Berlin demande une solution rapide pour la Grèce
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Wolfgang Schaüble, le ministre allemand des Finances, entouré du président de la BCE (à gauche) et du directeur du FMI, annonce que Berlin pourrait débloquer l’aide à la Grèce dès le 7 mai. (DR)
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Un accord FMI-Europe, un défaut de paiement ou une expulsion de la zone euro. Aucun des trois scénarios n’est désormais exclu. Selon des parlementaires allemands, la Grèce aurait besoin de 120 milliards d’euros sur trois ans
Après la journée noire de mardi – les notes souveraines de la Grèce et du Portugal ont été abaissées, entraînant la dégringolade de toutes les places financières européennes et la chute de l’euro à son niveau le plus bas cette année –, l’Allemagne, poids lourd de la zone euro, a décidé d’agir. La chancelière allemande Angela Merkel a appelé mercredi à accélérer les négociations en cours avec Athènes sur un redressement des finances publiques de la Grèce. Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a, pour sa part, annoncé qu’il compte soumettre le projet de loi sur un prêt de 8 milliards d’euros à la Grèce le 7 mai. Sans le feu vert allemand, c’est tout l’accord d’aide Europe-FMI qui restera bloqué.
La pression sur les dirigeants allemands est montée d’un cran mercredi de par la présence à Berlin de Dominique Strauss-Kahn, directeur du Fonds monétaire international (FMI) et de Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE). Avec un message on ne peut plus clair. Le patron du FMI a affirmé que la confiance dans non seulement la Grèce, mais aussi dans l’ensemble de la zone euro, était en jeu. «Le plus tôt sera le mieux pour débloquer l’aide à Athènes, a-t-il prévenu. Chaque jour perdu est un jour où la situation empire.»
Accord Europe-FMI
En premier, le FMI et la Grèce signent un «Stand-by agreement» qui fixe le montant du prêt et de ses conditions. La date du 2 mai est avancée. Selon diverses sources d’informations, le FMI serait même prêt à passer outre ses règles et à débloquer entre 5 et 10 milliards d’euros, en sus des 15 milliards en négociations depuis samedi dernier.
Un accord avec le FMI ouvrirait la voie aux pays de la zone euro pour accorder leurs prêts bilatéraux. Avec le feu vert allemand qui pourrait être acquis le 7 mai, la Grèce pourrait honorer son engagement de 9 milliards, dû le 19 mai. Athènes pourrait ensuite attendre les prochaines échéances avec sérénité tout en œuvrant pour le redressement de ses finances publiques.
Défaut de paiement
Si un accord avec le FMI n’est pas conclu, Athènes pourrait faire défaut de paiement et demander une restructuration de ses créances. Les marchés se préparent à ce scénario. Les responsables européens, Jean-Claude Trichet ainsi qu’Hermann Van Rompuy, président du Conseil européen, ne laissent passer aucune occasion pour affirmer qu’aucun pays de la zone euro sera laissé à aller jusqu’à un défaut de paiement. Il y va certes de la crédibilité de la zone euro. Mais pas seulement. Les détenteurs des obligations grecques, dont la BCE et les banques allemandes et françaises, perdraient jusqu’à 265 milliards d’euros. Dégradés par Standard & Poors, les titres grecs ne valent plus qu’entre 30 et 50% de leur valeur initiale.
Expulsion de la zone euro
Une sortie de la Grèce de la zone est le scénario le plus extrême. En Allemagne, de nombreux responsables politiques qui sont opposés à voler au secours de la Grèce, demandent qu’une telle mesure soit appliquée à tout pays qui ne respecte pas les critères de Maastricht, qui fixent un déficit public à 3% du produit intérieur brut (PIB) et une dette publique à 60% du PIB. Ils ne sont pas les seuls à préconiser une telle sanction. Cité par Bloomberg, Marc Faber, gourou de la finance et éditeur de Gloom, Boom & Doom Report, vient de déclarer qu’il est temps d’éjecter les pays qui constamment ne respectent pas les normes. Pour la Grèce, mais aussi pour plusieurs responsables européens, il n’est pas question d’un tel scénario. Les statuts de la zone euro ne le prévoient pas non plus.
source :LeTemps