l'Homme. Disons simplement qu'il est "non autorisé", et ça, c'est légal. Quand on vous dit que les mots ont un sens... "À la fin septembre, le nombre d'éloignements était supérieur au total des éloignements de toute l'année 2007", a récemment déclaré hier Brice Hortefeux, fier de son ministère amer. C'est quand même ça l'important !
Source : (Article publié sur le site "Les mots ont un sens")