Bain caribéen pour le secret bancaire

Publié le par sceptix

Le G20 a juré la perte du secret bancaire européen. Mais, multinationales, Milieu ou agents de foot ont depuis longtemps anticipé…et fait prendre un bain caribéen à leurs comptes.

Haro sur les paradis fiscaux. Si, si promis, avant le G20, le bon président Sarko l’a dit tous muscles sortis. Ou du moins a lancé le mot d’ordre. « Très ferme », son attitude sera, envers ces zones de non-droit financière et de secret bancaire. En période de crise, la position rapporte toujours quelques points dans les sondages et un doux ressac dans l’opinion publique. Jamais mauvais à prendre.

Ambiance et déhanchement garanti pour le sommet mondial de Londres, au cas où la capitale britannique aurait besoin de cela. Adieu luxe calme et volupté bancaire d’Autriche du Luxembourg, de Suisse ou encore du Liechtenstein.

Que sont les listings du Liechtenstein devenus ?

Pourtant, depuis un an, le pouvoir n’a pas trop poussé la pédale sur les enquêtes fiscales. Et ne fut pas le seul à freiner. Petit rappel pour les oublieux, en mars 2008 a éclaté le scandale des comptes du Liechtenstein. Un ancien salarié des banques de ce petit paradis des banques et des comptes discrets crachait dans la soupe et vendait à l’administration fiscale allemande tout un tas de listage de comptes bancaires. Parmi eux, une poignée de ressortissants français, que le voisin d’outre-Rhin s’est empressé de refiler à Bercy.

Les oreilles et la plumes toutes tendues, Bakchich s’était alors risqué à enquêter. Pour dévoiler trois noms, issus de ces listings, qui auraient discrètement placé (hors du big brother fiscal) leurs économies du côté du Tyrol.

Au débotté : François Marie Banier, le photographe dévoilé au grand public après l’épisode Liliane Bettencourt, l’écrivain Michel Houellebecq, et le chiraco-judoka David Douillet. Une procédure en référé intentée par Douillet– et gagné par Bakchich sur la bonne foi- plus tard, rien de neuf. Durant des mois.

Dépositaire de cette liste de Français ayant soustrait leurs petites économies au fisc, Bercy n’en a pas fait profiter grand monde, au nom du nouveau sacro-saint « secret fiscal ». Le patron de la commission des finances de l’Assemblée, le socialiste Didier Migaud, qui a eu copie de la liste, s’est également retranché tout pudibond, derrière le même secret fiscal… Sage décision façon «  Cachez- moi cette évasion fiscale que je ne saurai voir ». Etonnant quand le ministère des Finances s’inquiétait en aril 2008 lui-même de l’ampleur de la fraude fiscale, qu’il estimait lui-même dans une fourchette comprise entre 29 et 40 milliards d’euros.

Sarko aux paradis fiscaux
© Nardo


Profondément enterrées, les fameuses listes ont dormi sous la terre ferme du secret durant presque un an. Jusqu’à ce que mardi 31 mars,
le Parisien ait fini de gratter un peu. Un pavé dans la mare et trois noms à la une : Michelin, Elf Trading et Adidas. « Robert Louis-Dreyfus n’est pas inquiété », précise un conseiller du patron de l’OM, à un Bakchich taquin. Tant pis. L’enquête des confrères n’en est pas moins belle et …solitaire.

Un cri après un an de désert.

Mais qu’importe donc, puisque le bon vieux temps des paradis fiscaux nichés au creux du sein européen s’éteint, dès aujourd’hui. Ou au plus tard demain, après le G20….

Du secret bancaire européen au bain fiscal caribéen

Comme l’avait aimablement remarqué Ian Hamel, confrère suisse et néanmoins régulier collaborateur de Bakchich, désormais « le notaire de Lyon et le boucher de Munich paieront leurs impôts comme les autres contribuables » et « les finances publiques vont récupérer plusieurs milliards d’euros de la part de contribuables indélicats. ». Hosannah, hosannah au plus haut des cieux, le secret bancaire a vécu.

Sauf que. Si le péquin moyen et son acolyte le péquin connu auront désormais bien plus de mal à échapper au grand dragon fiscal, reste encore une belle partie immergée de l’Iceberg.

Îles Vierges, Seychelles, Nauru, Vanuatu, Bahamas, Panama, les zones off shore ne manquent pas… Et ne souffrent pas de méconnaissance. Les grandes banques françaises, de BNP à la Société Générale en passant par le Crédit Agricole s’y sont d’ores et déjà installées, disséminant partout des filiales.

Et leurs rejetons d’accueillir bien entendu des clients bien français, que ce fussent France Télécom ou Vivendi pour réaliser des opérations en toute discrétion, via des IBC. En gros, des trusts, « société par actions dont on ne connaît ni les noms des actionnaires, ni ceux des administrateurs. Elle peut, en toute légalité, utiliser des prête-noms locaux et tenir des assemblées générales par téléphone. Les dossiers de la société n’ont même plus à être conservés dans le pays. Enfin, l’IBC bénéficie d’une exemption fiscale pendant vingt ans ! », a déjà goulûment décrit Bakchich.

Comme les multinationales, le Milieu a anticipé la fin du secret bancaire européen

« Tu vois, le grand banditisme ce sont eux, avait, il y a quelques mois, lancé une jeune pousse du milieu parisien à un insistant freluquet de Bakchich. Nous, nous jouons petit bras par rapport aux financiers ».

Quitte à pêcher parfois dans les mêmes eaux. Ainsi, les grandes multinationales sont accompagnées dans leurs discrets bains caribéens par de petits malins. À l’instar des agents de joueurs de football, particulièrement fans de la discrète Tortola, ou de Panama. Ami de Bernard Tapie, convive de Louis-Dreyfus, toujours dirigeant du Standard de Liège, Licio d’Onofrio a ainsi basé sa société-mère, MSI, à Panama ; société « faîtière » décrit la justice belge qui s’intéresse particulièrement à ses avoirs dans le cadre de transferts de joueurs entre Marseille et Liège.

Autres grands amateurs de plage satinées, lagons turquoises et comptes bancaires discrets, le Milieu. Ancien patron de l’Amnésia, grand ordonnateur du cercle de Jeux Concorde, Paul Lantiéri n’a toujours pas montré le bout de son nez depuis fin 2007. En cavale. Au moins Bakchich a-t-il retrouvé un petit plaisir de M. Paul. Son compte aux Bahamas, ouvert dans l’IBC créé par son pote banquier suisse François Rouge à Nassau. Et les documents exhumés par Bakchich démontrent qu’une fois le petit guichet ouvert, ni le nom de Paul Lantiéri ni la bouille n’apparaît plus sur les relevés. Seule une dénomination de compte, « pleasure ».



Un passeport, une signature et hop, les transactions n’apparaissent plus que sous un intitulé de compte. Vive les Bahamas

Transféré des Alpages aux mers chaudes, Il semble que l’évasion bancaire serait moins pénible au soleil…

http://www.bakchich.info/Bain-caribeen-pour-le-secret,07265.html

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