Ceux qui vont piloter la France

Publié le par Charlotte sceptix

Les choix du nouveau Président sont presque bouclés pour l’Elysée, Matignon, Bercy, le Quai d’Orsay… Voici les hommes et les femmes que Hollande devrait nommer pour conduire les affaires du pays.

 
 
 

Stéphane Le Foll, Manuell Valls et Laurent Fabius au QG de François Hollande, le 6 mai. (AFP PHOTO JEAN-FRANCOIS MONIER)

Stéphane Le Foll, Manuell Valls et Laurent Fabius au QG de François Hollande, le 6 mai. (AFP PHOTO JEAN-FRANCOIS MONIER)

A l'Elysée

A l'Elysée Pour le poste de secrétaire général de la présidence de la République, on cite beaucoup Pierre-René Lemas, un préfet issu de la même promotion de l’ENA que François Hollande. Il a été, au cabinet de Gaston Defferre, puis de Pierre Joxe, chargé de la décentralisation. Un atout précieux, au moment de donner de nouvelles compétences aux collectivités. On parle aussi de Stéphane Le Foll, qui fut pendant dix ans, son directeur de cabinet rue de Solférino. Pour montrer son attachement européen, François Hollande pourrait faire appel à son ami Jean-Pierre Jouyet, qui a travaillé aux côtés de Jacques Delors et de Lionel Jospin, mais qui ne peut pas devenir ministre, puisqu’il a détenu un maroquin sous Nicolas Sarkozy. Le nouveau Président pourrait également appeler Pierre Sellal, l’ancien représentant de la France auprès de l’Union européenne qui est aujourd'hui secrétaire général du Quai d'Orsay. Comme secrétaire général adjoint, il est beaucoup question d’Emmanuel Macron, inspecteur des Finances et associé gérant chez Rothschild.

A Matignon

Peu à peu, durant la campagne François Hollande a dessiné le portrait de celui qu’il nommerait à Matignon. Quelqu’un avec lequel il s’entend bien, quelqu’un proche des députés, capable de concilier…Tout le monde a compris qu’il s’agissait de Jean-Marc Ayrault, bien qu’il soit inconnu du grand public. Un homme simple, fils d’ouvrier, catho-social. Ancien professeur d’allemand, il a également l’avantage d’être germanophile. Maire de Nantes depuis 1989, une ville qui a connu un formidable développement, il est à même de rassurer les grands barons socialistes. Président du groupe PS à l’Assemblée depuis 1997, il est le plus qualifié pour mener la bataille des législatives.

Plus populaire, plus connue du grand public, Martine Aubry est devenue une outsider, car durant la campagne, la suspicion s’est renforcée avec François Hollande. Le président devrait lui proposer un grand ministère de la Culture et de la Jeunesse. Laurent Fabius, lui, devrait hériter du Quai d’Orsay et Manuel Valls de l’Intérieur. 

A Bercy

Le casting se précise pour Bercy. L'entourage de François Hollande laisse filtrer que "ce ministère restera séparé en deux, avec l'Economie d'un côté et les Comptes publics de l'autre". Et, pour le rôle-titre, il glisse que le président préférerait placer "un proche". Du coup, l'hypothèse de Pierre Moscovici paraît moins probable que celle de Michel Sapin, ami intime et coordonnateur du projet présidentiel. D'autant qu'il a déjà occupé la fonction, gérant avec sang-froid, en 1993, les attaques contre le franc. Son profil peut rassurer les marchés financiers... et il a déjà commencé, en rencontrant les agences de notation.

Toujours pour donner des gages de sa volonté de réduction de déficit, Hollande devrait confier les clés du Budget à Jérôme Cahuzac. Ce rigoureux ex-strauss-khanien est, en tant que président de la Commission des finances de l'Assemblée, au cœur du réacteur budgétaire, incollable sur les finances publiques. Parmi les "socialistes de la rigueur", Didier Migaud est aussi en vue mais ne devrait pas quitter la présidence de la Cour des comptes. Derrière le tandem de tête, le jeu est ouvert. A l'Industrie (peut-être rebaptisé ministère de la Production) sont cités Arnaud Montebourg, Alain Rousset. Au Commerce extérieur circule le nom d'Anne Lauvergeon, l'ex-PDG d'Areva. Plus original, le sénateur vert Jean-Vincent Placé, diplômé d'économie et courtisé des patrons, qui n'a pas fait mystère de ses ambitions ministérielles, pourrait se voir attribuer un maroquin autour de l'Industrie verte, la transition écologique.

Au social

L’idée de conserver un large ministère du Travail et de l’Emploi circule. Nouveauté cependant, François Hollande pourrait lui rattacher un secrétariat à la réindustrialisation qu’il confierait à Alain Rousset, le président du Conseil général d’Aquitaine, en charge des PME pendant la campagne. Claude Bartolone, le député de Seine-Saint-Denis, et ancien président de la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale, devrait également hériter d’un maroquin tout comme Alain Vidalies, qui s’est investi sur ces questions. Marisol Touraine devrait se voir confier un vaste ministère de la protection sociale et de la santé. A moins que François Hollande ne réserve ce portefeuille régalien à sa plume Aquilino Morelle, médecin de formation qui n’a jamais caché son intérêt pour ces questions.

Au Quai d’Orsay

Directeur de la campagne et ex secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Pierre Moscovici est certes un des plus pointus sur l’international, mais aurait fait savoir que le quai d’Orsay ne l’intéressait pas. C’est Laurent Fabius qui tient la corde. Même s’il a appelé à voter non au traité constitutionnel, ce qui déplaît à Berlin, l’ancien Premier ministre a l’étoffe du maroquin et s’est beaucoup investi dans les dossiers. A part lui, peu de noms ont circulé, sinon ceux de Bertrand Delanoë, maire de Paris, émissaire dans sa Tunisie natale ou Michel Vauzelle, ex ministre de la justice envoyé au Mexique, pour l’affaire Florence Cassez. Si l’Elysée voulait choisir une femme, Elisabeth Guigou pourrait être désignée, même si elle part moins favorite qu’en 2007. Présidente de la fondation "Europartenaires", elle a des contacts à Bruxelles. A Rome, elle s’est entretenue avec le ministre des affaires européennes Enzo Moavero Milanesi, un proche de Mario Monti.

Le nouveau pouvoir songe à rattacher le secrétariat d’Etat aux affaires européennes à Matignon. Une idée chère à l’ami du Président, le président de l’Autorité des marchés financiers, Jean-Pierre Jouyet, qui a occupé les fonctions… sous la présidence Sarkozy. Le favori pour le poste est Pascal Lamy, actuel directeur général de l’Organisation mondiale du commerce et ancien bras droit de Jacques Delors à la Commission européenne. L’eurodéputée Catherine Trautmann, qui a travaillé sur ces questions pour le candidat Hollande, pourrait aussi être intéressée.

A l’Education et à la Culture

Cela ne fait pas de doute, Vincent Peillon sera aux manettes de l’Education nationale. Cet agrégé de philosophie, fut professeur pendant 15 ans, avant d’embrasser une carrière politique. Aussi cet homme politique connaît-il bien les rouages du système éducatif français. Vincent Peillon devrait cependant s’appuyer sur un haut fonctionnaire, Jean-Paul Delahaye, pressenti pour devenir son directeur de cabinet. Reste à connaître le périmètre de ce grand ministère. Aujourd’hui, les frontières sont encore floues mais il est probable qu’il intégrer l’université, le sport, ou encore la recherche. Un secrétariat d'Etat à la Jeunesse, dont pourrait s’occuper Bruno Julliard, ancien président du syndicat étudiant de l’Unef, et actuel adjoint au maire de Paris, devrait aussi lui être rattaché. Enfin, le ministère de l’Education pourrait aussi intégrer la culture, qui serait confiée à Aurélie Filippeti. Cette trentenaire, qui fut porte-parole de François Hollande pendant la campagne est députée de Moselle, et romancière à ses heures perdues. A moins que Martine Aubry n’hérite d’un ministère de la Culture taillé à sa mesure.

 

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