On attend la FED en craignant la grippe
La grippe porcine et l’attente de la publication des stocks pétroliers aux Etats-Unis conduisent le baril de brut à poursuivre son recul. De son coté, l’euro se reprend face au dollar car, à quelques heures de la décision de la Fed, l’amélioration de la confiance du consommateur américain apaise l’aversion au risque des investisseurs.
CHANGES : reprise. L’euro reprend quelques fractions à 1,3183 dollar, contre 1,3149 mardi soir à New York. Il remontait aussi hier soir un peu face à la monnaie japonaise à 126,76 yens, contre 126,06 yens la veille.
Le dollar s'effritait en revanche à 96,43 yens, contre 96,71 yens lundi.
La devise américaine corrige en fait par réaction à l’annonce de statistiques meilleures que prévu outre-Atlantique. En effet, le repli moins marqué qu’attendu des prix des maisons laisse en effet espérer une stabilisation du secteur immobilier américain…tandis que de son coté l’indice de confiance du consommateur est ressorti au plus haut depuis novembre. Constat des opérateurs : ces deux statistiques apaisent l’aversion au risque qui a récemment généré des achats refuge sur le billet vert.
Pour sa part, l’euro est soutenu par les propos de Lorenzo Bini Smaghi, membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, qui a déclaré que le débat sur l’adoption de mesures non conventionnelles n’était pas clos au sein de la BCE.
Les cambistes attendent dans la soirée la décision monétaire de la Fed, qui devrait maintenir l’objectif du taux des Fed funds dans une marge de 0% à 0,25%.
L'euro est remonté mardi face au dollar, aidé par des indicateurs meilleurs que prévu aux Etats-Unis qui ont rassuré le marché des changes et détourné les investisseurs de la devise américaine, valeur refuge, malgré l'incertitude qui entoure la grippe porcine. Le marchés des changes "a bien répondu à des statistiques économiques meilleures que prévu aux Etats-Unis", a observé Joel Kruger, de Forex Capital Markets.
L'indice de confiance du consommateur américain mesuré par l'institut Conference Board a regagné 12 points en avril, soit bien plus que prévu à 39,2 points. Il remonte à son plus haut niveau depuis novembre 2008.
La chute des prix des logements a par ailleurs ralenti aux Etats-Unis en février, à 18,6% sur un an, selon l'indice S&P/Case-Shiller mesurant les prix dans les 20 plus grandes agglomérations américaines.
Ces deux indicateurs ont rassuré les investisseurs, provoquant des "prises de bénéfices" sur les valeurs refuges que sont le dollar et le yen, selon M. Kruger. Ces devises avaient été dopées lundi et en début d'échanges mardi par les craintes entourant la propagation de l'épidémie de grippe porcine. Le yen a ainsi touché mardi son plus haut niveau depuis mars face au dollar et à l'euro. "La grippe n'a pas seulement soulevé des inquiétudes sanitaires mais ravivé les craintes sur la fragilité de l'économie mondiale", a expliqué Jessica Hoversen, de MF Global. "Les échanges commerciaux se sont déjà effondrés et une possible épidémie mondiale ne ferait que retarder une reprise et fournir davantage d'excuses au protectionnisme".
Selon elle, les investisseurs sont poussés à la prudence dans l'attente des "tests de résistance" auxquelles ont été soumises les grandes banques américaines. Selon le Wall Street Journal, la banque centrale américaine a indiqué à Citigroup et Bank of America qu'elles avaient besoin de renforcer leurs fonds propres.
A NOTER : les cambistes se préparaient à une journée chargée mercredi sur le plan macroéconomique aux Etats-Unis, avec une première estimation du produit intérieur brut au premier trimestre et la fin d'une réunion de la banque centrale américaine (Fed).
Lors de sa dernière réunion en mars, la Fed avait annoncé des interventions massives sur les marchés du crédit, provoquant un plongeon du dollar.
PETROLE ; effritement. L’échéance juin sur le baril de brut de qualité WTI cède 33 cents à 49,59 dollars après un repli de 22 cents en clôture mardi. Hier, vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le Brent de la mer du Nord pour livraison en juin perdait 86 cents à 49,46 dollars le baril. A New York, le baril de "light sweet crude" pour la même échéance lâchait 89 cents à 49,25 dollars. Les deux cotations sont donc toujours très proches.
Les cours du pétrole restaient en baisse mardi en fin d'échanges européens, la menace d'une pandémie de grippe porcine faisant craindre une chute du trafic aérien et du tourisme, un nouveau coup possible porté à la consommation pétrolière.
Les cours restent sous pression en raison des craintes d’extension de l’épidémie de grippe porcine qui a déjà fait entre 100 et 150 morts au Mexique. La crainte d'une propagation mondiale de la grippe porcine, qui pourrait devenir une pandémie, a pesé sur l'humeur du marché pétrolier, comme sur les autres matières premières. Gagné par la peur, le marché pétrolier avait fini en baisse d'environ 1,50 dollar des deux côtés de l'Atlantique lundi.
Le recul des marchés financiers sur fond de rumeurs de recapitalisation de plusieurs banques américaines pèse également sur le prix du baril. Les opérateurs attendent la publication, cet après-midi, des stocks pétroliers hebdomadaires aux Etats-Unis, à nouveau prévus en hausse. Selon le consensus établi par Reuters, les réserves de brut devraient avoir augmenté de 2,1 millions de barils sur la semaine au 24 avril, ce qui les situeraient non loin d’un plus haut de 19 ans. Les stocks d’essence sont quant à eux attendus en baisse de 200.000 barils.
A NOTER : "pour ce qui concerne les cours du pétrole, le facteur « peur » ne doit pas être sous-estimé, car nous sommes actuellement sur un marché mû essentiellement par des attentes financières et non par le niveau d'offre et de demande", soulignaient les analystes du cabinet JBC Energy.
Le marché craint que l'épidémie ne compromette les chances de rétablissement de l'économie mondiale et ne frappe en particulier les secteurs sensibles du transport et du tourisme.
"Même si l'étendue des dégâts (...) n'est pas encore bien connue, la peur d'un trafic aérien plus faible et de conséquences dommageables sur les échanges pour une économie mondiale déjà en piteux état, met à mal les cours de l'or noir" commentaient les analystes de Barclays Capital.
Alors que de nouveaux cas continuaient d'apparaître dans le monde, la liste des pays qui déconseillent les voyages non essentiels au Mexique n'a d'ailleurs cessé de s'allonger: France, Japon, Allemagne, Belgique, Grande-Bretagne, Espagne, Autriche, Australie, Hong Kong, Canada, Italie, Pays-Bas, Israël...
Et les voyagistes britanniques Thomas Cook et Thomson ont annulé leurs vols vers ce pays au départ de la Grande-Bretagne.
"La grippe porcine a potentiellement la capacité de décimer la demande de trafic aérien, chose qui s'est produite en 2003 avec la propagation du virus de pneumonie atypique (Sras) de grippe aviaire en Asie", observait ainsi JBC.
La propagation de l'épidémie pourrait affecter à l'avenir le trafic aérien, dont la chute s'est poursuivi en mars en raison de la crise économique, a d'ailleurs affirmé l'Association internationale du transport aérien (IATA).
IATA représente 230 compagnies, soit 93% du trafic aérien international, à l'exclusion des compagnies low-cost.
"La pression du côté de l'offre continue" ajoutaient cependant les analystes de Barclays Capital, citant des réductions de production des Emirats arabes unis, où "la compagnie nationale pétrolière d'Abu Dhabi a informé ses clients asiatiques qu'elle diminuerait sa production de 18% supplémentaires en juin, après déjà 15% en mai".
De telles réductions de l'offre, "dans la logique du respect des quotas réclamé par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole", pourraient permettre aux prix du brut de se stabiliser, et à terme de remonter.
Selon les analystes de Barclays, cela permettrait également de "réduire des stocks qui se sont affichés en hausse dans les derniers mois".
http://conjoncture.blogs.challenges.fr/archive/2009/04/29/on-attend-la-fed-en-craignant-la-grippe.html