Draquila - L'Italie qui tremble

Publié le par sceptix

La critique d'Excessif


Draquila - L'Italie qui tremble L'HISTOIRE : Pourquoi les Italiens votent pour Berlusconi? La virulence de la propagande, l'impuissance des citoyens, un système économique précaire, des jeux de pouvoir illégaux...ou encore une catastrophe naturelle. Autant de facteurs, qui combinés, peuvent expliquer comment la jeune démocratie Italienne a été assujettie. Une enquête sous les décombre du tremblement de terre de l'Aquila du 6 avril 2009. La caricature de Berlusconi - une des imitations les plus célèbres de l'auteure - se promène dans le village de tentes de l'Aquila et erre dans la ville déserte, comme un empereur en fin de règne. Une ville dévastée par un tremblement de terre. L'endroit idéal pour raconter la dérive autoritaire de l'Italie et l'imbroglio de chantages, de scandales, d'escroqueries et d'inertie de la classe politique, des médias, des habitants et de tout ce qui paralyse ce pays. Pourquoi les Italiens votent-ils pour Berlusconi ? Pourquoi considèrent-ils que la démocratie n'est pas un système adapté pour gouverner la nation ? C'est l'Aquila, cette ville splendide rasée par le tremblement de terre, qui nous donne ces réponses. Pourquoi les habitants de l'Aquila, peuple montagnard et fier, ont-ils échangé ce qu'ils avaient de plus précieux, leur communauté, une ville dynamique pleine d'étudiants, d'oeuvres d'art, contre un petit appartement meublé par Berlusconi dans des cités dortoirs ? Pourquoi ont-ils cru la propagande de la télévision plutôt que ce qu'ils avaient sous les yeux? Et comment se fait-il que les autres aient été aussi rapides, aussi fourbes ? Qui les a appuyés? Les jours du règne de Berlusconi semblent comptés : c'est le moment de tirer les conclusions de cette expérience en fouillant les décombres pour récupérer ce que l'on peut.
La voix de l'opposition italienne

On connaît Sabina Guzzanti pour son documentaire prônant la liberté d'expression en Italie (Viva Zapatero!) et ses émissions télévisées satiriques. Provoquer les réactions et créer la polémique avec sincérité et mordant est devenu sa marque de fabrique. Avec Draquila - L'Italie qui tremble, elle se sert de la tragédie d'Aquila pour servir la tête d'Il Cavaliere sur un plateau d'argent sale. Son documentaire devient un pamphlet vigoureux et débordant d'humour contre le règne d'un homme sans foi ni loi, malaxant les lois de son pays à loisir pour sauver ses fesses. Ce film est essentiel parce qu'il est la seule voix de l'oppostion politique italienne actuellement.

 

Draquila - L'Italie qui tremble
 
Cet homme, c'est Silvio Berlusconi : monstre politique des temps modernes qui vampirise l'électorat italien via ses chaînes de télévision. Ce bougre là a du sang sur les mains et de l'argent plein les poches. Il est d'une vulgarité sans nom, écrasé par le poids des scandales et parvient tout de même à rester populaire pour une poignée de citoyens. On en vient à penser qu'il n'y pas plus grand séisme que lui. Des tentes du camp d'Aquila où sont parqués des centaines de désoeuvrés à l'organisation du G8, en passant par l'oppression de la Protection Civile, le documentaire dépeint une conspiration alarmante. Le constat est amer et implacable. Lorsque le puzzle prend enfin forme, on est au bord de l'écoeurement. On croyait tout savoir sur Silvio Berlusconi. Il faut tout repenser en pire.

 

Draquila - L'Italie qui tremble

 

La mise en image se permet des partis pris graphique tout à fait en accord avec les débordements du Président du Conseil. L'enquête devient parfois hystérique dans ses effets mais permet d'illustrer des informations nécessaires à la bonne compréhension des machinations en place. Sans temps mort, la réalisatrice nous convie à une valse aux temps multiples, passant en revue les errances du gouvernement et le désespoir naissant des habitants d'Aquila privés de leurs demeures. L'auteur n'oublie pourtant jamais d'aborder le contrepoint et propose des discours de pro-berlusconien qui y croient encore. Des paroles à la gloire de leur idole qui ressemblent à un lavage de cerveau en bonne et due forme. En évitant le racolage gluant et l'omniprésence de sa propre personne, Sabina Guzzanti évite l'effet Michael Moore, et propose un point de vue à juste distance. A l'arrivée, le message est clair : même si on annonce la fin de la "dictature", l'Italie n'a pas fini de trembler.

 

Nicolas SCHIAVI

Publié dans Italie

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