Ce qui va changer dans l'éducation nationale : proposition de décryptage
Aujourd'hui, on trouve la dépêche suivante chez Reuters :
il y a 5 heures 22 min
Semaine de quatre jours, vacances d'été plus courtes ou mercredi travaillé : Luc Chatel a ouvert lundi le chantier des rythmes scolaires, une consultation qui doit durer au moins un an et ne s'appliquera pas avant 2014.
Deux ans après la suppression des cours le samedi matin par Xavier Darcos, que les syndicats ont vécue comme une décision unilatérale, le ministre de l'Éducation a insisté sur le "travail en profondeur, sans tabou et sans limitation des débats" qu'il a confié à un comité de pilotage.
La France cultive le paradoxe en matière de rythmes scolaires: les écoliers du primaire ont le plus d'heures de cours des pays développés (914) concentrées sur le moins de jours dans l'année (144), en raison de nombreuses vacances.
Cette organisation qui date du début du XXe "pour que les jeunes Français, enfants de paysans, rentrent au pays faire les moissons pendant tout l'été" n'a plus de sens un siècle plus tard, a fait valoir Luc Chatel lors d'une conférence de presse.
L'école "ne doit plus rythmer le fonctionnement de la société", a estimé le ministre qui veut "réconcilier le temps de l'école, le temps de la famille et le temps de la société".
"On peut trouver un système plus équilibré, mieux réparti sur l'année où, à la fin, on a de meilleurs résultats pour les élèves et une meilleure organisation de l'école.
Les chronobiologistes ont pointé de longue date les incohérences du système français, peu adapté aux facultés de concentration des enfants.
Luc Chatel a demandé au comité de pilotage de réfléchir aussi bien à l'amplitude horaire des journées d'école, à l'organisation de la semaine ou à la durée des vacances.
Les calendriers scolaires étant établis pour trois ans, les décisions n'entreront pas en vigueur avant la rentrée 2014.
UNE REMISE À PLAT POUR LES ENFANTS OU LES ADULTES?
Actuellement, l'année scolaire comporte au moins 36 semaines de travail réparties en cinq périodes séparées par des "petites vacances". Les mois de juillet et d'août sont entièrement vaqués, avec parfois un empiètement sur le mois de juin.
Selon un sondage de l'institut LH2 publié lundi par le quotidien gratuit Metro, 58% des Français sont favorables à une réduction de deux semaines des vacances d'été et 71% approuvent l'idée d'organiser les journées d'école avec cours le matin et sport l'après-midi.
Une centaine d'établissements scolaires doivent tester cette répartition à la rentrée 2011.
Pour certains syndicats, le débat qui s'ouvre est centré sur le monde des adultes - parents et entreprises - et non celui de l'enfant.
"Je rentre dans ce travail avec comme souci majeur l'intérêt des élèves", a assuré Christian Forestier, administrateur du Conservatoire national des Arts et métiers (CNAM), qui co-présidera le comité de pilotage.
Pour Philippe Meirieu, spécialiste des questions d'éducation et élu Europe Écologie, il faut à la fois raccourcir la durée des vacances d'été et les journées de classe "surchargées" à cause de la suppression des cours du samedi matin.
Deux jours de coupure pendant le week-end, "ça déséquilibre (...) Très vite, les enfants fonctionnent sur un cycle un peu infernal, qui est le cycle des adultes", a-t-il dit sur France Info.
Le Parti socialiste a de son côté souligné les "contradictions" du gouvernement, qui lance une réflexion sur les rythmes scolaires peu après avoir supprimé l'école primaire le samedi matin ou qui veut plus de sport à l'école tout en supprimant des postes d'enseignants.
Le comité de pilotage est composée de personnalités - experts de l'Éducation, scientifiques, représentants du secteur touristique ou de la culture - mais ne comprend aucun représentant des enseignants ou des parents d'élèves.
Ils seront auditionnés, a assuré Luc Chatel, défendant un choix d'efficacité. "A 97 membres, il est difficile de piloter. J'ai préféré une structure concentrée", a-t-il déclaré.
Avec Clément Guillou, édité par Yves Clarisse
Cette dépêche est intéressante à plus d'un titre : elle montre d'une part que les préoccupations réelles de réforme des ryhtmes scolaires sont économiques et non pas humanistes, et qu'une fois de plus, la réforme se fera au détriment des élèves et des enseignants.
Les preuves ? Les voici :
Déjà le passé de Luc Chatel, ministre du Ministère du Travail, un poste qui ne le prédisposait à ne connaître ou à ne comprendre l'école que dans la mesure où elle se confronte au monde du travail.
Or le problème majeur de l'école d'aujourd'hui n'est pas son inadéquation avec le monde du travail, mais l'inadaptation des rythmes scolaires, des programmes et des conditions de travail tant pour les élèves que pour les enseignants.
Si l'on prend les citations de Luc Chatel les unes après les autres, ça donne ceci :
« Cette organisation qui date du début du XXe "pour que les jeunes Français, enfants de paysans, rentrent au pays faire les moissons pendant tout l'été" n'a plus de sens un siècle plus tard, a fait valoir Luc Chatel lors d'une conférence de presse. »
S'il est vrai que les jeunes français, enfants de paysans ne vont plus faire les moissons pendant tout l'été, cela fait près de 80 ans qu'il en est ainsi, cet argument atteste donc pas de l'urgence de la chose.
« L'école "ne doit plus rythmer le fonctionnement de la société", a estimé le ministre qui veut "réconcilier le temps de l'école, le temps de la famille et le temps de la société". »
Les familles s'accommodent assez bien de ce rythme scolaire qu'elles ont connu aussi, et la réelle intention se trouverait plutôt dans la reformulation suivante : le rythme de l'école ne doit plus entraver le rythme du commerce et l'essor économique.
"On peut trouver un système plus équilibré, mieux réparti sur l'année où, à la fin, on a de meilleurs résultats pour les élèves et une meilleure organisation de l'école.
Remarquez comme on ne parle pas du bien être des élèves mais de l'amélioration de leurs résultats. Un langage purement économique, calculateur, et non dirigé vers l'humain en tant que tel. L'élève, future recrue pour le monde de l'entreprise. Peut importe ses rêves, ses désirs, ses envies et ses goûts...
Du reste une meilleure organisation de l'école tient en priorité à la faisabilité des programmes scolaires par les élèves (qui la plupart du temps sont élaborés par des universitaires ou des chercheurs qui ne connaissent rien, ou presque, aux élèves auxquels elles sont destinées !), aux modes d'évaluation, au nombre d'élèves par classe, etc...
Les chronobiologistes ont pointé de longue date les incohérences du système français, peu adapté aux facultés de concentration des enfants.
La médecine officielle les regarde encore d'un oeil suspect, mais Luc Chatel lui, en avance sur le Ministère de la Santé et sur le monde médical français, les enrôle et les fait sortir de son chapeau argumentatif.
Luc Chatel a demandé au comité de pilotage de réfléchir aussi bien à l'amplitude horaire des journées d'école, à l'organisation de la semaine ou à la durée des vacances.
Même si toutes ces demandes ont été formulées, on voit bien que la volonté principale est de réduire la durée des grandes vacances, comme le souhaitait déjà le président Sarkozy il y a deux ans.
Sur ce point, Luc Chatel est le digne successeur de Xavier Darcos : un fidèle ministre qui réalise les voeux de son président.
Les calendriers scolaires étant établis pour trois ans, les décisions n'entreront pas en vigueur avant la rentrée 2014.
On reconnaît là encore une façon de faire que le gouvernement actuel partage avec d'anciens gouvernements soviétiques ou gentiment totalitaires : on n'appliquera de toute façon ce qu'on a décidé de vous imposer, et si ce n'est pas dès l'année prochaine, c'est parce que le rythme des calendriers scolaires est de trois ans, et qu'il nous faudra patienter un peu.
Actuellement, l'année scolaire comporte au moins 36 semaines de travail réparties en cinq périodes séparées par des "petites vacances". Les mois de juillet et d'août sont entièrement vaqués, avec parfois un empiètement sur le mois de juin.
Là, il y a une omission de taille : si les élèves sont en vacances en juillet et en août, les enseignants eux sont au CHÔMAGE ! En effet, même si leur salaire annuel, qui est initialement de dix mensualités, couvrant les mois de septembre à juin inclus, est réparti en douze mensualités depuis les années 70, les mois de juillet et août ne sont pas rémunérés aux enseignants. Réformer les rythmes scolaires et amener les enseignants à travailler les mois d'été devra donc être suivi d'une augmentation de leur salaire, équivalente aux nombre de jours travaillés. Pour l'instant personne n'en parle !
Selon un sondage de l'institut LH2 publié lundi par le quotidien gratuit Metro, 58% des Français sont favorables à une réduction de deux semaines des vacances d'été et 71% approuvent l'idée d'organiser les journées d'école avec cours le matin et sport l'après-midi.
Si c'est un institut de sondage qui le dit alors...
Un gros argument de manipulation du grand public ! Un sondage n'est pas un vote, ni un débat ou une réflexion, et là encore, pour qu'un sondage soit valable, il faut savoir comment les gens ont été sondés, qui ils étaient, etc...
Par conséquent aucune valeur n'est accordable à cet argument.
Pour certains syndicats, le débat qui s'ouvre est centré sur le monde des adultes - parents et entreprises - et non celui de l'enfant.
"Je rentre dans ce travail avec comme souci majeur l'intérêt des élèves", a assuré Christian Forestier, administrateur du Conservatoire national des Arts et métiers (CNAM), qui co-présidera le comité de pilotage.
Certains syndicats ont vu ceci, bravo !
Et le fait que ce ne soit pas un spécialiste de l'éducation, des enfants, du primaire ou du secondaire qui soit co-président du comité n'est pas pour nous rassurer, loin s'en faut. D'autant plus qu'il ne voit pas l'incongruité de son affirmation : "Je rentre dans ce travail avec comme souci majeur l'intérêt des élèves". Quand on est administrateur du CNAM, on n'est pas vraiment le mieux placé pour réformer les problèmes de l'éducation nationale. Sauf à la considérer uniquement d'un point de vue économique...
Pour Philippe Meirieu, spécialiste des questions d'éducation et élu Europe Écologie, il faut à la fois raccourcir la durée des vacances d'été et les journées de classe "surchargées" à cause de la suppression des cours du samedi matin.
En temps de réforme ou de conflit, on trouvera toujours un scientifique ou un spécialiste quelconque à convoquer pour soutenir sa thèse, ledit spécialiste étant plus ou moins déjà acquis au pouvoir politique !
La base de toute justice et de tout jugement est d'écouter le pour et le contre, or ici, nous ne disposons que d'un son de cloche, comme si le très (et trop médiatique) Philippe Meirieu pouvait à lui seul représenter et parler au nom de l'ensemble des spécialistes des questions d'éducation.
Deux jours de coupure pendant le week-end, "ça déséquilibre (...) Très vite, les enfants fonctionnent sur un cycle un peu infernal, qui est le cycle des adultes", a-t-il dit sur France Info.
Parents et enfants ne se plaignent pas d'un week-end de deux jours, qui leur permet de se retrouver intensément, notamment dans les familles séparées, et de profiter du plaisir d'être ensemble.
Si le cycle des adultes est un cycle «infernal », pourquoi alors ne mobiliser dans le comité de pilotage que des professionnels du monde du travail, que des personnes qui ne connaissent rien aux besoins de l'enfant mais tout de ceux du monde économique ?
Le Parti socialiste a de son côté souligné les "contradictions" du gouvernement, qui lance une réflexion sur les rythmes scolaires peu après avoir supprimé l'école primaire le samedi matin ou qui veut plus de sport à l'école tout en supprimant des postes d'enseignants.
Se taire aurait été préférable ! Parce qu'au moins cela n'utilise pas un précieux temps de parole pour dire des âneries ! On attend d'un parti politique des idées, des propositions et des solutions à des problèmes, pas qu'ils relèvent des « contradictions » !
Le comité de pilotage est composée de personnalités - experts de l'Éducation, scientifiques, représentants du secteur touristique ou de la culture - mais ne comprend aucun représentant des enseignants ou des parents d'élèves.
Des personnalités (on est dans le spectacle ?), des représentants du tourisme (on s'occupe de commerce ?)...mais « aucun représentant des enseignants ou des parents d'élèves. » : tout est dit !
Les principaux intéressés ne sont pas conviés, on leur préfère des décideurs économiques.
Du coup on se demande bien qui sont ces 97 membres du comité plus importants que des représentants des enseignants ou des parents d'élèves :
Ou alors Luc Chatel est d'un cynisme sans bornes :
Ils seront auditionnés, a assuré Luc Chatel, défendant un choix d'efficacité. "A 97 membres, il est difficile de piloter. J'ai préféré une structure concentrée", a-t-il déclaré.
Posté par Mathieu2Loxley
http://inventerre.canalblog.com/archives/2010/06/07/18178875.html