Drame haïtien et néo-colonialisme
Samedi 16 janvier 2010 6 16 /01 /2010 12:50

La mise en scène de l'aide humanitaire intenationale est l'occasion d'une véritable "pornographie compassionnelle néocoloniale" dans les médias occidentaux comme le souligne un article d'un site vénézuélien en français.
La France n'a pas été en reste en matière d'hypocrisie en demandant l'annuation de la dette d'Haïti, après avoir protégé pendant des décennies la dictature de la famille Duvalier (elle y a trouvé refuge en 1986 avec sa fortune personnelle volée à Haïti). La dictature duvaliériste a joué un grand rôle dans l'apauvrissement du pays, et la France a par ailleurs organisé, en 2004, avec les Etats-Unis (voir Atlas alternatif) le renversement d'Aristide, qui signait le refus de laisser à Haïti sa souveraineté - ce pays depuis lors est de fait sous tutelle de l'ONU.
Sur le terrain, le néocolonialisme était aussi à l'oeuvre. Le 16 janvier, à Port au Prince, des soldats américains de la 82ème division aéroportée se sont déployés sur l'aéroport pour empêcher une foule désespérée de fuir le pays. Les soldats américains, premiers arrivés sur les lieux, d'autorité ont sélectionné les réfugiés titulaires d'un passeport américain, refoulant les autres (y compris les titulaires de passeports européens), les condamnant ainsi à rester bloqués au milieu de l'enfer haïtien.
Aujourd'hui l'Etat haïtien sort ruiné du tremblement de terre, ce qui réduit à néant de nombreux efforts des ONG mais aussi des pays voisins membre de l'ALBA (Cuba, Venezuela) qui l'avaient associé à leurs programmes de coopération (notamment Pétrocaribe), pour redonner à ce pays une souveraineté. Les médecins cubains ont été parmi les premières équipes de secours sur place. Après les dons d'urgence, quand les caméras se seront éloignées, l'heure sera bientôt de nouveau à la remise en cause des raisons structurelles de la pauvreté d'Haïti qui la rend si démunie face aux catastrophes naturelles - la remise en cause du système impérialiste qu'elle subit depuis plus de deux siècles.
Source : Atlas Alternatif