Entente sur les prix : Trois géants pharmaceutiques épinglés

Publié le par sceptix

La Commission de la concurrence a infligé une amende pour entente verticale sur les prix. Cette première enquête de masse pourrait ouvrir le marché pharmaceutique

Huit cent questionnaires envoyés pour élucider des pratiques qui touchent trois géants pharmaceutiques et potentiellement 1650 pharmacies et 3690 médecins: la Commission de la concurrence (Comco) s’est attaquée à un gros morceau en juin 2006.

Elle a abouti, mardi, après avoir disséqué le marché suisse des médicaments contre les troubles érectiles (Viagra, Cialis et Levitra), à la condamnation de trois grandes entreprises pharmaceutiques (Pfizer, Eli Lilly et Bayer) à une amende de 5,7 millions de francs.

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Ce montant correspond à 5% du chiffre d’affaires réalisé, majoré selon la durée de l’entente sur les prix constatée. Il paraît peu important mais a une portée fortement symbolique car les enquêteurs de la Comco soupçonnent l’existence de prix recommandés sur une grande partie du marché des médicaments non remboursés par les assurances maladie.

Le chiffre d’affaires annuel «sous entente» visé est de 250 millions de francs pour les préparations «hors liste» vendues sur ordonnance et, dans une moindre mesure, de 721 millions de francs touchant les médicaments en vente libre sans ordonnance (OTC). La Comco a donc exigé des distributeurs, notamment Galenica, de ne plus publier, à l’intention des pharmacies ou des médecins, les «prix recommandés» par les fabricants

La Comco espère que son enquête, dite pilote, sur le marché des stimulants de l’érection conduira à un changement général de pratique dans la branche. Le chiffre d’affaires annuel des médicaments contre la dysfonction érectile varie entre 25 et 30 millions de francs. «Nous verrons comment le marché va réagir», note Olivier Schaller, responsable du dossier auprès de la Comco.

Quarante-quatre pour cent des 4857 médicaments vendus en Suisse sont remboursés par les assurances maladie. L’industrie pharmaceutique ne peut pas réglementer les prix sur ce marché car ils sont fixés d’entente avec l’Office fédéral de la santé publique. Près de 80% du chiffre d’affaires pharmaceutique réalisé en Suisse est donc réglementé.

La pression de la Comco s’exerce sur le marché libre où des ententes historiques sur les prix semblent perdurer. En l’an 2000, la Comco avait ordonné, au terme de six ans d’enquête, la dissolution de l’association Sanphar, créée par les partenaires commerciaux.

Sanphar avait établi un barème de marges bénéficiaires valable pour toute la chaîne de distribution. Les marges «à respecter» variaient, selon le prix de vente, entre 19% et 37,5% dans les pharmacies, et entre 15,5% à 33% auprès des médecins autorisés à vendre des médicaments. Cette marge pouvait même atteindre 45,5% pour certains médicaments génériques. La Comco, tenue par l’ancienne loi, n’a pas pu, à l’époque, infliger d’amende, mais a exigé le remboursement «d’émoluments majorés» dont le montant n’a pas été rendu public.

Galenica réfléchit

Le système s’est manifestement poursuivi, sous une autre forme, à l’aide de programmes informatiques. Dès l’an 2000 les recommandations ne visaient plus la marge, mais les prix de vente. Bayer, qui fabrique le produit Levitra, «récuse résolument le reproche d’ententes quelconques sur les prix», et examine la possibilité d’un recours. Galenica n’a pas voulu prendre position, mardi, sur la demande de renoncer à la publication des prix recommandés. «Nous devons prendre le temps d’étudier la décision de la Comco qui s’étend sur 90 pages», explique Christina Hertig, porte-parole de Galenica.

Le marché des stimulants érectiles est financièrement très intéressant pour les groupes pharmaceutiques. Pour les trois entreprises concernées, ces produits figurent entre le sixième et le huitième rang des meilleures ventes. En 2008, le chiffre d’affaires global du Viagra et de ses concurrents a atteint près de 4 milliards de francs.

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