Futurs camps de concentration ? Vol au dessus des nids de la FEMA
Guantanamo ne sera-t-il qu’un simple accident de l’histoire contemporaine d’un pays civilisé, ou sera-t-il le prototype d’une longue série intra-muros à venir dont la mise en place, commencée il y a quelques années dans l’optique civile d’un débordement de flux migratoire, pourrait dériver vers une exploitation militaire, destinée au traitement, selon une réglementation propriétaire, des suspects ou supposés opposants à la future politique étatsunienne, si celle-ci était amenée à être impopulaire ? Itinéraire d’un enfant gâté bientôt en possession du pouvoir de l’enfer.
Origine et évolution de la FEMA, quand l’enfer est pavé de bonnes intentions
La FEMA (Federal Emergency Management Administration) a été créée en 1979 par le président Carter pour coordonner l’intervention gouvernementale de plusieurs associations locales en cas de catastrophe naturelle. Pour mener cette action à bien, l’agence s’est vu transférer les pouvoirs correspondants, le « national security act of 1947 », le « 1950 defense production act », le « act of august 22, 1916 », et le « International Emergency Economic Powers Act ». Ces directives lui permettent de prendre des dispositions d’urgence d’ordre économique. En 1984, le président Reagan étoffe le dispositif en créant le « Presidential Directive Number 54 », qui, par le biais du projet Rex-84 (pour exercice 1984), prévoit de mesurer la capacité de la FEMA à assurer localement des missions militaires, en cas d’urgence nationale, et ce, parallèlement aux déploiements de l’armée elle-même. A l’époque, le FEMA n’est encore qu’une alternative sur laquelle se penche le gouvernement. En 1996, Suite à l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo, Clinton promulgue le « Weapons of Mass Destruction Act of 1996 », en reconnaissant la vulnérabilité des Etats-Unis face aux nouvelles formes de terrorisme. C’est le Nunn-Lugar-Domenici qui met sur pied un vaste exercice de plusieurs années, où 120 villes suivent des simulations d’attaques terroristes … “scheduled to complete training in 2001”. 2001, quel hasard ! La FEMA reçoit alors la mission de gérer les crises issues des attaques terroristes, en supplément de son registre des catastrophes naturelles.
En 2002, Après le 11 septembre et le « Patriot act » qui le suit de 10 jours, le « Homeland Security Act » est adopté par le congrès. Le DHS (Department of Homeland Security) juste créé absorbe la FEMA en 2003, qui se présente sur son site comme investie dans la gestion de désastres naturels. Or en 2005, la déconfiture complète de la FEMA dans la gestion des secours après Katrina amène les américains à s’interroger sur sa réelle fonction, sa démission dans ce registre étant largement pointée du doigt : « FEMA conducted large-scale natural disaster exercises between 1995 and 1998 but then opted for smaller ones with fewer participants ». Curieusement, c’est Blackwater, une milice privée américaine, celle-là même qui fait le nettoyage de l’armée étatsunienne en Irak et en Afghanistan, qui a été envoyée à sa place pour gérer la crise. Ce rôle obscur induit par les gros doutes sur la fonction officielle de la FEMA, qui se met à organiser des conférences de presse bidons, prendra tout son sens en 2007. Bush signe le “National Security & homeland security presidential directive”, dont le NSPD-51 / HSPD-20, qui passe le pouvoir à l’exécutif et au DHS « In case of catastrophic emergency ». Au DHS, donc à la FEMA. En clair, le président s’est voté le droit d’ignorer le congrès, et peut répercuter à la FEMA les différentes dispositions prévues pour le cas échéant, parmi lesquelles, pour faire court : - Contrôle de l’énergie publique et privée (ordre exécutif N° 10997) et de la nourriture (10998)
- Permet au gouvernement de mobiliser des brigades civiles de travail sous sa surveillance (11000) – (des travaux forcés – ndlr)
- Autorise le gouvernement à isoler de larges groupes de civils (12656) – (isolement dans des camps – ndlr)
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