AZF : Total maintient sa théorie du complot

Publié le par sceptix

A la barre

AZF. Selon le pétrolier, la piste criminelle a été volontairement écartée lors de l’enquête sur l’explosion.

TOULOUSE, de notre correspondant GILBERT LAVAL

Morceaux choisis : «Vous avez signé ce rapport sans vérifier par vous-mêmes» (MCourrégé). «Vous dites avoir expertisé la SNPE alors que vous n’avez pas visité sa chaufferie» (MMontferrand). Toute la semaine les experts judiciaires qui ont défilé au procès AZF ont entendu leurs oreilles siffler, sous le feu des avocats de Total et de Grande Paroisse, sa filiale propriétaire de l’usine. Le procureur, Patrice Michel, doit même rappeler que «les témoins n’ont pas à être insultés !» Et jeudi, en ouvrant l’audience, le président Le Monnyer a demandé aux avocats de bien vouloir «calmer le jeu».

Manipulé. Mais revenir à des audiences apaisées n’est peut-être pas dans l’intérêt de la défense. Sa thèse, depuis bientôt huit ans, est que le site AZF de Grande Paroisse ne peut être tenu pour responsable de l’explosion de son hangar à nitrates déclassé qui a tué 31 personnes le 21 septembre 2001. Jean-Jacques Guilbaud, le secrétaire général du géant pétrolier, est même venu assurer mercredi que «cette usine était parfaitement organisée» et «en parfaite conformité en matière de sécurité». Un accident industriel est «tout à fait impossible», aurait confié au procureur de l’époque le directeur adjoint de l’usine, sept heures après l’explosion. Le procureur en question, Michel Bréard, ayant déclaré à la presse seulement trois jours plus tard qu’il était convaincu «à 90 %» que l’explosion ne pouvait être due qu’à une cause interne et non à un attentat, il ne fait plus de doute pour la défense que tout a été manipulé pour écarter la piste criminelle. «Je n’ai peut-être pas été très habile avec ces fameux 90 %», concède à la barre Michel Bréard, aujourd’hui procureur à Bordeaux. Mais il précise aussi que son rapport sur la question consacre tout de même 40 pages à la piste criminelle, 24 à la piste électrique - aujourd’hui définitivement écartée - et 24 autres à la piste chimique.

«Attentat». Le directeur adjoint de la police judiciaire et les divers experts en détonique ou chimistes des nitrates ne sont pas venus dire autre chose au tribunal. «Nous n’avons pas eu pour instruction d’abandonner telle ou telle piste. Si quelqu’un nous avait proposé cela, nous n’aurions pas obéi», a déclaré le commissaire Robert Saby. La suite des audiences est du même tonneau : l’expert Jean-Luc Géronimi indique avoir «tout de suite étudié la possibilité d’un attentat par un engin explosif», l’expert Dominique Deharo disant que «dans le contexte de l’après-11 Septembre», il s’est concentré en vain sur la recherche de traces d’un «engin explosif improvisé». La défense a encore trois mois pour prouver que la chimie n’est pas la cause de l’accident.

http://www.liberation.fr/societe/0101558591-total-maintient-sa-theorie-du-complot

Publié dans justice & police

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