C. Lagarde, le FMI et ses patrons : les oligarques de Wall Street

Publié le par Charlotte sceptix

07 juil LIESI

La nouvelle directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde doit entrer dans le vif du sujet dès son arrivée à Washington, avec la Grèce à son ordre du jour très rapidement. « Un programme de travail chargé attend la nouvelle directrice générale du FMI », affirme le journal interne de l’institution. « L’économie mondiale est toujours secouée par les incertitudes en Europe, les soulèvements au Moyen-Orient, les signes de surchauffe dans certaines économies de marché émergents en croissance rapide et par la hausse des prix des produits de base », observe encore l’institution qui promet à Mme Lagarde « de difficiles décisions stratégiques [...] pour promouvoir la reprise mondiale et régler la crise de la zone euro ». Ce sera un moyen de « tester » la nouvelle venue sur les sujets qui tiennent à cœur les oligarques de Wall Street qui ont cautionné sa nomination. 

A court terme, le FMI doit réunir son conseil d’administration pour débloquer la cinquième tranche de son prêt de 30 milliards d’euros à Athènes. Elle devrait être de 3,3 milliards d’euros, selon le programme des versements établi à l’origine, en mai 2010. A moyen terme, le FMI doit trouver un moyen de financer un Etat qui, contrairement aux prévisions initiales, devrait selon toute vraisemblance être incapable de retourner sur les marchés de la dette à long terme début 2012. Dans cette crise grecque, Mme Lagarde passe pratiquement sans transition d’un côté de la table, celui de la zone euro, à un autre, celui du FMI. Devant le conseil d’administration le 23 juin, elle a promis qu’elle aurait vis-à-vis des pays de la zone la même rigueur qu’avec les autres Etats membres.

Une allégeance totale ?

« Mon seul souci sera d’agir en pleine conformité avec la mission du FMI et de veiller à la bonne utilisation des ressources du Fonds. Lors de mes discussions avec les dirigeants européens, je n’hésiterai pas à faire preuve de la franchise et de la fermeté nécessaires, bien au contraire », disait-elle. Les oligarchies pensent que Mme Lagarde tiendra parole. D’aileurs, n’a-t-elle pas dit : « Dans le cas de la Grèce, il n’existe aucune solution qui ne commence pas avec des ajustements difficiles mais nécessaires de la part des autorités grecques pour rétablir la viabilité des finances publiques et restaurer la compétitivité du pays » ?

Pour le prix Nobel d’économie (2008) Paul Krugman, la nouvelle directrice générale, reconnue comme « sérieuse, responsable, sensée », est encore un « mystère ». « Sous l’ère Strauss-Kahn, le FMI s’est distingué comme la moins dogmatique, la plus ouverte intellectuellement des grandes institutions internationales. [...] Donc la question est: le FMI va-t-il devenir plus raisonnable sous l’ère Lagarde? Pour le bien de l’économie mondiale, espérons que non« , a affirmé sur son blog cet économiste américain classé à gauche.

 

C. Lagarde touchera un salaire annuel de 551 700 dollars

La nouvelle directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde touchera un salaire de 551 700 dollars par an (467’800 francs), a annoncé l’institution. Elément intéressant, dès son arrivée au siège du FMI à Washington, Mme Lagarde a été accueillie par son premier adjoint, l’Américain John Lipsky (un ancien de JP Morgan, pièce maîtresse des Rockefeller), et le doyen du conseil d’administration, l’Egyptien Abdel Shakour Shaalan.

Le FMI a publié son contrat de travail, qui prévoit un salaire de base de 467 940 dollars par an et une allocation pour frais de représentation (sans justificatif) de 83 760 dollars par an, soit donc un total de 551 700 dollars. Au taux de change actuel, cela représente environ 31 700 euros par mois. Cette somme n’est soumise à aucun impôt, grâce au statut de fonctionnaire international des salariés du Fonds. Le dernier salaire annuel que le FMI ait publié pour son prédécesseur, Dominique Strauss-Kahn, était de 521 100 dollars pour la troisième année de son mandat, soit la période de novembre 2009 à octobre 2010.

Le reste des termes du contrat de travail de Mme Lagarde est globalement identique à ceux qui prévalaient pour M. Strauss-Kahn, à l’exception d’un paragraphe sur l’éthique beaucoup plus détaillé. « Il est attendu de vous, en tant que directrice générale, que vous observiez les normes les plus élevées de conduite éthique, conformément aux valeurs d’intégrité, d’impartialité et de discrétion. Vous vous efforcerez d’éviter ne serait-ce que l’apparence d’une inconvenance dans votre comportement », indique le contrat. On peut raisonnablement être certain que Mme Lagarde n’est pas du genre à violer une femme de chambre ! Mme Lagarde devra en outre participer « à la formation sur l’éthique prévue par le conseiller éthique du Fonds qui est exigée pour tous les salariés du Fonds ». Aucune précision supplémentaire n’est en revanche donnée sur les conditions d’un éventuel licenciement, qui peut toujours être décidé par le conseil d’administration d’une manière qui n’est pas précisée.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article