Les industriels sont les grands bénéficiaires de la PAC (mais également des banques (sic) et assoc. caritatives...)

La liste complète des bénéficiaires la politique agricole commune a été rendue publique. En France, ce sont les groupes agro-alimentaires qui reçoivent les plus grosses sommes. Le producteur de volailles Doux arrive en tête avec 63 millions d'euros reçus en 2008.
Opération transparence pour la PAC. Jusqu'à ce jeudi 30 avril, personne ne connaissait l'identité des bénéficiaires des aides agricoles européennes. On sait désormais qu'en France, 10 milliards d'euros ont été distribués en 2008 à 500.000 bénéficiaires. La vraie surprise de cette publication est la présence des groupes agro-alimentaires et d'associations dans les premiers rangs du classement.
Les industriels en tête grâce aux aides à l'exportation
Après le volailler Doux, qui a touché 63 millions d'euros de la PAC, ce sont les sucriers qui ont le plus bénéficié des primes agricoles. Ils ont reçu entre 8 et 50 millions d'euros entre octobre 2007 et octobre 2008 grâce aux aides à l'exportation. De manière générale, les groupes peuvent aussi toucher des aides à l'investissement ou à la restructuration.
(hors banques)
Société | Activité | aides (en millions d'euros) |
---|---|---|
Doux | volaille | 62,8 |
Saint Louis Sucre SNC | sucre | 38,6 |
Comité régional pour la reconversion qualitative différée | viticulture | 38,1 |
Tereos | sucre | 26,3 |
Sucrière de la réunion | sucre | 25,7 |
Fédération des banques alimentaires | banque alimentaire | 22,6 |
Tilly Sabco | volaille | 20,5 |
Eurosugar | sucre | 19,9 |
France Luzerne Ucad | Fourrages | 18,2 |
Sucres et denrées | négoce | 16,9 |
Secours populaire | banque alimentaire | 15,5 |
Restaurants du coeur | banque alimentaire | 13,7 |
Saint Louis Sucre SA | sucre | 13 |
Aribev | porc | 11,5 |
Sucrerie de Bois rouge | sucre | 11 |
A.O.P. COPFEL de Bretagne | maraîcher | 10,6 |
Gardel | sucre | 10 |
France Prune UCA | maraîcher | 9,6 |
Société Sas Herbignac Cheese | fromage | 9,2 |
Chamtor | céréales | 8,9 |
Du côté des exploitants agricoles, les aides directes français se sont élevées en moyenne à 20.000 euros par exploitation. Mises en place lors de la réforme de 1992, elles visent à donner aux agriculteurs un revenu minimal garanti indépendamment de la quantité produite. Objectif : éviter toute surproduction.
"Les soutiens à l'exportation permettent aux entreprises françaises d'aligner leurs prix sur ceux du marché mondial, alors qu'ils ne sont pas compétitifs. Doux a le monopole en France sur les exportations de volailles, ce qui explique les 63 millions d'euros d'aide", explique Vincent Chatellier, économiste à l'Inra de Nantes. "Les montants peuvent paraître impressionnants mais ils étaient dix fois plus importants il y a dix ans. Aujourd'hui, ces aides sont de l'ordre de 220 millions d'euros. Sur dix milliards d'aide de la PAC, ce n'est pas grand chose", nuance-t-il. Les "restitutions aux exportations" sont condamnées par l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Elles sont considérées comme une concurrence déloyale envers les pays en développement.
De fortes inégalités entre agriculteurs
Parmi les 390.000 agriculteurs qui ont obtenu des aides directes de l'Union européenne (selon le premier pilier), les écarts sont très importants. 10% ont reçu plus de 50.000 euros d'aides et un tiers n'ont eu que 5.000 euros. En tête figurent les céréaliers et notamment les riziculteurs. Une inégalité liée à la mise en place d'un système de compensation en 1992. Cette réforme visait à rapprocher les prix européens des cours mondiaux en réduisant les prix garantis. Depuis, la France n'a presque pas modifié son système d'aide, contrairement à d'autres pays comme le Danemark en 2003.
Mais la situation pourrait changer prochainement. "Le Royaume-Uni, le Danemark ou la République tchèque refusent de payer pour les céréaliers français. Ils font pression pour que l'UE élimine ces aides en 2013", analyse Jean-Christophe Bureau, économiste à l'Inra. Le contenu et le montant des aides allouées aux agriculteurs européens seront remis à plat à ce moment-là.
En attendant, et pour sauver la PAC, le ministre de l'Agriculture Michel Barnier a annoncé en février une modification des aides pour une politique agricole française "plus juste". Quelque 1,4 milliard d'euros seront redistribués vers des secteurs ou des territoires fragiles.
Les pays européens avaient jusqu'au 30 avril pour mettre en ligne les noms des bénéficiaires des subventions agricoles, avec les montants exacts. Certains pays nordiques avaient déjà diffusé ces informations. La France s'y opposait jusqu'à présent, sous la pression des syndicats agricoles. Les données sont consultables sur le site telepac. L'Allemagne refuse toujours la publication de ces informations.
Des ONG et des banques dans le classement
Les aides de la PAC ne s'adressent pas seulement aux agriculteurs, même s'ils constituent l'essentiel des bénéficiaires. Des associations caritatives reçoivent des aides au titre du programme européen d'aide aux plus démunis. Le Secours populaire a ainsi touché 15,5 millions d'euros l'an dernier.
Des banques comme le Crédit agricole, le Crédit mutuel ou les Banques populaires (5,3 millions d'euros) en ont largement bénéficié à travers les prêts bonifiés. Ces prêts sont accordés à un taux inférieur à celui du marché, grâce à une aide de l'État. "Cette aide date des années 80, quand le taux d'emprunt était plus élevé en France qu'en Allemagne. C'était pour soutenir nos agriculteurs au niveau européen. Aujourd'hui, elle est plus discutable", estime Jean-Christophe Bureau. Enfin, l'Office national des forêts (ONF) a perçu 19 millions pour des programmes de développement rural
L'expansion