Le temps béni des colonies
Le temps béni des colonies...
21 Février 2009
La crise économique est là, inexorable. Elle s’impose à tous et chacun cherche à s’en tirer comme il le peut. Si certains renient les profondes certitudes dans lesquelles ils ont été élevés, d’autres par contre goûtent avec amertume, un certain plaisir une certaine forme de revanche. Mais la crise est là, avec ses différents symptômes, selon qu’on vive dans un pays développé ou qu’on essaie de survivre dans un pays en voie de sous-développement. Si dans les premiers, on assiste à une vague de licenciements sans précédent, à une dépréciation de matières premières, à un développement du chômage et à l’écroulement des valeurs boursières, dans les seconds, où le chômage était déjà endémique, les matières premières bradées à l’étranger et la bourse inexistante, c’est le surenchérissement des denrées alimentaires et le phénomène harraga qui défraient la chronique. Alors, les régimes essaient de répondre comme ils peuvent: certains commencent à faire de déchirantes révisions à leurs projets et procèdent à remiser au fond de leurs tiroirs les projets mirobolants qu’ils s’apprêtaient à réaliser, d’autres, par contre, commencent à adopter un profil bas et mettent, à regret, beaucoup d’eau dans leur vin pour faire passer la pilule amère. Pourtant, les événements violents qui se sont déroulés en Grèce sont éloquents: une simple bavure policière a failli déclencher une révolution dans un pays où l’on croyait la démocratie profondément enracinée. On vérifie qu’il ne suffit pas d’appartenir à la communauté européenne pour croire échapper aux maux du tiers-monde. Mais la crise économique est là pour rappeler la fragilité des traités internationaux devant la faillite des systèmes.
Sarkozy l’a bien compris puisque dans la même semaine qui a suivi la tragédie grecque, il a préféré renoncer à faire passer de force par un Parlement qui lui est acquis (bien que les députés n’aient pas eu d’augmentation de salaires), une réforme de l’éducation contestée par les syndicats d’enseignants et les associations d’élèves.
Des manifestations de grande ampleur ont vite fait rentrer le loup dans les bois: Sarkozy ne voudrait pas risquer un nouveau Mai 68 alors que parallèlement, les jeunesses espagnoles et italiennes commençaient à donner des signes de nervosité. Cette retraite tactique, pourtant, ne suffisait pas à raisonner les ultralibéraux qui ne veulent pas renoncer à leurs projets de mettre à genoux les organisations syndicales ouvrières. Et Sarkozy de continuer à faire passer ses réformes dans les divers domaines: justice, recherche, santé...C’est alors que l’orage éclata là où on l’attendait le moins: dans un coin de carte postale de vacances au soleil sous les cocotiers, dans ces départements oubliés dont on n’entend parler qu’aux congés payés! La révolte en Guadeloupe avait pourtant bien commencé ave des négociations syndicales très banales. Et c’est alors que le monde, stupéfait, apprend que la vie est 25% plus chère sous le ciel des tropiques qu’en métropole et que les rapports économiques entre Noirs et Blancs n’ont guère changé depuis la fameuse abolition de l’esclavage en 1848. (Il faut rappeler au passage, puisque l’enseignement de l’histoire de France est partial, que cet esclavage fut momentanément supprimé par la Révolution de 1789, mais que dans les faits, il existait toujours et Napoléon 1er s’empressa de le rétablir légalement pour satisfaire ses commanditaires.
Il faut rappeler qu’en 1848, les colons français établis aux Antilles furent dédommagés financièrement pour la perte de leurs esclaves. Les descendants de ces esclaves attendent toujours d’être dédommagés. Et la violence qui a fini par éclater dans l’île a fait ressortir les vieux réflexes métropolitains: l’envoi de nouveaux contingents de gendarmes. Comme en 1954 après un certain 1er Novembre!
Les Antillais n’en finissent pas de goûter aux bienfaits du colonialisme.
Selim M’SILI
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