Pour Angela Merkel, 2009 sera "une année de mauvaises nouvelles"
La chancelière allemande Angela Merkel dit s'attendre à ce que les premiers mois de 2009 apportent leur lot de mauvaises nouvelles supplémentaires pour la première économie d'Europe, une perspective qui encourage les partisans de baisses d'impôts au sein de son propre camp.
Dans une interview publiée samedi par le Welt am Sonntag, Merkel estime que l'évolution économique de l'Allemagne, de l'Europe et du reste du monde est difficile à prédire, mais en ajoutant: "Nous devons nous attendre à ce que l'année qui vient, au moins dans les premiers mois, soit une année de mauvaises nouvelles."
L'Allemagne est entrée en récession au troisième trimestre, marqué par une contraction de 0,5% de son produit intérieur brut (PIB), plus prononcée que ce qu'on attendait. Un responsable du ministère de l'Economie a déclaré que le dernier trimestre 2008 s'annonçait un peu meilleur.
Le gouvernement Merkel prévoit une croissance du PIB de 0,2% l'an prochain.
"Nous avons stabilisé les marchés financiers par un ensemble de mesures pour les banques, mais il reste à rétablir la confiance, il faut que ce qu'on appelle le marché interbancaire redevienne pleinement opérant", note Merkel dans son interview en se référant au plan de sauvetage de 500 milliards d'euros lancé par son gouvernement pour le secteur bancaire.
Elle ajoute que le programme de relance économique décidé par son gouvernement vise à jeter un pont entre citoyens et entreprises "pour que la tendance reparte à la hausse en 2010".
Le cabinet de Merkel a approuvé une série de mesures visant à engendrer 50 milliards d'euros d'investissements et de contrats environ pour soutenir l'économie face aux effets de la crise financière internationale.
Mais son ministre de l'Economie, Michael Glos, membre de l'Union chrétienne-sociale (CSU), alliée à la CDU de Merkel, juge que ses initiatives restent insuffisantes.
"Nous devons agir de manière plus décisive. Une baisse immédiate des impôts pour les revenus faibles et moyens améliorerait la situation économique", déclare-t-il dans un entretien accordé à l'hebdomadaire Der Spiegel.
Dans le même magazine, le chef d'un groupe de la CDU représentant les PME, Josef Schlarmann, a lui aussi plaidé pour "aller bien au-delà dans notre réponse à la crise" en réduisant la taxe professionnelle.
Quand au président de la fédération DIHK des Chambres de commerce et d'industrie, Ludwig Georg Braun, il a estimé que le meilleur programme de croissance était de baisser les impôts. "On ne peut pas attendre", a-t-il dit au quotidien B.Z.
Les députés allemands ont autorisé vendredi 18,5 milliards d'euros de nouveaux emprunts nets pour l'Etat fédéral en 2009, au lieu de 10,5 milliards initialement prévus.
Le gouvernement de grande coalition espérait parvenir à un budget fédéral à l'équilibre d'ici 2011, mais des responsables reconnaissent désormais que l'objectif sera difficile à atteindre.
Kerstin Gehmlich, version française Philippe Bas-Rabérin et Jean-Stéphane Brosse