Plans de relance européens : faux cadeaux, déficits et vrais chômeurs
Beaucoup de commentateurs invoquent le New Deal de Roosevelt. Pourtant, son efficacité n'a jamais été prouvée. Pis, l'économiste Ed Yardeni pense que ce plan a aggravé la crise. Il est impossible de dérouler le film de l'Histoire selon un autre scénario pour en voir les résultats, donc de statuer sur le fait que le New Deal, à défaut d'être efficace, a eu en effet adoucissant.
Cependant, les faits sont têtus. Le monde est réellement sorti de la dépression grâce à la Seconde Guerre mondiale. La longue période de croissance qui a suivi, les Trente Glorieuses, est essentiellement due à la reconstruction d'une Europe en ruines.
Le deuxième cas de relance qui a échoué est celui du Japon. Ce pays a tout essayé pour contrer une crise qui avait démarré en 1980 dans le secteur bancaire. Taux zéro, impression de yens, travaux d'infrastructures... Dix-huit ans plus tard, la valeur de l'indice Nikkei est divisée par 5 et l'immobilier est 20% moins cher.
Cependant, tous les plans de relance ont pour point commun de creuser le déficit. L'Amérique de Roosevelt n'était pas sur endettée, le Japon d'il y a vingt ans avait une balance excédentaire. Aujourd'hui, des pays endettés estiment utile d'aggraver leur situation budgétaire, au motif d'amortir les conséquences d'événements qu'ils n'ont pas provoqués. Est-ce bien raisonnable ?
"Suffit-il, en effet, qu'il y ait une volonté de relance, et des moyens d'agir, pour que tout fonctionne ?", interroge Roger-Pol Droit dans Le Figaro. "Il ne suffit pas de décider pour que le résultat suive, poursuit-il. Kant a cette jolie formule : 'Ma pensée n'impose aucune nécessité aux choses'."
La dette creusée, il faudra bien un jour l'apurer. Qui paiera la facture ? Les contribuables sans aucun doute. Tous les contribuables ? Non, seulement les plus chanceux, ceux qui auront encore un emploi. L'OCDE prévoit près de 9 millions de chômeurs en France, en Allemagne et au Royaume-Uni en 2010.
L'Allemagne a la phobie des déficits, elle veut un euro fort. Cette réaction épidermique provient justement de la crise de 1929. Accablée alors par le fardeau de sa dette de guerre, la dépression y avait débouché sur l'hyperinflation et l'avènement du nazisme. On comprend mieux les réticences d'Angela Merkel.
Par Simone Wapler, 28 janvier 2009
http://www.moneyweek.fr/conseils/00454/plan-relance-europe-chomage.html