| | | | Le porte-parole de l'armée nord-coréenne dénonce à la télévision d'Etat les manoeuvres militaires entre les États-Unis et la Corée du Sud, estimant qu'il s'agit d'une "déclaration de guerre", 9 mars 2009 TBS, Japon | | | | | La tension monte entre les deux Corées, alors que les armées sud-coréenne et américaine se livrent, du 9 au 20 mars, aux exercices annuels baptisés Key Resolve et destinés à améliorer leur capacité défensive en cas d'éventuelle agression ennemie. Le 9 mars, vers 3 heures du matin, le porte-parole de l'état-major de l'armée nord-coréenne a annoncé que "le contrôle sera renforcé dans les zones frontalières pour assurer la sécurité" et que "les liaisons téléphoniques militaires entre les deux Corées seront coupées". Et, de fait, elles l'ont été le jour même, à 5 heures du matin, a constaté le gouvernement sud-coréen. L'interruption des communications réservées aux vérifications mutuelles préalables à tout franchissement de la ligne de démarcation militaire entraîne comme conséquence immédiate des dysfonctionnements dans la zone industrielle spéciale de Kaesong, située au Nord [où nombre d'entreprises sudistes ont investi]. Ce nouvel épisode survient alors que le régime nord-coréen avait déjà proféré, le 5 mars, une menace sans précédent, qui inquiète les autorités de Séoul, à savoir qu'il "ne pouvait garantir la sécurité des avions civils sud-coréens survolant la mer de l'Est [mer du Japon] pendant la durée de Key Resolve". Les armées des deux Corées disposent depuis l'an 2000 de six liaisons téléphoniques à l'ouest et de trois à l'est de la péninsule. Les premières ne fonctionnent plus depuis le 5 mai 2008. Les trois autres viennent donc d'être coupées. Leur fermeture met en péril non seulement l'avenir du site de Kaesong, mais, surtout, en cas de conflit, les deux pays seraient dans l'incapacité d'entrer en contact. Le porte-parole du ministère de la Réunification à Séoul a déclaré qu'"il était dommage que les Nord-Coréens multiplient les mesures regrettables" et il les a incités à suspendre les provocations. "Conformément aux accords intercoréens garantissant la sécurité de la circulation, Pyongyang devrait abroger immédiatement ces mesures, de façon à assurer le bon fonctionnement de Kaesong et du mont Kumgang [site touristique nord-coréen exploité par le Sud]". Selon le ministère, 573 Sud-Coréens séjournent à Kaesong, dont 242 devaient repasser au Sud ce jour-là. Le gouvernement de Séoul a par ailleurs alerté d'autres ressortissants s'apprêtant à entrer en Corée du Nord par d'autres voies, dans le cadre des échanges civils, sans toutefois essayer de les en dissuader. Non content d'interrompre les liaisons téléphoniques, le régime nord-coréen a réitéré son intention de lancer le satellite Kwangmyongsong-2. "Ce lancement est un droit que personne ne peut nous refuser", a écrit, le 7 mars, l'hebdomadaire nord-coréen Tongil Sinbo. "Toute tentative de destruction de notre satellite signifierait une déclaration de guerre et entraînerait une riposte immédiate, mettant en œuvre les moyens les plus puissants. Les Américains, les Japonais et les Sud-Coréens subiraient alors notre vengeance", a déclaré un communiqué de l'état-major de l'armée nord-coréenne. De son côté, le commandement suprême nord-coréen a déclaré que le pays "procédera à des représailles sans merci si son espace aérien, son sol ou ses eaux territoriales sont violés, ne serait-ce que d'un millimètre". Yang Mu-jin, professeur de l'Ecole d'études nord-coréennes, fait remarquer que "Key Resolve a doublé, cette année, en ampleur et en durée. Il inclut par ailleurs un porte-avions américain à propulsion nucléaire, ce qui est perçu comme une provocation et une menace par la Corée du Nord, laquelle va faire monter la tension pendant toute la durée des manœuvres, en se livrant par exemple à des exercices militaires en mer Jaune. Le régime de Pyongyang tente de rappeler que la responsabilité de cette tension incombe au Sud et aux Etats-Unis, et de renforcer la solidarité interne. Même s'il n'a pas l'intention de fermer le site de Kaesong, il faut à tout prix que le gouvernement sud-coréen change sa politique et communique avec le Nord, notamment pour surmonter le problème du nucléaire nord-coréen." |
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=95469 CORÉE DU NORD • Un missile pour négocier avec Barack Obama | | Pyongyang s’apprête à procéder à un tir de fusée. Mise en orbite d’un satellite ou test d’une arme balistique ? Quelle qu’en soit la nature, ce tir doit amener Washington à reprendre le dialogue. | | Pyongyang s’apprêterait à tirer un missile à longue portée, rapporte depuis quelques jours la presse sud-coréenne et étrangère. Un satellite espion américain aurait détecté le déplacement d’un engin qui pourrait être un missile Taepodong-2, ainsi que les matériels nécessaires à un tir, vers une base située à Musudan-ri, dans l’est du pays. Les Nord-Coréens se préparent à lancer une fusée, et la tension monte entre les deux Corées. Cependant, il semble prématuré d’affirmer qu’il s’agit bien d’un Taepodong-2. Une fusée peut avoir un but militaire ou un usage pacifique, selon sa charge. Il semble y avoir dans cette affaire une confusion entre un lanceur de satellites et les missiles balistiques intercontinentaux. Les deux utilisent des vecteurs à trois étages, mais il faut deux ajouts techniques non négligeables pour lancer un missile de cette puissance. D’une part, il faut augmenter considérablement le poids de la tête et compenser à l’aide d’un moteur performant la réduction de la portée qui en résulte. D’autre part, il faut protéger la charge contre la chaleur énorme qui se dégage au moment où l’engin rentre dans l’atmosphère. Aucune information ne prouve que les Nord-Coréens maîtrisent cette technique [l’essai auquel ils ont procédé en 2006 s’est soldé par un échec]. Quand la Corée du Nord a lancé le satellite Kwangmyongsong-1, le 31 août 1998, les Américains avaient tout de suite affirmé qu’il s’agissait d’un missile Taepodong-1 avant de revenir sur leurs propos un peu plus tard, déclarant que, à la suite d’un problème concernant la séparation des trois étages, les Nord-Coréens n’avaient pas réussi à faire revenir leur satellite dans l’atmosphère. Malgré cet épisode, les Américains continuent à évoquer ce Taepodong-1 qui a servi de prétexte aux conservateurs américains pour promouvoir leur système de défense antimissile, auquel la Corée du Sud et le Japon ont dû participer. Si, cette fois, il s’agit vraiment d’un Taepodong-2, les conséquences seront importantes. Barack Obama s’adressera directement au Conseil de sécurité de l’ONU, qui avait adopté une résolution juste après le tir de missile de la Corée du Nord de juillet 2006. Il voudra faire adopter de lourdes sanctions à l’encontre de Pyongyang. Mais, s’il s’agit d’un lanceur de satellite Kwangmyongsong-2, la situation est différente. La Corée du Nord est un pays membre de l’ONU qui dispose du droit à une utilisation pacifique de l’espace. Une opération de ce type permettrait au régime de Pyongyang de tester sa capacité de procéder à un tir de missile, sans violer la convention du Conseil de sécurité, d’inciter l’administration Obama à revenir à la table des négociations et de donner un sentiment de fierté à la population, à laquelle il promet de devenir une “nation puissante et riche”. A l’annonce du lancement du satellite iranien, le président américain a exprimé ses inquiétudes, mais aussi sa volonté de dialoguer. Il est possible que Pyongyang table sur un schéma identique. Mais l’effet peut être inverse. Même s’il agit d’un satellite, les Nord-Coréens auront de toute façon du mal à éviter des critiques, ne serait-ce que parce que le lancement d’une fusée coûte entre 100 millions et 200 millions de dollars [entre 80 millions et 160 millions d’euros], dépense susceptible d’être jugée déplacée dans un contexte de crise économique et de famine. | | Chong Uk-sik OhmyNews | | http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=94710 |