"J’ai vu la naissance d’un nouveau monde"

Publié le par sceptix

mardi 14 avril 2009, par Matthieu David

Alexandre Adler disait du 11 Septembre 2001 qu’il avait vu la fin d’un monde. Huit ans plus tard, nous pourrons dire que nous avons vu la naissance d’un nouveau monde, d’un nouveau paradigme, d’une nouvelle donne. Cela aura mis 8 ans. Analysons d’abord les caractéristiques de la crise que nous vivons, déduisons-en les conséquences majeures puis essayons de saisir les contours d’un autre monde recelant de nouvelles opportunités pour nous tous.


Les soubresauts de la crise sont perceptibles dès 2006, aux Etats-Unis, ou le nombre de retards de paiement, de saisies et l’indice de construction commencent à montrer des accès de faiblesse. Mais elle ne se dévoile au grand jour que début 2008 avec les difficultés de Citigroup et de plus en plus de banques, pâtissant des retards de paiement. Les cours en bourse résistent tant bien que mal jusqu’à l’été 2008 avant le vrai krach qui est suivi par la faillite de Lehman Brothers, marquant définitivement la crise. Les cours boursiers chutent et le monde prend connaissance avec effroi du montant des dettes. La destruction de richesse est sans commune mesure avec les crises précédentes. On parle de 1929, année au cours de laquelle certaines personnes ont préféré se suicider plutôt que de faire face à leurs incuries. Mais, pour éviter les grosses faillites comme celle d’AIG, l’administration américaine renfloue les banques les plus importantes et lance des plans de relance. Tous les gouvernements du monde entier lancent des plans de relance, s’endettant à des niveaux inégalés sans que pour autant ces actions ne rassurent les investisseurs et les acteurs de l’économie.

Qu’en déduire ? D’un point de vue macroéconomique, l’âge d’or de la finance jouant sur la dette est certainement terminé et sa régulation drastique ne devrait plus attendre. Du moins une grande méfiance à son égard sera désormais de mise. Du fait du très grand endettement des Etats, des tensions déjà perceptibles avant la crise sur le marché des matières premières – tensions qui reprendront dès les premiers moments de la reprise – apparaitront. L’économie sera vraisemblablement inflationniste. A leur grand dam, les Chinois vont se retrouver dans quelques années avec une masse inouïe de bons du trésor américain fortement dépréciés. Les tensions entre les nations seront grandes et la course aux matières premières sera exacerbée par la montée en puissance des pays émergents. Warren Buffet a récemment avoué qu’il n’envisageait pas une sortie de crise avant cinq ans … L’oracle d’Omaha n’aura peut-être pas toujours raison mais il n’en demeure pas moins très écouté par les milieux financiers et sa prophétie pourrait se montrer partiellement auto-réalisatrice.

D’un point de vue social, les inquiétudes sont grandes de voir des tensions ravivées par la crise. Les émeutes de la faim que le monde a découverts il y a quelques années se reproduiront selon toute vraisemblance avec une ampleur accrue. Le trafic d’armes, quant à lui, enregistre déjà une croissance surprenante en particulier aux Etat-Unis ou les craintes d’agression sont décuplées par l’aggravation de la crise. L’Amérique latine est aussi sévèrement touchée par ce phénomène. Sans tomber dans le scenario catastrophe, la perspective dans certains pays de guerre civile n’est plus à exclure. Et le théâtre des affrontements sera, pour une fois, non plus l’Europe mais l’Amérique ou l’Asie. Les nations qui limiteront les dommages seront celles où le filet de sécurité sociale est le plus entendu et où la loi est respectée. Le groupe de réflexion LEAD a dressé un tableau alarmant et étonnement prophétique de la crise.

Sous un angle microéconomique, les ménages vont se désendetter par l’inflation et les crédits qui leur étaient accordés dans les pays anglo-saxons seront coupés. Dans ce monde inflationniste et en pleine restructuration, les entrepreneurs pourront financer facilement leur projets grâce a cette même inflation et aux banques encouragées à prêter de l’argent aux nouveaux acteurs. Alors que des pans entiers de l’économie sont en pleine destruction – automobile, finance hypothécaire et de derivés (CDO, LBO, CDS), l’industrie pétrolière, de nouveaux secteurs émergent – énergies renouvelables, l’e-commerce, le secteur des soins. Des places sont à prendre et c’est notre génération, celle qui a moins de 30 ans, qui doit se préparer.

L’âge de la finance est révolu et devrait advenir donc l’âge d’or des entrepreneurs. La France n’est pas mal placée pour sortir de la crise plus tôt et plus forte que ses concurrents. Dans la compétition mondiale, la France a des ménages relativement peu endettées, un Etat puissant dans l’économie, plus a même de relancer l’économie et de prendre en charge les victimes de la crise = limitant l’explosion sociale. Ajoutez à cela sa capacité à former des professionnels de qualité reconnus dans le monde entier . Aussi verra-t-elle peut etre revenir les quelques 2 a 3 millions de talents français expatriés que la crise et le declin relatif des Etats-Unis pourraient rapatrier, la France présente des atouts que l’on ne pourrait ignorer puisqu’il n’y a de richesses que d’hommes selon la formule consacrée. Reste à savoir si la France sera capable de mettre en valeur sa capacité d’innovation, de libérer les énergies et de délivrer une formation toujours plus adaptée aux nouveaux enjeux du monde actuel.

Pour finir, référons nous a l’actualité cinématographique. Il est rare que l’on puisse se référer à un film. Profitons-en. Le film L’enquête développe dans un de ses dialogues, une saisissante interprétation de notre monde. La dette serait le nouvel esclavage. C’est la traite des endettés. La dette rend servile car elle met le contractant dans l’obligation de rembourser. Elle devient esclavage lorsque le poids de la dette est tel qu’une partie substantielle des revenus est ponctionnée ne laissant plus de marge de manœuvre à l’esclave moderne. Mais, à la différence de l’esclavage du XVIII et XIXème siècle, il s’agir de servitude volontaire. L’endetté a choisi de s’endetter. La liberté est certainement un attribut bien trop dangereux pour ne pas être régulé. C’est peut-être ce que le XXIème siècle va découvrir, nous menant à une société plus ordonnée et moins débridée. Aujourd’hui, plus que jamais, un pessimisme de raison et un optimisme de combat sont nécessaires munies d’une forte vigilance concernant les évolutiosn à venir.

http://www.respublicanova.fr/spip.php?article534

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<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> « le secteur des soins » ça ça fait déjà quelque années (et c'est effectivement appellé à s'amplifier), que la vieillesse est devenu un marché (juteux) pour les maisons de retraites et les « associations » de tutelle, (et le reste) C'est même la seule valeur qu'on accordera encore aux vieux: leur valeur marchande dans le cadre de ce « marché » réduits à des morceaux de viande qu'on gère, comme sur une chaîne d'usine à poulets (ikono)<br /> Et toujours à chaque stade le plus important: la factuere! (comme dans les crématoriums.<br /> Ainsi une maison de vieu c'est .. une source de financement, et rien d'autre. Quand au foyer que c'était, quand à la vie des gens concernés, leur affaires, leurs souvenirs, y commpris le splus sacrés, rien ! On ne se soucie même pas un seul instant de prendre ça en considération ça n'est pas monayable et ça ne correspond à aucune « norme européenne » ! ça va dans une benne à ordure ! Et les interessés, qui de toutes façons ne sont plus aux yeux de tout ce système qeu des morceaux de viande et des items à gérer, on ne les informe même pas, ni leurs proches,c'est évident, vous n'y pensez pas !
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"le secteur des soins" ouais ! la vieillesse transformée en (juteux) marché ! ç'est déjà commencé ...C'est mème à terme la seule valeur qu'on attribuera encore aux vieillards, transformés en morceau de viande sur une chaîne comme les poulets Et à chaque niveau l'important c'est, non pas la rose ! mais la facture ! comme dans les crématoriums. La vie des gens concernés par contre on s'en fout, par exemple une maison de vieux c'est ... une source de financement (pour la maison de retraite,  ET l'"association" de Tutelle) et rien d'autre, la vie des gens, leurs affaires, leurs souvenirs, y compris les plus sacrés, on s'en fout ! on ne pense même pas à se pencher sur la question, elle n'effleure même pas l'esprit des "gestionnaieres pépère et bien payés, et on jette tout dans un benne !
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