Main basse sur le riz : Une menace imminente pour la sécurité alimentaire

Publié le par sceptix


Le riz est l’aliment de base le plus important au monde - plus de la moitié de la population mondiale en consomme quotidiennement. Cultivé dans le monde entier depuis plus de 10 000 ans, le riz est aussi un ingrédient clé présent dans un grand nombre de nos produits alimentaires, de la nourriture pour bébés aux nouilles instantanées.

Mais le riz est aujourd’hui menacé par le génie génétique. Actuellement, le riz génétiquement modifié (GM) est seulement cultivé sur certaines parcelles expérimentales en plein champ, en Chine notamment. Mais tout pourrait changer dès demain car des multinationales agrochimiques et certains gouvernements tentent de le commercialiser à tout prix. On sait pourtant que ce sont les modes de production agricoles écologiques qui sont les plus sûrs pour faire face à la crise alimentaire et les catastrophes extrêmes liées au réchauffement climatique. Le rejet du riz OGM est un enjeu essentiel pour les consommateurs et l’environnement mais également pour la sécurité alimentaire mondiale.

Un marché risqué

Le géant agrochimique allemand Bayer essaie actuellement de vendre à différents pays une variété de riz GM résistante à un herbicide. Les cultures de riz conventionnelles et biologiques seraient alors exposées à un risque élevé de contamination par ce riz GM et risqueraient d’être contrôlées par les multinationales et les gouvernements.

Le riz crée par Bayer (appelé LL62) a été génétiquement modifié pour supporter de hautes doses de glufosinate, un herbicide épandu sur les rizières afin d’éliminer un grand nombre de mauvaises herbes. Toute utilisation du riz LL62 entraînera une utilisation plus élevée de glufosinate, également commercialisé par Bayer ! Si les actionnaires de cette multinationale ne pourront que s’en réjouir, ce sont les agriculteurs, les consommateurs et l’environnement qui en supporteront toutes les conséquences. En effet, le glufosinate présente de tels risques sanitaires et environnementaux qu’il sera bientôt interdit au sein de l’Union européenne, conformément à la législation récemment adoptée.

D’un point de vue nutritionnel, il a été démontré que la composition du riz GM de Bayer diffère du riz conventionnel.

D’un point de vue environnemental, le riz GM favorise aussi l’apparition de plantes super résistantes aux herbicides.

D’un point de vue économique, la commercialisation du riz GM est également préoccupante. A titre d’exemple, en 2006, l’industrie mondiale du riz avait perdu 1,2 milliard de dollars lorsqu’une autre variété de riz GM de Bayer avait contaminé des récoltes de riz non GM. C’est pourquoi, aujourd’hui, la plupart des producteurs et des distributeurs de riz du monde entier rejettent le riz GM. 

Préservez notre riz !

Greenpeace agit pour que le riz conventionnel et biologique soit préservé de toute contamination génétique pour plusieurs raisons : Le génie génétique représente une véritable menace pour la sécurité alimentaire, menace d’autant plus alarmante avec le réchauffement climatique. A l’heure actuelle, aucune plante génétiquement modifiée poussant dans des conditions climatiques extrêmes n’existe tandis que d’autres déjà cultivées ont des rendements inférieurs à leurs équivalents conventionnels. Par exemple, il y a peu de temps, en Afrique du Sud, des fermiers ont planté plus de 80 000 hectares de maïs génétiquement modifié qui se sont avérés être stériles pour des raisons qui restent encore inconnues. La meilleure police d’assurance contre le changement et les aléas climatiques reste la biodiversité.

L’introduction volontaire ou involontaire d’organismes génétiquement modifiés dans l’environnement met en danger l’agriculture durable et limite considérablement le choix d’aliments que nous pouvons consommer.
Plus de 140 cas de contaminations génétique ont été recensés à travers le monde lors de la dernière décennie. Les transgènes qui s’échappent des plantes GM contaminent le patrimoine génétique d’autres plantes, sauvages ou cultivées. Une fois les OGM lâchés dans l’environnement, ils deviennent totalement hors de contrôle et il n’existe aucun moyen de les ramener en laboratoire s’ils s’avèrent toxiques ou nocifs pour l’environnement.
La contamination génétique menace la biodiversité. Or, cet héritage de l’humanité est fondamental pour notre survie, il doit donc absolument être protégé en temps que tel.

Non à la marchandisation du vivant !

Un jeune militant plante du riz conventionnel en Thaïlande afin de tracer un symbole contre le riz transgénique qui pourra être vu du ciel.

greenpeace.fr

 http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article10453


Un an de crise alimentaire mondiale... et 963 millions d'affamés

Il y a un an, le monde assistait médusé à la multiplication des « émeutes de la faim » dans 38 pays en développement, à la suite de la hausse des cours mondiaux des matières premières agricoles. Ces manifestations contre la vie chère étaient le fait essentiellement de consommateurs, populations urbaines approvisionnées jusque-là par des importations à bas prix. Ces consommateurs pauvres venaient s'ajouter aux masses rurales silencieuses qui constituaient jusque-là la majorité des affamés : en 2007, les trois-quarts des 850 millions de personnes souffrant de la faim sont des paysans !

De fait, avec 963 millions de personnes recensées en décembre par la FAO, c'est une personne sur six dans le monde qui souffre de la faim de façon durable.  Trente millions de personnes meurent chaque année des suites de la faim, soit un chiffre plus élevé que celui des victimes de guerre. Cette situation marque la faillite de la communauté internationale pour lutter efficacement contre la faim, malgré les déclarations d'intention et à travers le premier Objectif du millénaire pour le développement, qui fixait la division par deux du nombre d'affamés entre 2000 et 2015.

La flambée des prix des denrées alimentaires a touché l'ensemble des continents. Malgré une "chute" des cours suite à des sommets historiques, le retour à des prix satisfaisants pour les populations les plus vulnérables se fait attendre : en décembre 2008, l'indice FAO sur les denrées de base restait supérieur de 18% par rapport à 2006. Pour les populations les plus pauvres, les conséquences sont tragiques : leur capacité à se nourrir, déjà limitée, est menacée. Les signes de mécontentement social se manifestent aujourd'hui. Cette situation confirme la nécessité exprimée par le CCFD-Terre solidaire d'adopter des politiques agricoles fortes et ambitieuses, résolument tournées vers les agricultures familiales et les marchés locaux.

Certes, les raisons conjoncturelles de cette crise sont multiples : envolée des cours du pétrole, poussée de la demande des pays émergents, pression sur l'offre due au développement des carburants d'origine végétale, perturbation climatique...

Cependant, l'augmentation des prix simultanée à travers le monde et la vulnérabilité des populations pauvres résultent de choix dans les politiques agricoles qui ont privilégié un modèle fondé sur l'industrialisation et les exportations, au détriment des petits producteurs. L'affaiblissement des agricultures des pays du Sud, désormais incapables de subvenir seuls à leurs besoins alimentaires, les a rendu dépendants des importations. On en observe aujourd'hui les effets.

Si le constat est aujourd'hui globalement partagé par les institutions internationales et la plupart des gouvernements, les changements d'orientation des politiques et le passage à l'acte tardent à se réaliser !


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