Non à la guerre non à l'OTAN

Publié le par sceptix

Voici un courriel de K Mesquida (député PS) de l'Hérault  au courriel suivant :
> A : jdomergue@assemblee-nationale.fr, avezinhet@assemblee-nationale.fr, a.vezinhet.depute@orange.fr, jpgrand@assemblee-nationale.fr, rlecou@assemblee-nationale.fr, kmesquida@assemblee-nationale.fr, aboud.elie@orange.fr, eaboud@assemblee-nationale.fr, gdettore@assemblee-nationale.fr
> Copie à : president@assemblee-nationale.fr
> Objet : Non à la guerre, Non à l'OTAN

> Madame la députée,
> Monsieur le député,
>
> A quelques jours du débat parlementaire qui portera sur la politique étrangère de la France à l’occasion de la décision du Président de la République de réintégrer le commandement militaire de l’OTAN, je tiens à vous saisir de deux questions très importantes.
>
> Tout d’abord, ainsi que nombre de mes concitoyens, je refuse la vision dangereuse et manichéenne de la ’guerre des civilisations’ et toute réponse militaire aux crises mondiales et régionales que porte l’Alliance militaire survivante de la guerre froide. Je rejette la course aux armements et refuse de vivre dans la crainte du recours à l’arme nucléaire.
> La guerre que mène l’Otan en Afghanistan doit cesser. Il est temps de mettre en oeuvre une solution politique internationale fondée sur l’aide d’urgence et la reconstruction dans le respect des droits du peuple afghan, en particulier des droits des femmes. Les populations afghanes doivent retrouver les moyens de décider de leur avenir.
> Par ailleurs, il est inacceptable que les dépenses militaires engloutissent l’argent nécessaire à la satisfaction des besoins vitaux de l’humanité, d’autant que les gouvernements voudraient en plus faire payer aux peuples les dégâts du libéralisme financier.
>
> C’est pourquoi je vous demande de voter contre la retour de la France dans le commandement militaire de l’Otan et d’agir pour que le vote de votre groupe aille en ce sens.
>
> Ensuite, je constate que les autorités françaises mettent des entraves à l’organisation de la manifestation de Strasbourg le 4 avril et  cherchent à nous imposer, dans le cadre d’un dispositif policier sans précédent, un parcours inacceptable, dans une zone industrielle désertique.
> Les autorités françaises doivent respecter les libertés et la possibilité de manifester, de circuler librement et de se réunir  dans des conditions convenables correspondant aux exigences de la démocratie.
>
> Je vous demande d’intervenir sur cette question et de souligner votre désaccord avec une pratique qui met en cause des libertés essentielles: celles de s’exprimer et de manifester.
>
> Alors que tout est fait pour confisquer un débat si important, je vous remercie de vous faire l’écho de ces demandes et vous prie d’agréer, Madame, Monsieur le Député, l’expression de mes salutations distinguées.
>
> C........B........
>
>
>
> Cette lettre est initiée par le collectif OTAN-Afghanistan (cf www.otan-non.org)
>  


de :

"kleber mesquida" <kmesquida@assemblee-nationale.fr>

Madame, Monsieur,



J'ai bien reçu votre interpellation sur le retour de la France dans
l'OTAN. Ce « débat » s'est tenu la semaine dernière à l'Assemblée
Nationale, et je tenais à vous livrer les raisons qui ont poussé le
groupe socialiste et moi-même à voter contre cette décision du Président
de la République.


Tout d'abord, revenons sur la forme de ce « débat ». Sur ce sujet
essentiel, on aurait pu songer à un référendum populaire: le
Gouvernement l'a écarté. S’agissant d’une décision précise à prendre, il
aurait pu recourir à l’article 50-1 nouveau de la Constitution et
soumettre aux votes des députés une déclaration précise: le Gouvernement
ne l'a pas voulu. Au contraire, en application de l’article 49-1 de la
Constitution, il a fait le choix d’engager sa responsabilité avec pour
objectif moins d’ouvrir la discussion que de l’éviter : votez pour, à
t-il dit à sa majorité, sinon le gouvernement tombera. S'inquiétant
d'une division jusque dans ses propres rangs, le Gouvernement a opté
pour un « débat » à minima.


Sur le fond désormais, notre pays avait une position originale dans
l’Alliance Atlantique, en ayant quitté le commandement militaire intégré
tout en étant resté membre politique : participation de nos forces aux
côtés de celles de nos alliés en cas d’emploi décidé en commun et
autonomie de décision des autorités françaises.


Cette position avait fait jusqu’ici consensus en France. Prise en 1966 à
l’initiative du général de Gaulle, avec la décision de retirer la France
du commandement militaire intégré, elle a été confirmée par François
Mitterrand en 1981.


Le principe d’autonomie de nos choix diplomatiques et stratégiques
reposait notamment sur notre refus de nous aligner sur un bloc, sur la
vision et l'aspiration à un monde multipolaire. C’est précisément vers
un monde multipolaire que nous, socialistes, internationalistes, nous
voulons aller, et non pas vers l’alignement sur “le bloc de l’Occident”,
concept que nous ne partageons absolument pas car il est porteur
d’affrontements graves. Ce n’est pas au moment où le contexte
international donne raison à une vision multipolaire du monde qu’il faut
revenir à la politique des blocs. Pour notre part, nous restons fidèles
à l’Alliance, mais nous ne voulons pas que l’OTAN se conduise en “bloc
de l’Occident”, suscitant dès lors un ou des contre-blocs, qu’il
intervienne partout et sur tout. Nous ne voulons pas d’une ONU de
substitution sous une domination américaine de fait.


De plus, cette réintégration, contrairement à ce qu'à pu défendre
Nicolas Sarkozy, présente concrètement peu d’avantages en terme
d'influence au sein de l'OTAN. En revanche la perte d'indépendance est
patente. Jusqu'à présent la position singulière de la France lui
permettait de définir au cas par cas les conditions d’engagement et de
contrôle des unités qu’elle plaçait sous l’autorité de l’OTAN. Ce fut le
cas par exemple lors de la campagne aérienne du KOSOVO en 1999. Nous
avons exigé d’avoir connaissance de la planification des frappes, nous
avons exercé notre droit de regard sur les missions, non seulement pour
décider ou non de l’intervention de nos avions mais aussi pour empêcher
certaines frappes trop lourdes pour les populations. C’est au niveau le
plus haut de l’Etat que cette exigence politique s’exprimait, justement
parce qu’il ne pouvait, du fait de notre statut spécifique, y avoir
d’accord militaire préalable à une planification complète. Les décisions
politiques françaises étaient relayées par la voie militaire. Cet
avantage exorbitant disparaîtra lorsque nous deviendrons des acteurs
ordinaires de la planification militaire. On voit bien aujourd’hui
combien une telle exigence serait nécessaire en Afghanistan. Cet
argument est très fort au moment où nous sommes confrontés à la fois à
la situation en Afghanistan et à la question des limites géographique de
l’OTAN.


Si au Proche Orient, en Afrique, en Amérique du Sud, la France est plus
influente que sa superficie et son nombre d’habitants, si notre pays est
depuis longtemps plus grand que lui même, c’est parce qu’il a su face au
monde prendre certaines positions singulières, présenter un certain
visage, adopter un certain langage et s’y tenir. Notre siège au Conseil
de Sécurité de l’ONU, notre langue, nos valeurs humanistes, notre rôle
de pont entre le Nord et le Sud, entre l’Est et l’Ouest, font partie de
cette spécificité qui est aussi notre universalité. On nous respecte
parce que nous sommes solidaires, mais aussi parce que nous sommes
singuliers. La position de la France dans l’OTAN en fait partie, nous
qui sommes profondément reconnaissants aux américains d’avoir exposé
deux fois leur vie pour notre liberté, qui sommes des alliés solides
mais refusons de devenir des alignés. C'est donc une faute que d'avoir
renoncé à cette position, par idéologie atlantiste (laquelle dans
d’autres domaines, par exemple l’économie et les finances, a causé tant
de dégats) ou par obsession de la rupture.


Aussi, comme vous l'avez justement souligné dans votre courriel, ce
retour au sein du commandement militaire a aussi un coût budgétaire
évalué à 80 millions d'euros, auxquels il faut sans doute ajouter une
nouvelle augmentation des crédits au titre des OPEX.


Enfin, le retour dans l’OTAN est une menace pour l’Europe de la défense
à laquelle nous sommes attachés. Seule l’autonomie de nos armées et de
nos états-majors garantit la possibilité de construire de façon autonome
une défense européenne. Certes en liaison avec l’OTAN mais sans lui être
subordonnée.


C'est donc parce que nous avons jugé les avantages attendus illusoires
et les risques, eux, bien réels, que le groupe socialiste et moi-même
nous sommes opposés à cette réintégration.


Maintenant que cette décision est prise, nous demandons que cette
décision ne soit pas définitive mais évaluable chaque année. Ainsi, nous
demandons à ce qu'une évaluation aussi précise que possible soit
présentée chaque année au Parlement sur ce que cela nous aura rapporté
ou coûté en indépendance, en influence et en évolution de la défense
européenne et nationale.


Concernant les entraves posées à l'organisation du contre-sommet de
l'OTAN à Strasbourg le 4 avril, je ne peux qu'exprimer mon attachement
plein et entier à la liberté d'expression et de manifestation et
regretter que ce Gouvernement réduise une nouvelle fois, au nom de la
sécurité, les libertés publiques dans ce pays.

Le Gouvernement en déployant à l'excès des forces de l'ordre et en
restreignant excessivement la possibilité de pouvoir s'exprimer, nourrit
un climat de tensions qui je le crains, sera exacerbé lors de ce
contre-sommet.



Je vous prie de bien vouloir agréer, Madame, Monsieur, l’expression de
mes sentiments respectueux.



Publié dans OTAN-défense - ONU

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