Gaza, vous vous souvenez ?

Publié le par sceptix

Gaza souviens toi
publié le dimanche 3 mai 2009

Gidéon Lévy
 
Trois mois se sont passés depuis cette guerre [menée par Israël contre la population de la bande de Gaza ; NdR], qui fut celle dont on a le plus parlé, et Gaza est de nouveau oubliée.

Alyan Abu Aun est allongé sous sa tente, ses béquilles à côté de lui. Il fume des cigarettes et regarde fixement le tout petit espace vide de sa tente. Son petit garçon est sur ses genoux. Dix personnes sont entassées dans la tente, de la taille d’une toute petite pièce. Elle lui a servi de maison depuis trois mois. Il ne reste rien de sa précédente maison , bombardée par l’armée israélienne pendant l’opération « Plomb durci » Les voilà réfugiés pour la deuxième fois, la mère de Abu Aun se rappelle encore sa maison à Sumsum, près de Ashkélon.

Abu Aun, 53 ans, fut blessé alors qu’il tentait de fuir, quand sa maison, à Beit Lahia, a été bombardée. Depuis il a des béquilles. Sa femme a accouché au plus fort de la guerre, et aujourd’hui le bébé est avec eux sous cette tente glaciale. Sa tente s’est envolée pendant la tempête qui a frappé Gaza mercredi, la famille a du la remettre debout. Ils reçoivent de l’eau de temps en temps dans un bidon, et une toute petite cabane en tôle sert de salle de bains pour les cent familles de ce nouveau camp de réfugiés : « camp Gaza » à Al-Atatra, près de Beit Lahia. Abu Aun se montre particulièrement amer ce week-end car la Croix rouge lui a refusé une tente plus grande pour sa famille…

Depuis trois mois, Abu Aun et sa famille , ainsi que des milliers de familles vivent dans cinq camps de tentes installées après la guerre. Ils n’ont pas commencé à nettoyer les ruines de leurs maisons, laissés tout seuls pour la reconstruction. Des milliers vivent dans les ruines de leurs maisons, des milliers dans les tentes, des milliers entassés chez des parents, des dizaines de milliers restés sans maisons et à qui le monde ne porte plus aucun intérêt . Depuis la conférence des donateurs, réunie en grande fanfare à Sharm-el-Sheik, il ne s’est rien passé.

Gaza est assiégée. Il n’y a pas de matériaux de construction. Israël et le monde posent des conditions. Les Palestiniens sont incapables de former un gouvernement d’unité, comme on le leur demande. On ne voit nulle part l’argent ni le ciment, et la famille d’Abu Aun continue à vivre sous une tente…

Trois mois exactement se sont passés depuis cette guerre, qui fut celle dont on a le plus parlé, et Gaza est de nouveau oubliée. Israël n’a jamais manifesté d’intérêt pour la situation de ses victimes. De plus le monde a maintenant oublié. Deux semaines avec à peine une roquette Qassam et Gaza se trouve complètement rayée de l’actualité. Si les Gazaouis ne reprennent pas rapidement les tirs, personne ne s’intéressera de nouveau à leur vie. Ceci est grave et c’est un triste message apte à déclencher un nouveau cycle de violence, et ensuite, c’est certain, ils n’auront pas d’aide à cause des tirs.

Quelqu’un doit prendre la responsabilité de la famille de Abu Aun et des autres victimes. S’ils avaient subi un tremblement de terre, le monde les aurait aidé à reconstruire depuis longtemps. Même Israël aurait dépêché des camions d’aides, et même l’armée israélienne. Mais la famille Abu Aun n’est pas victime d’une catastrophe naturelle…La réponse c’est : pas de compensation, pas de reconstruction. Israël et le monde ont trop de préoccupations pour reconstruire Gaza ; ils sont devenus muets.

Gaza, vous vous souvenez ?

Dans les ruines de la famille Abu Aun , germe une nouvelle désespérance, et celle-la sera plus amère que les précédentes, parce qu’une famille honnête de huit personnes a été détruite, physiquement et psychologiquement, et le monde ne réagit pas.

Le monde, encore une fois, doit réparer les erreurs d’Israël. Mais Israël pose de plus en plus de conditions pour distribuer l’aide humanitaire d’urgence. Aucune excuse pour avoir laissé Gaza en ruines. Pas d’offre de l’aide que mérite Gaza et dont elle a désespérément besoin. Gaza est une fois de plus livrée à elle-même et quand les hostilités reprendront on nous parlera de nouveau de la cruauté et de la violence des…Palestiniens.

 

synthèse d’articles publiés par Haaretz

http://www.haaretz.com/

Traduction : A. Hamon
http://www.france-palestine.org/article11697.html

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