Mobilisation en baisse à La Réunion, des incidents éclatent
par Bernard Grollier
SAINT-DENIS DE LA REUNION (Reuters) - Plusieurs milliers de personnes ont manifesté mardi à la Réunion contre la vie chère, mais la mobilisation, dans le sillage des Antilles, semble déjà marquer le pas.
En marge de ce mouvement, des incidents entre jeunes et forces de l'ordre ont éclaté dans le quartier populaire du Chaudron, à Saint-Denis.
Jeudi dernier, de 15.000 à 30.000 personnes s'étaient mobilisées pour réclamer, entre autres, une augmentation de 200 euros des bas salaires et la baisse des prix de certains produits de consommation courante.
Selon le Collectif des organisations syndicales, politiques et associatives de la Réunion (Cospar), les manifestations dans les deux plus grandes villes de l'île, Saint-Denis et Saint-Pierre, ont réuni mardi un total de 10.000 personnes.
La police évoque de son côté 3.000 manifestants à Saint-Denis et entre 2.000 et 2.500 à Saint-Pierre.
Sur les banderoles, on pouvait lire: "Le Medef doit payer", "Réunionnais, soyez solidaires!" ou encore "Ti kréol kont gro profitèr" ("Petits créoles contre gros profiteurs").
En fin de manifestation, des affrontements ont opposé manifestants et forces de l'ordre devant la préfecture à Saint-Denis. Quelques projectiles ont été jetés contre les policiers, qui ont répliqué à l'aide de gaz lacrymogène.
Une partie des manifestants se sont ensuite dirigés à pied vers les quartiers est de la ville, incendiant sur leur passage des poubelles et jonchant la route de galets et de branches d'arbres pour perturber la circulation
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TENSION DANS LE QUARTIER DU CHAUDRON
La tension est montée dans l'après-midi autour d'une grande surface du quartier du Chaudron qui venait de fermer ses portes, comme l'ensemble des magasins du quartier. Selon la police, une trentaine de jeunes ont réussi à y piller le rayon hi-fi.
En début de nuit, la police faisait état de "quelques groupes de jeunes" encore action dans cette zone.
Une vingtaine de personnes ont été interpellées et on comptait 15 blessés dans les rangs de la police, selon le commissariat de Saint-Denis.
Dans un visible souci d'apaisement, le préfet de la Réunion avait annoncé lundi soir les baisses des prix de la bouteille de gaz et des carburants qui prendront effet mercredi, ce qui pourrait expliquer une mobilisation en berne.
De plus, cette nouvelle journée de mobilisation se déroule après le début des vacances scolaires.
"Si nous faiblissons, on va se perdre dans des négociations qui n'en finiront pas", a déclaré Ivan Hoareau, porte-parole du Cospar, dans son discours devant les manifestants de Saint-Denis.
En milieu d'après-midi, le Cospar a appelé à l'interruption des opérations "coup de poing" contre la grande distribution jusqu'à mercredi, date de la reprise des négociations sur les prix et les salaires.
Dans un communiqué, le préfet Pierre-Henry Maccioni a demandé au collectif de suspendre ce type action et dit craindre "des tentatives d'acte de pillage organisé".
Les négociations ont commencé vendredi sur la base de 62 revendications présentées par le Cospar.
Lundi, les élus réunionnais ont annoncé qu'ils refusaient, contrairement à leurs homologues antillais, de contribuer à l'augmentation des bas salaires dans le secteur privé.
L'accord signé en Guadeloupe la semaine dernière prévoit une contribution de 50 euros des collectivités locales à l'augmentation des salaires inférieurs à 1,4 Smic, l'Etat apportant 100 euros et les employeurs 50 euros.
Le patronat réunionnais propose une prime mensuelle de 50 euros pour les plus bas salaires.
"Le Medef avance 50 euros sans charges, c'est-à-dire moins de 25% de l'effort demandé, ce n'est pas assez", a estimé Ivan Hoareau.
Edité par Yves Clarisse
http://www.latribune.fr/depeches/reuters/mobilisation-en-baisse-a-la-reunion-des-incidents-eclatent.html