Natixis, la filiale maudite
On lui prédisait un avenir radieux. Elle est pourtant au coeur des discussions entre les Caisses d’épargne et les Banques populaires. Deux ans après avoir été portée sur les fonts baptismaux, Natixis est devenue un gouffre financier. La banque de marchés et d’investissement, détenue à hauteur de 35 % chacune par les Caisses d’épargne et les Banques populaires, a même frôlé la faillite au plus fort de la tempête financière fin 2008, au même titre que Dexia.
En novembre 2006, Les Banques populaires et les Caisses d’épargne décident de fusionner leurs banques d’investissement respectives, Natexis et Ixis. Objectif : créer un acteur de taille, capable de rivaliser avec les grands établissements européens, américains et asiatiques. Ce devait être la première étape avant la fusion totale prévue pour 2011. Son introduction en Bourse en décembre 2006 emporte un franc succès : près d’un million et demi de particuliers se ruent pour souscrire le titre. Il faut dire que la force de frappe des quelque 8 000 agences des deux réseaux se font fort de convaincre les épargnants… Des projets d’acquisition sont évoqués. Mais très vite, la machine se grippe.
Des activités extrêmement risquées
En 2007, Natixis se retrouve engluée dans la crise des subprimes. La banque est alors très active dans le placement des titres de crédits adossés à des créances hypothécaires. Quelques mois plus tard, elle se retrouve obligée de recapitaliser à hauteur de 1,5 milliard d’euros CIFG, une filiale américaine héritée des Caisses d’épargne, qui détient bon nombre de crédits « pourris ». Malgré les efforts de Dominique Ferrero, son directeur général, pour recentrer l’établissement sur des activités plus sûres, Natixis va de mal en pis.
Puis arrive la crise de 2008. Natixis, qui a développé des activités extrêmement risquées, paie cash sa stratégie audacieuse. Elle doit déprécier des actifs toxiques à hauteur de 3,9 milliards d’euros et est contrainte de procéder à une augmentation de 3,7 milliards d’euros mi-septembre. Mais cela ne suffit pas. En décembre, elle bénéficie de l’intégralité de la première enveloppe reçue par ses deux actionnaires et délivrée par l’Etat pour aider les banques, soit 2 milliards d’euros. Au même moment, la direction opère un changement stratégique. Les activités portant sur des produits risqués sont arrêtées.
Une rallonge de 2 à 3 milliards d’euros
Malgré cela, le mal est fait. En janvier, 2,5 milliards d’euros supplémentaires sont injectés. Mais la note risque d’être encore plus salée : une rallonge de 2 à 3 milliards d’euros est négociée en ce moment. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, Natixis a dû avouer qu’elle était exposée à hauteur de 450 millions d’euros dans le scandale Madoff. Aujourd’hui, Natixis est au plus mal. Son action, qui valait 19,55 € , le jour de son introduction en Bourse, valait vendredi soir à la clôture de la Bourse… 1,010 € ! D’ailleurs, ce problème de valorisation a été au coeur des négociations de fusion
.Sébastien Lernould | 22.02.2009, 07h00
http://www.leparisien.fr/economie/natixis-la-filiale-maudite-22-02-2009-419266.php