Afrique de l'Ouest : campagne de vaccination synchronisée contre la poliomyélite

Publié le par sceptix

Des résultats mitigés au premier tour de la campagne antipolio
Brahima Ouédraogo

OUAGADOUGOU, 8 avr (IPS) - Les résultats de la première campagne de vaccination synchronisée contre la poliomyélite en Afrique de l’ouest n’a pas atteint tous ses objectifs et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) espère corriger les insuffisances lors du deuxième passage commencé le 27 mars dernier.

«Le premier passage de cette vaccination de masse, qui s’est déroulé dans huit pays, a été globalement un succès. Bien entendu, quand on rentre dans les détails par pays, il y a eu des difficultés qui ont été constatées et nous avons entrepris les actions nécessaires pour améliorer le second passage», reconnaît Dr Bokar Touré, coordonnateur de l’équipe inter-pays de l’OMS, basé à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.

Selon Touré, les entraves dans certains pays sont dues à la faible mobilisation de certains segments de la population et à des cas de résistance à la vaccination. Mais, affirme-t-il à IPS, des actions vigoureuses ont été menées et les populations ont été sensibilisées dans ces pays.

Les huit pays concernés par la campagne actuelle sont : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Nigeria, Togo et Ghana.

En outre, l’on a pu observer que dans certains pays, la couverture vaccinale escomptée n’avait pas été atteinte, indique Touré, qui espère cependant que le deuxième passage permettra d’obtenir des résultats «supérieurs» au premier.

Alors que 80 à 90 pour cent de couverture étaient visés, selon lui, le taux est de 70 pour cent dans un des huit pays qu’il s’est refusé à nommer. L’OMS envisage un troisième passage dans ce pays afin d’y atteindre un niveau de couverture «satisfaisant» de 90 pour cent. Des discussions sont en cours pour ce troisième passage qui pourrait avoir lieu en juin prochain.

Par ailleurs, deux pays n’ont pas atteint la cible : la Côte d’Ivoire avec 407.841 enfants non vaccinés et le Ghana avec 86.546 enfants non vaccinés, révèle l’OMS.

«Lorsqu’un pays n’est pas bien protégé, il court le risque d’exporter les cas (de polio). Si nous n’avons pas une couverture satisfaisante, nous ne pouvons pas garantir que les transmissions de virus sauvage ne se feraient pas», s’inquiète Touré.

«Sept des huit pays ont reçu des cas exportés d’un grand pays de la région et il n’est pas exclu que le maillon faible risque d’affaiblir la chaîne. Donc il faut coûte que coûte s’assurer que les huit pays ont réalisé leurs programmes et ont atteint une bonne couverture», explique-t-il à IPS.

Même si le coordonnateur de l’équipe inter pays de l’OMS refuse de donner le nom du pays qui «exporte» les cas de polio et où la résistance à la vaccination antipolio reste forte, il pourrait s’agir du Nigeria où l’on a encore enregistré le plus grand nombre de cas en 2009 (99 cas).

La poliomyélite touche principalement les enfants de moins de cinq ans et l’OMS estime qu’une infection sur 200 entraîne une paralysie irréversible des jambes. Parmi les enfants paralysés, cinq à dix pour cent meurent des suites de la paralysie de leurs muscles respiratoires. Les symptômes initiaux sont : fièvre, fatigue, céphalées, vomissements, raideur de la nuque et douleurs dans les membres.

En l’absence de traitement, la prévention est la seule option. L’administration du vaccin antipoliomyélitique à plusieurs reprises confère à l’enfant une protection à vie, souligne l’OMS.

A la date du 25 mars dernier, un total de 138 cas de polio ont été enregistrés dans 10 pays, dont 128 cas en Afrique de l’ouest, dont le Bénin (neuf cas), le Burkina Faso (six cas), la Côte d’Ivoire (un cas), le Mali (un cas), le Niger (neuf cas), le Togo (trois cas), et le Nigeria (99 cas).

La campagne de vaccination synchronisée fait suite à une résurgence, en 2008, de cas de poliovirus sauvages dans la région africaine avec 915 cas confirmés comparés aux 339 cas en 2007. Le nombre de pays infectés est passé de cinq en 2007 à 13 à la fin 2008.

Pour éviter une propagation de la maladie, sept pays d’Afrique de l’ouest se sont engagés à organiser deux passages de journées nationales de vaccinations antipolio synchronisées respectivement du 27 février au 2 mars et du 27 au 30 mars 2009 : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Nigeria et Togo. Le Ghana a conduit sa première campagne du 12 au 14 février et a synchronisé avec les autres pays au deuxième passage en mars.

Au cours du premier passage synchronisé de février, un total de 28.273.835 enfants de moins de cinq ans ont été vaccinés au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Mali, au Niger et au Togo sur une population cible de 28.223.795, soit une couverture vaccinale moyenne de 100,18 pour cent.

Selon Dr Mah Ouattara, chargé du programme de vaccination au bureau de l’OMS à Ouagadougou, ces journées synchronisées de vaccination sont les plus réussies en dépit des insuffisances, car elles se sont déroulées dans une meilleure collaboration entre les responsables des districts sanitaires aux frontières des pays.

«On s’est rendu compte que les médecins-chefs de districts et de centres de santé dans les régions frontalières se connaissaient, mais n’avaient aucune coordination concernant la vaccination», explique-t-il à IPS.

Au Burkina Faso, la couverture a atteint 105,25 pour cent selon l’OMS, et ce taux devrait atteindre 107,58 pour cent au deuxième passage, ajoute Ouattara.

Selon Dr Yacouba Zoungrana, médecin-chef du district sanitaire de Séba, à 365 kilomètres de Ouagadougou, la sensibilisation sur l’arrivée des équipes et le porte-à-porte ont permis d’atteindre le maximum d’enfants. «On a sélectionné les ressortissants des localités pour la vaccination et, avec la présence des administrateurs sur le terrain, les populations sont rassurées», souligne-t-il à IPS.

Selon Dr Ouattara, le premier passage a permis de rattraper 33.000 enfants «zéro dose» qui n’avaient jamais reçu la vaccination contre la poliomyélite. Lors du deuxième passage, ce sont 1.328 enfants de plus d’un an qui n’avaient jamais reçu une dose de vaccin. «Cela prouve que les campagnes touchent les enfants qui n’auraient jamais été vaccinés», indique-t-il. (FIN/2009)

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Vous connaissez mon point de vue sur les vaccins, cette campagne de vaccination de l'OMS en Afrique me semble sujette à caution. Voir l'article qui suit.
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