#Frenchrevolution, c'est à côté de chez vous

Publié le par Charlotte sceptix

#Frenchrevolution, c'est à côté de chez vous

Depuis une semaine, des milliers d'Espagnols se rassemblent chaque soir, principalement sur la place Puerta del Sol à Madrid, pour protester contre le système en place. Le mouvement ne fait pas encore tache d'huile en France mais a déposé une gouttelette à Paris, place de la Bastille.
Sélectionné et édité par Hélène Decommer


Depuis plusieurs années, à commencer par celle de la crise des subprimes, plusieurs générations ont été confrontées à des mesures de plus en plus dures économiquement.

 

De jeunes, des actifs ou de retraités ont été exposés à une précarité comme rarement il a été possible de le vivre.

 

Précarité, sipa

 

En Espagne, les militants de 15-M (15 mai) ayant lancé une contestation de masse dans les grandes villes ont continué les rassemblements sous le terme de "Democracia real" ("Véritable démocratie"), appelant sous l’égide d’aucun groupe, d’aucun parti à une continuité de ce "manifeste démocratique vivant".

 

Des outils basiques, Twitter, Facebook, des relais blog, tout ce qui a permis les printemps arabes servent aujourd’hui en Europe. Aujourd’hui, les "indignados", inspirés par l’appel de Stéphane Hessel, sont incontournables sur un échiquier politique transnational. Ainsi, depuis peu, la #frenchrevolution a choisi son point de rencontre. Il s’agit de la place de Bastille, à Paris. Depuis ce jeudi 19 mai, quelques centaines de jeunes se sont rassemblés pour démarrer un processus « de démocratie réelle ». Vaste programme. Mais l’intensité est au rendez-vous.

 

À partir de l’instant ou les mobilisations espagnoles de la "Puerta del Sol" ont été connues, on peut dire que deux mouvements l’un spontané et l’autre plus organisé se sont rejoints. La prise de conscience de simple citoyen les a conduits à venir sur la place parisienne. Par ailleurs, que ce soit au sein des collectifs Jeudi-Noir, Génération Précaire, collectif du 21 Mai, une vraie solidarité a fait jour d’emblée.

 

Rapidement les centres névralgiques de ces sources militantes ont été abreuvés d’appels pour soutenir cette vague de Bastille. Je n’avais jamais vu cela. Des décisions de jeunes toujours très rapides, très fraîches, dans le naturel, sans le moindre calcul ont explosé sur la Toile. Internet est donc aussi la "Matrice" de cette indignation française. Celle-ci dépasse les clivages de l’âge. On voit que des anciens, des jeunes actifs sont très réceptifs à l’exemple espagnol.

 

Les 300-400 "pionniers" de la Bastille sont vus comme le balbutiement du mouvement. Une première concrétion militante qui devrait voir rapidement des agrégations plus solides. C’est simple, humain, compréhensible. Du prof au chercheur en passant par la personne âgée, tout le monde ploie face à des fondamentaux de vie chère. D’absence de marché de l’emploi. D’injustice totale.

 

French revolution, sipa

 

En parallèle, en rejetant un populisme trop séduisant, la French revolution constate des années de décisions politiques inefficaces. Des éléments de corruptions relayés par les plus grands médias et sans effet sur la classe des dirigeants souvent incapables de se remettre en question.

 

Le trésor de Stéphane Hessel est cette dynamique d’indignation qu’on sent déjà sur Twitter. Comme l’ouvrage, c’est limpide et coulant comme des nappes sourdes qui convergeraient. C’est palpable. Quand on est au sein de collectif connu depuis leur création, il y a des "curseurs d’activités" qu’on ne voit que rarement bouger. Ici, là et maintenant, cela s’affole.

 

Il se passe là quelque chose. C’est à la Bastille que tout commence pour la France. Les partis déjà sont assez décontenancés. Il y a une conscience collective en marche. Une ébullition de diplômés hors système, d’actifs très appauvris, d’enfants sans plus d’avenir. On sent la nécessité de ressourcer le système, de rajeunir la politique pour l’amener à l’essentiel. Les mêmes ingrédients que ceux qu’on sent tous les jours à la Puerta del Sol sont présents au cœur de Paris.

 

Les manifestes, les communiqués de presse sont en cours de rédaction pour amener un mouvement incontournable et pacifique. On n’ira pas cogner à la Bastille, on n’ira pas boire. On y va se retrouver et y trouver l’autre qui souffre aussi. Il ne s’agit pas d’une psychanalyse collective, mais d’un moment très forts d’engagement pour dire "stop". C’est juste là, à côté de nous. Il suffit d’y aller, écouter et partager. Une sorte d’auberge espagnole de la pensée, bouillon de culture géante pour un foisonnement d’espoir. Ceux qui y sont y croient. Moi demain et vous peut-être aussi…

 

Une idée est présente, consciente ou non. Ce soir ou demain, chacun sait qu’il pourra sortir de chez lui et converger. Être présent et participer. Montrer qu’il est vivant. Que la statistique n’est que du papier et qu’une génération entière ne veut pas avoir un destin perdu ou sacrifié. Qu’on soit intégré ou pas dans la société d’aujourd’hui, la French revolution est un appel à la citoyenneté réelle, à des notions de partage et de fraternité si souvent obsolète dans l’esprit des politiques aujourd’hui et des décideurs figés dans un mode de pensée globalisant, oubliant l’essentiel : l’humain.

 

Il s’agit juste d’un changement de logiciel, une matrice nouvelle verra peut-être le jour. Une version plus humaine, plus proche de chacun pourrait se dessiner à Bastille. C’est l’Europe aussi qui pourrait s’éveiller dans tout cela. Si la Bastille s’éveille comme beaucoup de signaux le laissent penser, demain Londres et Rome seront de la partie.

 

C’est "l’indignation" trouvant "l’engagement" pour du "plus humain". A ce soir, là-bas, car déjà tous les soirs, nous y sommes tous...

 

 

Auteur parrainé par Aude Baron

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Publié dans COUPS DE GUEULE

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