Gaza ; les militaires israéliens refusent de laisser entrer du matériel pour filtrer l’ eau

Publié le par sceptix



Saed Bannoura (+ Irin)
 
La guerre que mène Israël contre le peuple palestinien à Gaza, ce n’est pas seulement les bombardements barbares : le gouvernement israélien a refusé de laisser entrer le matériel français de filtrage de l’eau qui est indispensable à la bande de Gaza ravagée par la guerre israélienne.

Selon le ministre français des Affaires étrangères, vendredi 30 janvier, Israël a interdit au gouvernement français d’acheminer le système de filtrage de l’eau à Gaza où la population est sans eau potable depuis des semaines [1].

Dans certaines parties de Gaza, les eaux usées inondent les rues et les maisons après l’assaut israélien contre Gaza qui s’est terminé il y a 10 jours, quand les Israéliens ont décrété un cessez-le-feu.

L’armé israélienne a violé le cessez-le-feu 7 fois depuis, notamment lors d’une attaque qui a blessé hier (30 janvier) plusieurs élèves d’une école primaire à Khan Younis. Les combattants palestiniens ont tué un soldat israélien lors d’une invasion israélienne du sud de Gaza, en violation du cessez-le-feu.

Pendant ce temps, le blocus imposé à la bande de Gaza perdure, et, à cause du manque d’eau, les Palestiniens n’ont même pas pu nettoyer les graffiti racistes et les excréments étalés sur les murs par les soldats israéliens [2] .

Le gouvernement français a convoqué l’ambassadeur israélien à Paris pour demander des explications sur les raisons du refus de laisser entrer le système de filtrage de l’eau, alors que les autorités françaises étaient passées par les canaux appropriés pour obtenir l’autorisation.  [3]

[1] voir Irin :

Risque de contamination de l’eau de boisson par les eaux usées

"face à l’effondrement imminent du système d’évacuation des eaux usées à Gaza, un éminent ingénieur hydraulique a fait état d’un risque de contamination des eaux souterraines dans l’enclave, ce qui raréfierait d’autant plus l’eau salubre.

Gaza est particulièrement vulnérable à la contamination de ses eaux souterraines, puisque le sol désertique et sablonneux de l’enclave absorbe aisément l’eau (ou les eaux usées qui fuient des canalisations d’égout). Ce risque est d’autant plus important que les eaux souterraines circulent relativement près de la surface, et que les puits creusés pour y accéder sont souvent peu profonds.

Le système d’évacuation des eaux usées, mal entretenu, dangereux et de plus en plus vétuste, pâtit d’un cruel manque d’investissements. Au moins une station de traitement des eaux usées est également mal située, à Sheikh Ajleen, dans une zone plane et sablonneuse, ce qui augmente le risque de voir les eaux usées s’infiltrer dans la nappe phréatique.

De nombreuses canalisations ont également été endommagées par les bombardements israéliens : dès lors, lorsque l’eau est acheminée sous pression jusque chez l’habitant, les canalisations endommagées aspirent l’air et peut-être les eaux usées, selon Majed Ghannam, responsable de la qualité de l’eau à la Société de gestion de l’approvisionnement en eau des municipalités côtières (CMWU), la société des eaux de Gaza.

« Le plus dangereux, c’est la contamination de l’eau potable par les eaux usées. Il faut qu’un organisme international comme l’Organisation mondiale de la santé mène des recherches à ce sujet », a recommandé Monther Shoblak, directeur général de la CMWU.

Obstacles aux réparations

« Huit des principaux puits d’eau artésiens ont été partiellement ou entièrement détruits pendant les bombardements [israéliens] », a en outre rapporté M. Shoblak.

Mais les travaux de réparation ont été entravés par l’interdiction d’importer. Israël a en effet interdit l’importation de divers matériaux tels que les tuyaux, qui peuvent être utilisés, selon les autorités, pour la fabrication de bombes.

De même, la CMWU n’a pas pu importer d’excavateurs, de véhicules lourds et autres équipements spécialisés. Pendant l’offensive israélienne, presque aucun travail de réparation n’a pu être mené, a expliqué M. Shoblak, ajoutant : « huit réparateurs ont été tués au cours des attaques israéliennes ».

Malgré tout, la CMWU fait ce qu’elle peut, selon le dernier bulletin d’information publié par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Le 21 janvier, la société a entamé des travaux d’urgence pour réparer un ensemble de puits et de canalisations, à Gaza-ville et dans le nord de la bande, dont le puits n°5 de Sheikh Ajleen, le puits Ghabin de Beit Lahiya, et le puits Alzohour de Jabalia.

Les équipes techniques travaillent actuellement à la réparation des puits de la zone d’Administration civile (le long de la route de Salahaddein, à l’est de Jabalia et au nord de Gaza-ville) et du puits de Khadija à Beit Hanoun.

La station de traitement des eaux usées de Sheikh Ajleen/Gaza-ville a été réhabilitée le 25 janvier, selon M. Shoblak.

Distribution d’eau potable

« Les enfants sont particulièrement vulnérables aux maladies en situations de déplacement ou lorsque les conditions d’hygiène sont mauvaises », a expliqué à IRIN Jon Bugge, du bureau de Save the Children à Ramallah.

« Au 18 janvier, selon les Nations Unies, environ 400 000 personnes, dont 224 000 enfants, n’avaient toujours pas l’eau courante. Nous attendons les conclusions de l’évaluation rapide menée actuellement à Gaza pour avoir des informations plus précises ».

Selon le bulletin d’information publié par OCHA en date des 26-27 janvier, « l’UNICEF a averti que la pénurie continue d’eau de boisson et le débordement des égouts dans les zones résidentielles présentaient de graves risques de santé publique ».

Depuis le 17 janvier, Oxfam distribue chaque jour, en moyenne, 10 litres d’eau de boisson traitée au chlore à 30 000-40 000 personnes, essentiellement à Gaza-ville et dans le nord de la bande.

Entre le 12 et le 20 janvier, l’Australian Conservation Foundation (ACF) a distribué 25 litres d’eau par personne et par jour sur une période de cinq jours à 6 988 personnes, à Gaza-ville, au Beach Refugee Camp et au camp de réfugiés de Jabalia.

La CMWU a également fourni des véhicules pour le transport de l’eau de la station de désalinisation de Deir el-Balah (centre de Gaza) à Izbat Abed Rabbo, dans le nord, a indiqué M. Shoblak."

http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx ?ReportId=82670

voir aussi :

« Effondrement » des systèmes d’eau et d’assainissement à Gaza

Les Nations Unies ont prévenu que les réseaux électriques étaient hors d’usage le 4 janvier dans de larges secteurs de la bande de Gaza et que les hôpitaux ne fonctionnaient plus que grâce à des groupes électrogènes. Les pompes n’étant plus alimentées, 70 pour cent des habitants de Gaza, selon les estimations, sont privés d’eau courante.

D’après le dernier rapport (daté du 4 janvier) du coordinateur humanitaire des Nations Unies dans Territoires palestiniens occupés, Israël bloque l’approvisionnement en carburant, et les stocks s’amenuisent.

L’organisation non gouvernementale israélienne Gisha a déclaré que sept des 12 lignes électriques de l’enclave (les 12 lignes fournissent normalement quelque 70 pour cent de l’électricité de Gaza) étaient à l’arrêt, et averti que l’absence d’alimentation électrique provoquait des montées d’eaux usées dans les zones habitées et les terres agricoles. Le risque d’inondation soutenue persiste.

« Le système d’approvisionnement en eau et le réseau d’assainissement de Gaza se dégradent, privant les habitants d’eau et provoquant des inondations dans les rues », a déploré Maher al-Najjar, directeur adjoint de la société de gestion de l’approvisionnement en eau (CMWU) de Gaza.

Ce dernier a ajouté que 48 des 130 puits de Gaza étaient totalement à l’arrêt en raison de la coupure d’électricité et de tuyaux endommagés. « Au minimum 45 puits supplémentaires ne fonctionnent que partiellement, et sont susceptibles de cesser de fonctionner au cours des prochains jours à défaut d’approvisionnement en carburant et en électricité », a affirmé M. al-Najjar.

Les sanctions imposées sur Gaza par Israël, qui incluent de sévères restrictions sur les importations, ont provoqué durant quelques temps une pénurie de pièces détachées, qui est venue aggraver les problèmes actuels.

Les chirurgiens du CICR bloqués

Le CICR n’a pu envoyer son équipe de chirurgiens à Gaza en raison de la fermeture du point de passage d’Erez par Israël Dans l’intervalle, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), à Genève, a déclaré qu’un approvisionnement en matériel médical, notamment en sang, en médicaments et en produits tels que des sacs mortuaires, était nécessaire. Le CICR n’a pu envoyer son équipe de chirurgiens à Gaza, en raison de la fermeture du point de passage d’Erez par Israël. L’équipe du CICR essayait d’y pénétrer depuis la semaine précédente, avant le lancement d’une invasion terrestre par Israël, mais s’est retrouvée bloquée.

Au terme d’une semaine de frappes aériennes sur l’enclave côtière, les Israéliens ont lancé le 3 janvier une offensive terrestre : des obus ont été tirés, puis des troupes dépêchées à Gaza.

Depuis le début de l’offensive, le 27 décembre, on recense plus de 515 victimes côté palestinien, dont un quart de civils d’après les estimations de l’ONU, et quatre victimes côté israélien, dont trois civils. Les Israéliens ont été tués par des tirs de roquette palestiniens.

Israël a expliqué que l’opération avait été lancée pour contenir les tirs de roquette et de mortier provenant de l’enclave.

Depuis le début de l’offensive terrestre, les déplacements au sein de l’enclave sont devenus plus difficiles. Les citoyens ont peur de s’aventurer à l’extérieur. Un travailleur humanitaire a expliqué que certaines personnes avaient peur de faire la queue pour obtenir du pain, de crainte de se faire surprendre par des tirs aériens.

Selon le CICR, dans le nord de Gaza, une femme n’ayant pu se rendre à l’hôpital a mis au monde un enfant mort-né et souffert d’une rupture de l’utérus.

Un auxiliaire médical a été tué le 4 janvier lorsque son ambulance a été frappée par un obus israélien, selon Oxfam. L’incident a blessé deux autres personnes, dont une a perdu un pied.

Un porte-parole du CICR à Genève a souligné la nécessité de protéger les installations sanitaires et le personnel médical et de laisser ces derniers faire leur travail librement.

Selon les organisations humanitaires, un grand nombre de personnes décédées et blessées arrivent dans des hôpitaux incapables de faire face, notamment à cause des pénuries dans l’enclave découlant de la fermeture par Israël des points de passage vers Gaza. Dans le sud, le point de passage de Rafah séparant la bande de Gaza de l’Égypte est également totalement fermé.

GENÈVE, 6 janvier 2009 (IRIN) - http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx ?ReportId=82217

[2] pratique répugnante d’humiliation délibérée très largement répandue chez les soudards israéliens dans les maisons et bâtiments qu’ils occupent au mépris du droit international, régulièrement constatée par les Internationaux qui les ont vus à l’oeuvre

[3] publié par Imemc http://www.imemc.org/article/58712

Intro, synthèse, choix de photo (eaux usées, Wadi gaza, près de la ville de Gaza- Yahoo) et note : C. Léostic, Afps
http://www.france-palestine.org/article11026.html
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