France-Info dénonce "La face cachée d’Hadopi et de Loppsi"
Sur le site de France-Info
Avec plusieurs mois de retard, la Hadopi, la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet a enfin envoyé les premiers courriels d’avertissement.
Mais, ce que l’on sait moins, c’est que derrière cette idée de poursuivre le pirate qui télécharge illégalement, se cache un autre objectif : filtrer les contenus sur le web.
La politique sécuritaire du gouvernement touche aussi le net.
La face cachée d’Hadopi, Loppsi. Vers un filtrage du web ? Une enquête de Mikaël Roparz. (4'23") | |
En janvier dernier, lors de ses vœux devant les personnels de la Culture, Nicolas Sarkozy avait expliqué qu’il fallait “ dépolluer les réseaux en expérimentant sans délai les dispositifs de filtrage ”.
Et depuis c’est devenu une obsession.
Il y a quelques jours, il s’est entretenu avec le Pape.
Devant Benoît 16, il a appelé à “ réguler internet pour en corriger les excès et les dérives ”.
Cette envie de contrôler tout ce qui se dit sur le net, de filtrer les contenus c’est ce qui se cache derrière la HADOPI, ou encore LOPPSI, la future loi d’orientation et de programmation de sécurité intérieure qui est sans arrêt repoussée.
Lorsque l’on regarde les statuts précis de la Hadopi, il est dit : “la Haute Autorité évalue, en outre, les expérimentations conduites dans le domaine des technologies de reconnaissance des contenus et de filtrage par les concepteurs de ces technologies”.
Eric Walter et Marie-Françoise Marais, secrétaire général et présidente de la Hadopi, rencontrés lors d’une conférence de presse sur le téléchargement illégal, n’ont pas voulu s’exprimer sur cette question du filtrage.
Le 6 octobre dernier, Eric Walter était venu s’expliquer au micro de Nicolas Poincaré sur les missions de la Hadopi et les difficultés qu’elle a rencontrées lors de son lancement :
Des tests sur des mécanismes pour filtrer le web ont déjà été menés en Allemagne à la demande de la Société civile des producteurs phonographiques (SCPP).
Marc Guez, le président de la SCPP a déjà confirmé dans la presse spécialisée que ce système de filtrage fonctionnait.
Avec des lois comme la Hadopi ou Loppsi, on tente de contrôler le réseau
L’idée de la LOPPSI c’est de s’attaquer de plein fouet au problème grandissant de la cybercriminalité. Mais pour beaucoup c’est un prétexte pour mieux contrôler ce qui se dit sur le web.
L’organisation de défense des médias Reporters sans frontières (RSF) a installé dans ses locaux rue de Valdivienne à Paris un “abri anti-censure” virtuel.
Son objectif : protéger les activités des journalistes, blogueurs et dissidents à travers le monde du contrôle des autorités et de la censure.
Cette salle peut accueillir journalistes réfugiés ou blogueurs de passage, où ils peuvent bénéficier de connexions Internet sécurisées qui utilisent des logiciels masquant leur identité et permettant de protéger leurs informations en ligne.
RSF estime qu’environ 120 personnes sont en prison à travers le monde pour leur activité de blogueur ou une autre forme de journalisme en ligne, pointant des pays comme la Chine, le Vietnam et l’Iran.
La France pourrait franchir dans les jours qui viennent une étape supplémentaire dans la surveillance des conditions d’utilisation d’Internet.
Un projet de décret organisant les moyens de sécurisation a été rédigé par le ministère de la Culture. Il a été notifié à la Commission européenne.
L’objectif est de renforcer les moyens de protection de l’accès à Internet pour lutter contre le téléchargement illégal.
Par ailleurs, Bernard Kouchner s’apprête aussi à réunir vendredi prochain (le 29 octobre) une conférence internationale consacrée à la liberté d’expression sur Internet. De nouveaux éléments qui montrent bien à quel point, Nicolas Sarkozy pèse de tout son poids pour un “internet civilisé”.