Emergence de la publicité sur les copies d’examen

Crise oblige, les budgets sont à la baisse. L’enseignement n’est pas épargné. Aux Etats-Unis, il arrive même que des professeurs soient obligés d’utiliser leurs propres économies pour imprimer leurs documents ou financer des activités de classe… Ou de recourir à la publicité.

Le journal Usa Today a dévoilé cette histoire originale. Celle d’un professeur qui raconte que là où il recevait une allocation de 500 dollars pour imprimer ses sujets d’examen, il doit maintenant se contenter de 316 dollars. Il a donc eu l’idée de proposer, par le biais d’un journal local, d’acheter de l’espace publicitaire sur… ses copies d’examen.

Une idée payante puisque les parents d’élèves, touchés par son témoignage, ont répondu massivement à l’appel. Les copies d’examen se sont ainsi fait le porte parole des annonces des parents, mais également des commerces locaux. Certes, dans la mesure où elle n’intéresse que des annonceurs locaux, la publicité se révèle efficace et inoffensive. Mais reste à savoir ce qu’il adviendrait si des annonceurs de poids tels que Mc Do s’en mêlaient.

Une idée controversée

Même aux Etats-Unis, ces nouvelles pratiques suscitent la controverse. Qu’en serait-il si elles émergeaient en France ? Pour certains, la probabilité reste très faible comme le souligne un professeur « dans cette affaire, tout est question de culture nationale, aussi, si un tel concept peut émerger aux Etats-Unis, il est peu probable qu’un pays comme la France puisse y succomber ».

Néanmoins, imaginez un instant : en dessous d’un contrôle de mathématiques, les élèves découvriraient “Après l’effort, le réconfort, dès que vous aurez rendu votre copie, précipitez-vous pour acheter un XXX à la cafétéria de l’école”. Un tel procédé paraîtrait sans doute choquant. Car d’un point de vue éthique, certains estiment que la publicité n’a pas sa place au sein d’un établissement scolaire. « L’éducation est un domaine sensible et qui demeure finalement très conservateur. Apprendre, c’est emmagasiner les connaissances nécessaires pour pouvoir penser par soi-même de manière construite et éclairée. » souligne un professeur interrogé. Ainsi, en distribuant de telles copies d’examen, les enseignants travaillant à développer l’esprit critique de leurs élèves, les orienteraient vers un choix de consommation. Cette attitude s’avérerait donc paradoxale à leur vocation.

Un bon moyen marketing

Emeline, étudiante ne partage pas ce même avis. Elle estime qu’il s’agit là d’un bon moyen de marketing, « l’élève étant d’autant plus sensible à la publicité qu’il est concentré sur sa copie ». Un professeur approuve cette opinion « d’un point de vue purement stratégique, il est évident que le concept d’encarts publicitaires sur les copies d’examen est une idée intéressante. Il est d’ailleurs étonnant que les communicants et les publicitaires, sans cesse à la recherche d’idées innovantes et originales, n’aient pas encore pris en compte un tel support ».

Reste à savoir si le phénomène conquerra la France. Il paraît probable que l’enseignement public ne prendra pas le risque d’exploiter cette idée. Mais qu’en sera-t-il des écoles privées si le concept arrive à faire ses preuves outre-atlantique ? A l’heure où la publicité disparaît de la télévision publique, les annonceurs peuvent voir là une opportunité inespérée de compenser le manque à gagner. Autrement dit, il est pour eux une façon de conquérir les consommateurs de demain : les étudiants. Alors, pour les professeurs est-ce un moyen astucieux de s’auto-financer ou une arnaque voire un danger potentiel? Affaire à suivre…

Pour en savoir plus :
http://consumerist.com/5100958/teacher-sells-ads-on-tests-to-cover-printing-costs

http://www.contrepoint.info/?p=2130