Conditions de travail des gardiens de prison

- Chair à canon, par Emmanuel.
Je suis surveillant pénitentiaire et particulièrement fier de l'être en ce moment, où nous démontrons que nous sommes capables de nous mobiliser pour des revendications autres que statutaires ou indemnitaires. En réalité, le malaise de notre profession est moins lié aux missions de "garde et de réinsertion" pour lesquelles nous sommes formés, qu'à l'évolution et à la variété des tâches que nous sommes amenés à accomplir sur le terrain. Les transferts médicaux, y compris des détenus dangereux, et les gardes statiques le temps de leur passage à l'hôpital, sont de plus en plus assurés par nos services plutôt que par nos homologues de la police ou de la gendarmerie, sans aucune extension légale de nos prérogatives en milieu ouvert. Ce qui fait que nous sommes la seule force de sécurité publique dépourvue de moyens de défense et de formation une fois hors de nos murs. Or, ceux qu'on appelle les "petits délinquants" peuvent être dangereux. Seuls et sans armes, nous devenons de la chair à canon.
Cet exemple illustre la forte pression et surtout notre exposition à des missions aussi diverses que variées qui ne sont malheureusement accompagnées ni d'une formation adéquate, encore moins de moyens matériels qui permettent leur accomplissement dans les meilleures conditions de sécurité pour tous. Et encore, je ne vous ai pas parlé de la mise en œuvre des RPE (règles pénitentiaires européennes) dans des établissements qui n'y sont pas du tout préparés...
Y en a marre d'être des bâtards de la République, il est temps de se déterminer.
- Chaises et WC cassés, chambres pourries, par Eric Hoareau
Ce surveillant à la prison de la Santé, à Paris, membre du syndicat UFAP, décrit, au micro d'Alain Salles, des conditions "misérables", notamment pour les gardiens en service de nuit et affectés aux miradors, et la lenteur des changements.
- Le mépris, par Toni L.
Savez-vous ce qu'est le mépris ? Devenez surveillant pénitentiaire et vous saurez vite ce qu'il en est. Le mépris des détenus peut se comprendre, mais ce qui me révolte, c'est le mépris de la ministre de la justice. Cette amoureuse des médias qui, depuis qu'elle sévit à la chancellerie, réagit plutôt qu'elle n'agit ferait bien de tenir compte de ce que nous demandons : un peu de considération.
- Marre d'être un porte-clé, par K. L.
Y en a marre, c'est le ras-le-bol, pendant que Madame Dati a ses petits fours et ses robes Dior, les surveillants s'épuisent sur les coursives ! Comment gérer 100 détenus par étages ? A l'heure de la réinsertion, on ne peut passer que 45 secondes par détenu. Les insultes, crachats, menaces deviennent quotidiens. On veut des moyens, une reconnaissance de notre difficile métier. Il faut remotiver les troupes : je ne suis pas un porte-clé, payé à ouvrir et fermer des portes ! Pas de quiètude pour les surveillants tant que Madame Dati ne nous satisfera pas !