Souriez les États-Unis vous observent
(Source : Toronto Star - Traduction : Daniel Guimond)
Détroit - Environ 15 mètres avant qu’une voiture en provenance du Canada arrive à la guérite d’inspection des douanes Étasuniennes, le processus débute. Une caméra saisit une image de votre plaque numérologique.
Un lecteur de puces électronique posé sur un poteau jaune scanne votre véhicule pour la présence de cartes d’identification à fréquence radio. Si vous êtes en posession d’un permis de conduire à puce, grâce à son NIP votre information biométrique est lue sans votre autorisation.
L’ordinateur de la Customs and Border Protection (Protection des Douanes) se branche sur la base de données de votre province, et en moins d’une seconde - .56 pour être exacte- votre information personnelle est téléchargée sur un écran dans la guérite. Une deuxième caméra saisit le visage du conducteur.
Bienvenue aux États-Unis d’Amérique.
Si les Canadiens étaient sous l’impression que le Président Barack Obama allait plaider en faveur d’un déserrement des controles pour faciliter le transport frontalier et les échanges commerciaux, il ne devrait plus y avoir de doute. Ce ne sera pas le cas.
À partir du 1er Juin prochain, vous devrez avoir votre passeport en main. Ou si vous possédez un permis de conduire à puce, de la Colombie-Britannique, du Manitoba ou du Québec, assurez-vous de l’avoir à portée de la main. (L’Ontario accepte maintenenant les demandes.)
Certains membre du Parlement Canadien ainsi que des légistes et propriétaires de commerces des états frontaliers tels que Détroit-Windsor s’attendent au pire lorsque la nouvelle mesure de contrôle entrera en vigueur.
"Cela va soit causer d’énormes embouteillages, ou cela causera une baisse dramatique d’affluence des voyageurs, ou les deux à la fois", a dit Melissa Roy de la Chambre de Commerce Régionalede Détroit, la plus importante organisation de chambre de commerce du pays. "C’est un véritable cauchemar", a-t-elle rajouté.
Les hauts responsables de l’administration Obama - Janet Napolitano, Secrétaire de la Homeland Security et Hilary Clinton, Secrétaire d’État - ont signé il y a déjà longtemps les documents relatifs au 1er Juin, dans le cadre de l’infâme Initiative de Voyage de l’Hémisphère Ouest. Il s’agit d’une politique datant de l’ère-Bush, que le Congrès a établi sous le couvert de la réforme de l’information du 11 Septembre, qui stipule que tous les étrangers pénétrant sur le territoire des États-Unis par la voie aérienne, par la mer ou par voie terrestre devra posséder un passeport ou un document d’identité aprouvé par le gouvernement Étasunien.
Napolitano a dit que les Canadians devront s’y faire. "Dans le future, il y aura une vraie frontière", a-t-elle lancé devant un groupe en mission commerciale le mois dernier.
Voici ce à quoi la frontière ressemble déjà :
Un scanneur attaché à un poteau scanne votre véhicule pour du matériel radiocatif apte à produire une "bombe sale" - “cet engin est si sensible qu’il détectera si vous avez récemment eu une procédure médicale usant des isotopes”.
Alors que vous approchez de la guérite un moniteur peut se remplir d’informations à votre sujet, bien avant que le douanier vous demande : "D’ou arrivez-vous ? Quel est votre citoyenneté ? Ou allez-vous ? Et pour quelles raisons ?"
Si vous êtes la proie d’un mandat d’arrêt, si vous êtes soupçconnés de quoi que ce soit, votre casier judiciaire apparaitra à l’écran, ou si quelque chose cloche - peut-être que vous suez par une journée froide- attendez-vous à être soumis à une fouille en règle.
Le point d’entrée de l’Ambassadors Bridge de Déètroit - le pont de traverse le plus occupé du continent, sur lequel un quart des passages entre le Canada et les É.-U. s’effectuent, ont des mesures très strictes, ainsi que celui du tunnel Windsor-Détroit.
Les agents des douanes dotés de poivre de cayenne, armés de bâtons rétractables et de révolvers 9mm automatiques, sont le premier point de contact pour les voyageurs ainsi que les cargos. Parfois, ils ont l’ordre de fouiller les véhicules auhasard. Alors, pendant une trentaine de minutes les agents ouvriront tous les coffre-arrière, juste par curiosité.
Sous le pont datant de 80 ans, des douzaines de semi-remorques sont alignés pour passer par les mêmes controles, et possiblement par un immense scanneur au rayons gamma qui voit à l’intérieur des 18 roues suspects.
Entre les points de passage, tout au long de la frontièere qui sépare les Canada des É.-U., il y a une nouvelle réalité.
Bien que les É.-U. n’est pas à construire une clôture de 1,100km entre les deux pays, comme cela est le cas avec la frontière du Mexique, une barrière virtuelle est bel et bien en place sur la limite de ce qui fut autrefois la plus longue frontière non gardée.
Haut dans le ciel au-dessus du Nord-Dakota, un avion furtif Predator est en patrouille, muni d’une caméra infrarouge qui a un champ de vision de 24 kilomètres.
Le furtif n’a pas l’autorisation de voler dans l’espace aérien Canadien, mais il peut scruter dans le Manitoba. Un deuxième furtif sera déployé près de Détroit l’an prochain pour scruter la frontière entre le Michigan et l’Ontario.
De plus en plus de caméras pour la lumière du jour et à l’infrarouge, des tours de surveillance au radar et des détecteurs de mouvement sont érigés le long de la frontière entre les É.-U. et le Canada.
Puis il y a plus de bottes au sol que jamais. Avant le 11 Septembre, les É.-U. avaient 340 agents des douanes le long de la frontière Canadienne. Dès l’an prochain, il y en aura plus de 2000.
La frontière régionale de Détroit-Port Huron-Sault Ste.Marie se targue de posséder une flotille de petits avions, d’hélicoptères, d’un Black Hawk, de bateaux, de vaisseaux des Gardes Côtes, même d’un petit Cessna Citation.
À Windsor, cela rend nerveux un Membre du Parlement tel que Brian Masse qui parle de "militarisation de le frontière".
Il mentionne les hélicos et les furifs, et le fait que le Canada accepte les exercices des Gardes-Côtes sur les Grands Lacs, là ou les bateaux spont équipés de fusils mitrailleurs capables de fournir 600 rondes minute.
"Cela a changé la nature de notre frontière", dit Masse.
Un journaliste Étasunien, Edward Alden, qui est un membre senior duCouncil on Foreign Relations de Washington, a écrit La Fermeture de la Frontière Étasunienne, qui documente le coût de ce zèle sur l’économie des É.-U.
Il argue que "la plus grosse erreur de l’après 11 Septembre" fut de flouer la limite entre la guerre au terrorisme et la guerre à l’immigration illégale.
Alden ne voit aucun changement sous l’administrationde Obama. Les Démocrates ne veulent pas avoir l’air de lésiner sur la sécurité interne, et ce sont montrés tels des ’faucons dès le départ". Mais ils sont aussi sous pression, afin de traiter avec ce que Napolitano terme "d’égalité" la frontière Nord et la frontière Sud, de la part du bloc de voteurs Hispanophones.
L’officier de liaison de la Customs and Border Protection (Protection de la Frontière et des Douanes) de Détroit, Chief Ron Smith, concède que lorsqu’il sagit de la frontière nord, "Beaucoup de gens surévaluent les risques de sécurité. Si quelqu’un tente de franchir illégalement la frontière vers les É.-U. en provenance du Canada, cela ne veut pas nécessairmeent dire qu’ils sont des terroristes. Ils ont les mêmes raisons de franchir la frontière que ceux qui tentent de pénétrer illégalement au pays par la frontière Mexicaine".