GRÈCE : LA VENGEANCE DE NEMESIS ?
lundi 25 juin 2012, 13:51
=== (suite) ===
LES DEUX PRINCIPAUX RESPONSABLES GRECS RESTENT INDISPONIBLES POUR LE PROCHAIN SOMMET DE L'UE ET POUR LA MISSION DE LA « TROÏKA » FMI-UE-BCE
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On ignore toujours si les hospitalisations soudaines du nouveau Premier ministre grec, M. Samaras (61 ans), et du nouveau ministre des finances, M. Rapanos (64 ans), sont des "maladies diplomatiques". Mais il semble que non, et il est en tout cas certain qu'elles s'éternisent.
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1) LE NOUVEAU PREMIER MINISTRE INDISPONIBLE
POUR « DES JOURS ET DES SEMAINES »
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Le nouveau Premier ministre, opéré de l'œil samedi, doit sortir de l'hôpital ce lundi 25 juin. Mais son chirurgien vient de déclarer qu'il lui faudra « des jours et des semaines pour recouvrer la pleine possession de ses moyens. »
Voilà qui tombe spécialement mal pour un homme qui s'était écrié dimanche 17 juin, sitôt connue sa maigre victoire aux élections législatives (30% seulement des suffrages exprimés) : « Le peuple grec a voté pour que la Grèce reste dans l'euro. Il n'y a pas une minute à perdre. Nous ne pouvons rester un pays à la dérive. »
Le fait qu'il n'y ait « pas une minute à perdre » dimanche 17 n'a donc pas empêché les services de M. Samaras d'annoncer, dimanche 24, que ce flamboyant ministère allait commencer par un nombre indéfini de semaines perdues.
Ils ont ainsi fait savoir officiellement hier soir que le nouveau Premier ministre grec ne pourra pas représenter son pays au sommet européen des 28 et 29 juin. C'est quand même fâcheux pour un sommet que la presse avait qualifié pour la énième fois de crucial parce qu'il devait (nous dit-on) régler notamment les problèmes... de la Grèce.
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2) LE NOUVEAU MINISTRE DES FINANCES ÉTANT TOUJOURS HOSPITALISÉ, LA « TROÏKA » RENONCE À SA VENUE
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Autre bras cassé du nouveau gouvernement hellène, le ministre des finances, M. Rapanos, est toujours hospitalisé « en raison d'intenses douleurs abdominales, de vertiges et de nausées », comme l'a indiqué un communiqué de l'hôpital Hygeia d'Athènes.
Le même communiqué, qui aurait quand même pu préciser s'il s'agit de l'absorption de barbituriques, d'un infarctus aigu ou d'une grossesse nerveuse, se conclut par une phrase laconique et peu rassurante : « Son état s'est stabilisé. »
Traduction : c'est sérieux.
Du coup, M. Rapanos semble devoir être hospitalisé pour encore "un certain temps". Et du coup, la mission de la fameuse « troïka » (UE, BCE et FMI), qui était attendue à Athènes ce lundi 25 juin pour mettre la Grèce en coupe réglée, a été reportée « à une date encore inconnue. »
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3) AU FAIT, POURQUOI PARLE-T-ON DE « TROÏKA » ?
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Qu'il me soit permis, au passage, de relever la singularité de ce terme de « troïka », qui est repris désormais sans sourciller par toute la presse mondiale.
Car, si l'on y réfléchit un instant, il n'est pas normal d'avoir recours à un terme russe pour désigner ce que l'on pourrait appeler d'un terme plus conforme à la tradition occidentale : pourquoi ne pas parler de « trio » pour désigner cet attelage de 3 organismes ?
On aurait aussi pu parler de « triumvirat ». Il est vrai que, pris au pied de la lettre, ce terme ne signifie pas "Trois organismes" mais "Trois hommes" (par référence à l'alliance conjoncturelle et conflictuelle entre Jules César, Pompée et Crassus en -60 av.JC). Mais c'est un mot qui serait, somme toute, étymologiquement plus approprié pour ce qui nous préoccupe que le mot russe « troïka », qui désigne à l'origine un traîneau tiré par "Trois chevaux".
Or, si le mot « troïka » s'est spontanément imposé dans l'esprit de tous les bureaucrates européistes et des médias qui les servent, c'est parce qu'il fait référence... à l'histoire soviétique du XXe siècle :
- le mot « troïka » est en effet apparu dans le langage politique mondial en 1923, avec la « troïka » Zinoviev-Kamenev-Staline, contre laquelle Trotsky entra en conflit.
- pendant la Seconde Guerre mondiale, la « troïka » désignait le gouvernement tricéphale formé de Staline, son ministre des affaires étrangères Molotov et son chef des services secrets Beria.
- après la chute de Khrouchtchev en 1964, le terme « troïka » fut repris pour désigner Brejnev, Premier secrétaire du PCUS, Kossyguine, Premier ministre, et Podgorny, chef de l'État soviétique.
On doit ainsi remarquer que les « troïkas » sont toujours apparues dans le double contexte d'une dictature implacable et d'une lutte de pouvoir féroce entre des responsables qui s'allient en public mais qui se combattent en privé (ce fut également le cas du "triumvirat" de la la fin de la République romaine).
Dès lors, il est remarquable que l'inconscient collectif de la clique européiste ait conduit tous les médias de la planète à parler de « troïka » pour désigner cet attelage absurde UE-BCE-FMI.
De fait, l'UE, la BCE et le FMI poursuivent tous les trois des objectifs différents, ont tous les trois une légitimité démocratique absolument nulle, et prétendent tous les trois mettre en coupe réglée de façon dictatoriale l'ensemble du continent et des peuples européens. Le mot « troïka » est donc, au fond, fort approprié.
Ma remarque sur ce choix de mot, ô combien sinistre, paraîtra peut-être anodine à certains. Mais je crois que ce serait à tort : car, tout comme les images, les choix sémantiques qui apparaissent spontanément dans le langage quotidien sont plus révélateurs de la réalité d'une situation que ne le sont de longs discours.
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4) PENDANT LES HOSPITALISATIONS,
LA GRÈCE CONTINUE DE S'ENFONCER
DANS L'EURO-HORREUR
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En attendant, ce que la dépêche de presse appelle un « double coup du sort » fait que la Grèce, en quasi-faillite :
- sera représentée par défaut au sommet de Bruxelles par son chef de la diplomatie, Dimitris Avramopoulos,
- ne dispose que d'un ministre des Finances par intérim, George Zannias,
- et n'est pas en mesure de recevoir les envoyés de la sinistre « troïka », et cela pendant peut-être plusieurs semaines.
Ces annulations et impossibilités en cascade arrivent au moment même où la Grèce a un besoin urgent d'une nouvelle aide massive du FMI et de l'UE pour éviter la faillite publique.
En effet :
- le PIB de la Grèce est actuellement en cours d'effondrement, avec une plongée effarante de - 7 % prévue en 2012, d'autant plus effarante qu'elle fait suite à une chute cumulée de - 10,2 % en 2010-2011,
- le chômage atteint OFFICIELLEMENT 22,6 %,
- les caisses de l'État, qui ne règle plus ses factures, seront vides mi-juillet, sauf renflouement d'urgence,
- avec 6,5 milliards d'euros d'arriérés, l'État n'honore plus ses dettes aux fournisseurs locaux, y compris aux hôpitaux. Espérons que le Premier ministre et le ministre des finances paieront les frais de leurs hospitalisations,
- les banques, qui ont subi des vagues massives de retraits, ont perdu plus du tiers de leurs dépôts depuis deux ans ; les euros grecs des grandes fortunes grecques se sont envolés notamment vers l'Allemagne, pour y devenir des créances sur la Bundesbank.
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5) PENDANT LES HOSPITALISATIONS,
LE PEUPLE GREC REFUSE LA DESTRUCTION DE SON PAYS
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Les hospitalisations des deux nouveaux Titans du "redressement-grec-en-restant-dans-l'euro" arrivent enfin au moment où il apparaît clairement que, quel que soit le résultat d'élections insincères car organisées sous intimidation, l'ensemble de la société grecque se cabre devant son auto-destruction et refuse le traitement scandaleux qui lui est imposé.
Car c'est bien du fait du refus viscéral de toute la société grecque de laisser détruire son pays que la scène politique est en plein chaos depuis des mois et que toutes les réformes exigées par les gangsters en col blanc sont à l'arrêt :
- le programme démentiel de privatisations est au point mort,
- tous les objectifs macroéconomiques fixés dictatorialement aux Grecs par la « troïka » sont désormais complètement hors d'atteinte,
- le mémorandum de l'UE du mois de mai n'est déjà plus qu'une fiction.
Et de surcroît, le gouvernement grec, mandaté par les électeurs sur cette promesse, a posé officiellement samedi ses exigences d'un report minimum de deux ans, à horizon 2016, des objectifs d'assainissement, et d'une remise en cause de mesures prévues dans le mémorandum.
C'est assez dire à quel point la situation de la Grèce est inextricable :
- depuis 2010, c'est une aide de 347 milliards d'euros - deux prêts de 110 et 130 milliards, et un effacement de dette de 107 milliards -, qui ont été accordés à la Grèce, l'équivalent d'une fois et demi son PIB ou de 31 000 euros par Grec.
- un report de deux ans induirait un nouveau prêt, en 2015, de l'ordre de 20 milliards d'euros , la Grèce se retrouvant alors toujours incapable de retourner sur les marchés financiers pour emprunter.
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CONCLUSION : LA TRAGÉDIE GRECQUE CONTINUE
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En quittant le pouvoir en mai dernier, le "premier ministre-dictateur" imposé par Goldman Sachs au peuple grec, Lucas Papademos, avait dressé une liste de 71 points à régler impérativement avant juin pour respecter le mémorandum.
Or, nous voici justement fin juin et, selon un expert européen, il n'y a... qu'environ 10 de ces 71 points qui auraient été effectivement réglés.
En d'autres termes, rien n'est réglé du tout. Et l'impasse est telle qu'elle fait ressortir de nouveau un conflit sourd entre Paris et Berlin sur la façon de la résoudre.
Au fond, personne ne sait comment empêcher cette nouvelle tragédie grecque de se dérouler jusqu'à la destruction finale.
C'est d'ailleurs le principe même de toute tragédie grecque que de se dérouler de façon implacable, en broyant les volontés des hommes, dès lors que le Destin l'a décidé.
Eschyle ou Sophocle n'auraient pas pu trouver de meilleur canevas pour que le coryphée fasse pleurer nos lointains descendants de l'an 4000 sur le sort de la Grèce en ce début de IIIe millénaire.
François ASSELINEAU
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Post-scriptum
L'illustration représente :
- à gauche Thémis, divinité de la Justice
- à droite Némésis, divinité de la Vengeance.
Il s'agit d'un tableau magnifique, réalisé en 1808 par le peintre français néo-classique Pierre-Paul Prudhon, intitulé "La Justice et la Vengeance Poursuivant le Crime". Il fait partie des collections du Musée du Louvre.
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http://www.romandie.com/news/n/Zone_euro_une_semaine_cruciale_pour_la_Gr_privde_son_premier_ministre_RP_250620120923-18-201540.asp?e
LES DEUX PRINCIPAUX RESPONSABLES GRECS RESTENT INDISPONIBLES POUR LE PROCHAIN SOMMET DE L'UE ET POUR LA MISSION DE LA « TROÏKA » FMI-UE-BCE
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On ignore toujours si les hospitalisations soudaines du nouveau Premier ministre grec, M. Samaras (61 ans), et du nouveau ministre des finances, M. Rapanos (64 ans), sont des "maladies diplomatiques". Mais il semble que non, et il est en tout cas certain qu'elles s'éternisent.
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1) LE NOUVEAU PREMIER MINISTRE INDISPONIBLE
POUR « DES JOURS ET DES SEMAINES »
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Le nouveau Premier ministre, opéré de l'œil samedi, doit sortir de l'hôpital ce lundi 25 juin. Mais son chirurgien vient de déclarer qu'il lui faudra « des jours et des semaines pour recouvrer la pleine possession de ses moyens. »
Voilà qui tombe spécialement mal pour un homme qui s'était écrié dimanche 17 juin, sitôt connue sa maigre victoire aux élections législatives (30% seulement des suffrages exprimés) : « Le peuple grec a voté pour que la Grèce reste dans l'euro. Il n'y a pas une minute à perdre. Nous ne pouvons rester un pays à la dérive. »
Le fait qu'il n'y ait « pas une minute à perdre » dimanche 17 n'a donc pas empêché les services de M. Samaras d'annoncer, dimanche 24, que ce flamboyant ministère allait commencer par un nombre indéfini de semaines perdues.
Ils ont ainsi fait savoir officiellement hier soir que le nouveau Premier ministre grec ne pourra pas représenter son pays au sommet européen des 28 et 29 juin. C'est quand même fâcheux pour un sommet que la presse avait qualifié pour la énième fois de crucial parce qu'il devait (nous dit-on) régler notamment les problèmes... de la Grèce.
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2) LE NOUVEAU MINISTRE DES FINANCES ÉTANT TOUJOURS HOSPITALISÉ, LA « TROÏKA » RENONCE À SA VENUE
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Autre bras cassé du nouveau gouvernement hellène, le ministre des finances, M. Rapanos, est toujours hospitalisé « en raison d'intenses douleurs abdominales, de vertiges et de nausées », comme l'a indiqué un communiqué de l'hôpital Hygeia d'Athènes.
Le même communiqué, qui aurait quand même pu préciser s'il s'agit de l'absorption de barbituriques, d'un infarctus aigu ou d'une grossesse nerveuse, se conclut par une phrase laconique et peu rassurante : « Son état s'est stabilisé. »
Traduction : c'est sérieux.
Du coup, M. Rapanos semble devoir être hospitalisé pour encore "un certain temps". Et du coup, la mission de la fameuse « troïka » (UE, BCE et FMI), qui était attendue à Athènes ce lundi 25 juin pour mettre la Grèce en coupe réglée, a été reportée « à une date encore inconnue. »
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3) AU FAIT, POURQUOI PARLE-T-ON DE « TROÏKA » ?
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Qu'il me soit permis, au passage, de relever la singularité de ce terme de « troïka », qui est repris désormais sans sourciller par toute la presse mondiale.
Car, si l'on y réfléchit un instant, il n'est pas normal d'avoir recours à un terme russe pour désigner ce que l'on pourrait appeler d'un terme plus conforme à la tradition occidentale : pourquoi ne pas parler de « trio » pour désigner cet attelage de 3 organismes ?
On aurait aussi pu parler de « triumvirat ». Il est vrai que, pris au pied de la lettre, ce terme ne signifie pas "Trois organismes" mais "Trois hommes" (par référence à l'alliance conjoncturelle et conflictuelle entre Jules César, Pompée et Crassus en -60 av.JC). Mais c'est un mot qui serait, somme toute, étymologiquement plus approprié pour ce qui nous préoccupe que le mot russe « troïka », qui désigne à l'origine un traîneau tiré par "Trois chevaux".
Or, si le mot « troïka » s'est spontanément imposé dans l'esprit de tous les bureaucrates européistes et des médias qui les servent, c'est parce qu'il fait référence... à l'histoire soviétique du XXe siècle :
- le mot « troïka » est en effet apparu dans le langage politique mondial en 1923, avec la « troïka » Zinoviev-Kamenev-Staline, contre laquelle Trotsky entra en conflit.
- pendant la Seconde Guerre mondiale, la « troïka » désignait le gouvernement tricéphale formé de Staline, son ministre des affaires étrangères Molotov et son chef des services secrets Beria.
- après la chute de Khrouchtchev en 1964, le terme « troïka » fut repris pour désigner Brejnev, Premier secrétaire du PCUS, Kossyguine, Premier ministre, et Podgorny, chef de l'État soviétique.
On doit ainsi remarquer que les « troïkas » sont toujours apparues dans le double contexte d'une dictature implacable et d'une lutte de pouvoir féroce entre des responsables qui s'allient en public mais qui se combattent en privé (ce fut également le cas du "triumvirat" de la la fin de la République romaine).
Dès lors, il est remarquable que l'inconscient collectif de la clique européiste ait conduit tous les médias de la planète à parler de « troïka » pour désigner cet attelage absurde UE-BCE-FMI.
De fait, l'UE, la BCE et le FMI poursuivent tous les trois des objectifs différents, ont tous les trois une légitimité démocratique absolument nulle, et prétendent tous les trois mettre en coupe réglée de façon dictatoriale l'ensemble du continent et des peuples européens. Le mot « troïka » est donc, au fond, fort approprié.
Ma remarque sur ce choix de mot, ô combien sinistre, paraîtra peut-être anodine à certains. Mais je crois que ce serait à tort : car, tout comme les images, les choix sémantiques qui apparaissent spontanément dans le langage quotidien sont plus révélateurs de la réalité d'une situation que ne le sont de longs discours.
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4) PENDANT LES HOSPITALISATIONS,
LA GRÈCE CONTINUE DE S'ENFONCER
DANS L'EURO-HORREUR
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En attendant, ce que la dépêche de presse appelle un « double coup du sort » fait que la Grèce, en quasi-faillite :
- sera représentée par défaut au sommet de Bruxelles par son chef de la diplomatie, Dimitris Avramopoulos,
- ne dispose que d'un ministre des Finances par intérim, George Zannias,
- et n'est pas en mesure de recevoir les envoyés de la sinistre « troïka », et cela pendant peut-être plusieurs semaines.
Ces annulations et impossibilités en cascade arrivent au moment même où la Grèce a un besoin urgent d'une nouvelle aide massive du FMI et de l'UE pour éviter la faillite publique.
En effet :
- le PIB de la Grèce est actuellement en cours d'effondrement, avec une plongée effarante de - 7 % prévue en 2012, d'autant plus effarante qu'elle fait suite à une chute cumulée de - 10,2 % en 2010-2011,
- le chômage atteint OFFICIELLEMENT 22,6 %,
- les caisses de l'État, qui ne règle plus ses factures, seront vides mi-juillet, sauf renflouement d'urgence,
- avec 6,5 milliards d'euros d'arriérés, l'État n'honore plus ses dettes aux fournisseurs locaux, y compris aux hôpitaux. Espérons que le Premier ministre et le ministre des finances paieront les frais de leurs hospitalisations,
- les banques, qui ont subi des vagues massives de retraits, ont perdu plus du tiers de leurs dépôts depuis deux ans ; les euros grecs des grandes fortunes grecques se sont envolés notamment vers l'Allemagne, pour y devenir des créances sur la Bundesbank.
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5) PENDANT LES HOSPITALISATIONS,
LE PEUPLE GREC REFUSE LA DESTRUCTION DE SON PAYS
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Les hospitalisations des deux nouveaux Titans du "redressement-grec-en-rest
Car c'est bien du fait du refus viscéral de toute la société grecque de laisser détruire son pays que la scène politique est en plein chaos depuis des mois et que toutes les réformes exigées par les gangsters en col blanc sont à l'arrêt :
- le programme démentiel de privatisations est au point mort,
- tous les objectifs macroéconomiques fixés dictatorialement aux Grecs par la « troïka » sont désormais complètement hors d'atteinte,
- le mémorandum de l'UE du mois de mai n'est déjà plus qu'une fiction.
Et de surcroît, le gouvernement grec, mandaté par les électeurs sur cette promesse, a posé officiellement samedi ses exigences d'un report minimum de deux ans, à horizon 2016, des objectifs d'assainissement, et d'une remise en cause de mesures prévues dans le mémorandum.
C'est assez dire à quel point la situation de la Grèce est inextricable :
- depuis 2010, c'est une aide de 347 milliards d'euros - deux prêts de 110 et 130 milliards, et un effacement de dette de 107 milliards -, qui ont été accordés à la Grèce, l'équivalent d'une fois et demi son PIB ou de 31 000 euros par Grec.
- un report de deux ans induirait un nouveau prêt, en 2015, de l'ordre de 20 milliards d'euros , la Grèce se retrouvant alors toujours incapable de retourner sur les marchés financiers pour emprunter.
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CONCLUSION : LA TRAGÉDIE GRECQUE CONTINUE
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En quittant le pouvoir en mai dernier, le "premier ministre-dictateur" imposé par Goldman Sachs au peuple grec, Lucas Papademos, avait dressé une liste de 71 points à régler impérativement avant juin pour respecter le mémorandum.
Or, nous voici justement fin juin et, selon un expert européen, il n'y a... qu'environ 10 de ces 71 points qui auraient été effectivement réglés.
En d'autres termes, rien n'est réglé du tout. Et l'impasse est telle qu'elle fait ressortir de nouveau un conflit sourd entre Paris et Berlin sur la façon de la résoudre.
Au fond, personne ne sait comment empêcher cette nouvelle tragédie grecque de se dérouler jusqu'à la destruction finale.
C'est d'ailleurs le principe même de toute tragédie grecque que de se dérouler de façon implacable, en broyant les volontés des hommes, dès lors que le Destin l'a décidé.
Eschyle ou Sophocle n'auraient pas pu trouver de meilleur canevas pour que le coryphée fasse pleurer nos lointains descendants de l'an 4000 sur le sort de la Grèce en ce début de IIIe millénaire.
François ASSELINEAU
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Post-scriptum
L'illustration représente :
- à gauche Thémis, divinité de la Justice
- à droite Némésis, divinité de la Vengeance.
Il s'agit d'un tableau magnifique, réalisé en 1808 par le peintre français néo-classique Pierre-Paul Prudhon, intitulé "La Justice et la Vengeance Poursuivant le Crime". Il fait partie des collections du Musée du Louvre.
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